Sous le Signe de l'Abondance - Journal Vers Demain
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54 Chapitre 11<br />
mum <strong>de</strong> choses nécessaires à la vie. La propriété, même privée,<br />
a une fonction socia<strong>le</strong> à remplir. La propriété d’un bien confère au<br />
propriétaire une sorte <strong>de</strong> gérance <strong>de</strong> son bien en fonction du bien<br />
commun.<br />
Mais il existe aussi nombre <strong>de</strong> biens, nombre <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong><br />
production qui restent propriété commune, dont tous <strong>le</strong>s membres<br />
<strong>de</strong> la société sont copropriétaires au même <strong>de</strong>gré.<br />
De ces biens, <strong>le</strong>s uns sont visib<strong>le</strong>s, concrets. Tel<strong>le</strong>s, dans notre<br />
pays, <strong>le</strong>s forêts <strong>de</strong> la couronne; et <strong>le</strong>s puissantes chutes d’eau alimentées<br />
gratuitement par la force pompante du so<strong>le</strong>il et la configuration<br />
<strong>de</strong>s montagnes. Ces biens-là, à qui appartiennent-ils? Ne<br />
constituent-ils pas un véritab<strong>le</strong> héritage commun, sur <strong>le</strong>s bénéfices<br />
duquel tous ont droit?<br />
Puis, il y a <strong>le</strong>s biens moins visib<strong>le</strong>s, et non moins réels, non<br />
moins producteurs, tels <strong>le</strong>s développements <strong>de</strong> la science appliquée<br />
au cours <strong>de</strong>s sièc<strong>le</strong>s. Nous croyons même que la science appliquée<br />
<strong>de</strong>vient un facteur prépondérant dans l’abondante production mo<strong>de</strong>rne.<br />
Qui donc soutiendra que la science est un bien privé? Il ne<br />
s’agit pas d’ignorer <strong>le</strong>s efforts personnels <strong>de</strong> ceux qui s’instruisent;<br />
mais même l’instruction acquise par une personne lui impose une<br />
obligation vis-à-vis <strong>de</strong> la société, puisque, pour cette acquisition,<br />
el<strong>le</strong> a bénéficié <strong>de</strong> tout l’agencement social qui l’a permise.<br />
Puis, il y a bien, aussi, l’organisation socia<strong>le</strong> el<strong>le</strong>-méme qui,<br />
considérée au simp<strong>le</strong> point <strong>de</strong> vue production <strong>de</strong> biens matériels,<br />
est un facteur très important. Si chaque membre <strong>de</strong> la société <strong>de</strong>vait<br />
vivre isolément et voir entièrement à sa propre subsistance,<br />
la production <strong>de</strong> chacun, la production tota<strong>le</strong> serait immensément<br />
moindre qu’el<strong>le</strong> l’est sous <strong>le</strong> régime <strong>de</strong> la division <strong>de</strong>s occupations,<br />
greffée sur l’organisation socia<strong>le</strong>. L’existence d’une société organisée<br />
augmente donc considérab<strong>le</strong>ment la capacité <strong>de</strong> production<br />
<strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong>. Cette existence d’une société organisée est-el<strong>le</strong> un<br />
bien privé, ou un bien commun dont tous doivent profiter?<br />
Outre <strong>le</strong> droit naturel à la vie, c’est donc aussi à titre d’héritier<br />
<strong>de</strong>s générations passées, à titre <strong>de</strong> copropriétaire d’un bien commun,<br />
<strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> biens communs, que chaque être humain,<br />
membre d’une société constituée, a droit à une certaine quantité<br />
<strong>de</strong> biens.<br />
Le divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong> national<br />
Mais comment, <strong>de</strong> nos jours, se fait valoir un droit aux biens<br />
offerts par <strong>le</strong> mécanisme producteur? Comment, sinon par <strong>le</strong> bil<strong>le</strong>t