annexes (pdf) - Thomas Piketty - Ens
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Annexe J 771<br />
300 000 francs 1 . Le barème applicable aux successions en ligne directe ou entre époux n’a pratiquement<br />
pas été modifié de la loi du 28 décembre 1959 jusqu’au début des années 1980, si l’on excepte le relèvement<br />
par la loi du 27 décembre 1968 du taux marginal supérieur, qui passa de 15 % à 20 % : la fraction<br />
de part successorale comprise entre 0 et 50 000 francs resta passible d’un taux marginal de 5 % et la fraction<br />
comprise entre 50 000 et 75 000 francs d’un taux de 10 %, mais le taux applicable à la fraction comprise<br />
entre 75 000 et 100 000 francs passa à 15 % (au lieu de 10 %), et le taux applicable à la fraction supérieure<br />
à 100 000 francs passa à 20 % (au lieu de 15 %).<br />
En fait, la principale modification législative survenue depuis la loi du 28 décembre 1959 est due à la loi<br />
du 29 décembre 1983, qui créa de nouvelles tranches destinées à frapper les très grosses successions et qui<br />
porta le taux marginal supérieur à 40 %. Ces nouveaux taux, ainsi que les seuils nominaux de ces nouvelles<br />
tranches, n’ont plus jamais été modifiés depuis lors, si bien que le barème applicable aux successions en<br />
ligne directe et entre époux de la fin des années 1990 est toujours celui qui avait été fixé par la loi du 29 décembre<br />
1983 : le taux marginal est de 5 % sur la fraction de part successorale comprise entre 0 et 50 000<br />
francs, 10 % sur la fraction comprise entre 50 000 et 75 000 francs, 15 % sur la fraction comprise entre<br />
75 000 et 100 000 francs, 20 % sur la fraction comprise entre 100 000 francs et 3,4 millions de francs,<br />
30 % sur la fraction comprise entre 3,4 et 5,6 millions de francs, 35 % sur la fraction comprise entre 5,6 et<br />
11,2 millions de francs, et 40 % sur la fraction supérieure à 11,2 millions de francs 2 .<br />
Cette très grande stabilité législative facilite l’estimation des taux moyens d’imposition subis par les très<br />
grosses successions. D’après nos estimations, la succession moyenne du fractile P99,99-100 se situe dans<br />
les années 1990 aux alentours de 50 millions de francs (cf. tableau J-5). En cas de transmission à un enfant<br />
unique, le taux marginal de 40 % s’applique donc à la majeure partie de la succession, et le taux moyen<br />
d’imposition est de l’ordre de 35-40 %. En cas de transmission à plusieurs enfants, le taux moyen<br />
d’imposition peut descendre jusqu’à 30-35 % (voire davantage en cas de famille très nombreuse). On peut<br />
donc estimer que le taux moyen d’imposition infligé aux successions en ligne directe du fractile P99,99-100<br />
est en moyenne de l’ordre de 30-35 % dans les années 1980-1990. Au final, on peut estimer que ce taux<br />
était d’à peine 5 % au début du siècle, de l’ordre de 20-25 % dans l’entre-deux-guerres (voire 30-35 % au<br />
début des années 1920), 30-35 % dans les années 1950, 15-20 % dans les années 1960-1970, et 30-35 %<br />
dans les années 1980-1990.<br />
1. En fait, l’abattement général est actuellement de 300 000 francs pour les héritiers en ligne directe, et de 330 000 francs pour<br />
les époux. L’abattement général dont bénéficient les frères et sœurs remplissant un certain nombre de conditions (cf. supra) est de<br />
100 000 francs, et l’abattement dont bénéficient tous les autres héritiers est de 10 000 francs.<br />
2. En fait, le barème applicable au conjoint survivant est très légèrement moins lourd : le taux de 10 % s’applique de 50 000 à<br />
100 000 francs et le taux de 15 % s’applique entre 100 000 et 200 000 francs (puis les taux marginaux retrouvent les niveaux du barème<br />
applicable en ligne directe). Par ailleurs, les taux proportionnels de 40 %, 50 % et 60 % fixés par la loi du 28 décembre 1959<br />
pour les successions entre frères et sœurs, les successions entre parents jusqu’au 4 e degré et les successions entre non-parents n’ont<br />
été modifiés que de façon relativement mineure : le taux applicable entre frères et sœurs est désormais de 35 % pour les successions<br />
inférieures à 150 000 francs et de 45 % pour les successions supérieures à 150 000 francs, et le taux applicable aux parents jusqu’au<br />
4 e degré est désormais de 55 %.