Sous le Signe de l'Abondance - Journal Vers Demain
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11 Chapitre 26<br />
Les prêts <strong>de</strong> celui-ci, sans déplacement d’or, étaient <strong>de</strong>venus <strong>le</strong>s<br />
créations <strong>de</strong> crédit du banquier. Les reçus primitifs avaient changé<br />
<strong>de</strong> forme, prenant cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> simp<strong>le</strong>s promesses <strong>de</strong> payer sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />
Les crédits payés par <strong>le</strong> banquier s’appelèrent dépôts, ce<br />
qui fit croire au public que <strong>le</strong> banquier ne prêtait que <strong>le</strong>s sommes<br />
venues <strong>de</strong> déposants. Ces crédits entraient dans la circulation au<br />
moyen <strong>de</strong> chèques négociab<strong>le</strong>s. Ils y déplacèrent en volume et en<br />
importance la monnaie léga<strong>le</strong> du souverain qui n’eut plus qu’un<br />
rô<strong>le</strong> secondaire. Le banquier créait dix fois plus <strong>de</strong> circulation fiduciaire<br />
que l’Etat.<br />
L’orfèvre <strong>de</strong>venu banquier<br />
L’orfèvre mué en banquier fit une autre découverte: il s’aperçut<br />
qu’une abondante mise <strong>de</strong> reçus (crédits) en circulation accélérait<br />
<strong>le</strong> commerce, l’industrie, la construction; tandis que la restriction,<br />
la compression <strong>de</strong>s crédits, qu’il pratiqua d’abord dans <strong>le</strong>s cas où il<br />
craignait une course à l’or vers son établissement, paralysait l’essor<br />
commercial. Il semblait, dans ce <strong>de</strong>rnier cas, y avoir surproduction<br />
alors que <strong>le</strong>s privations étaient gran<strong>de</strong>s; c’est parce que <strong>le</strong>s<br />
produits ne se vendaient pas, faute <strong>de</strong> pouvoir d’achat. Les prix<br />
baissaient, <strong>le</strong>s banqueroutes se multipliaient, <strong>le</strong>s emprunteurs du<br />
banquier faisaient défaut à <strong>le</strong>urs obligations et <strong>le</strong> prêteur saisissait<br />
<strong>le</strong>s propriétés gagées.<br />
Le banquier, très perspicace et très habi<strong>le</strong> au gain, vit ses chances,<br />
<strong>de</strong>s chances magnifiques. Il pouvait monétiser la richesse <strong>de</strong>s<br />
autres à son profit: <strong>le</strong> faire libéra<strong>le</strong>ment, causant une hausse <strong>de</strong>s<br />
prix, ou parcimonieusement, causant une baisse <strong>de</strong>s prix. Il pouvait<br />
donc manipu<strong>le</strong>r la richesse <strong>de</strong>s autres à son gré, exploitant<br />
l’acheteur en temps d’inflation et exploitant <strong>le</strong> ven<strong>de</strong>ur en temps<br />
<strong>de</strong> dépression.<br />
Le banquier maître universel<br />
Le banquier <strong>de</strong>venait ainsi <strong>le</strong> maître universel, il tenait <strong>le</strong> mon<strong>de</strong><br />
à sa merci. Des alternances <strong>de</strong> prospérité et <strong>de</strong> dépression se<br />
succédèrent. L’humanité s’inclina sous ce qu’el<strong>le</strong> prenait pour <strong>de</strong>s<br />
cyc<strong>le</strong>s naturels inévitab<strong>le</strong>s.<br />
Pendant ce temps, savants et techniciens s’acharnaient à triompher<br />
<strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> la nature et à développer <strong>le</strong>s moyens <strong>de</strong> production.<br />
Et l’on vit paraître l’imprimerie, se répandre l’instruction,<br />
surgir <strong>de</strong>s vil<strong>le</strong>s et <strong>de</strong>s habitations meil<strong>le</strong>ures, se multiplier et se<br />
perfectionner <strong>le</strong>s sources <strong>de</strong> la nourriture, du vêtement, <strong>de</strong>s agréments<br />
<strong>de</strong> la vie. L’homme maîtrisa <strong>le</strong>s forces <strong>de</strong> la nature, attela la