annexes (pdf) - Thomas Piketty - Ens
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Annexe A 579<br />
1936 était de 1,342 milliard de francs au titre des revenus de 1935 (« Année courante ») et de 107 millions<br />
de francs au titre des revenus de 1934 et des revenus des années précédentes (« Années antérieures ») (cf.<br />
tableau A-8).<br />
Le principal enseignement des chiffres reproduits sur les tableaux A-7 et A-8 est que l’administration<br />
fiscale a atteint dès l’imposition des revenus de 1923 son rythme « moderne » d’émissions de rôles. Cela<br />
n’est d’ailleurs pas très étonnant, puisque c’est également à partir de l’imposition des revenus de 1923 que<br />
des pénalités importantes ont commencé à être imposées aux contribuables déposant leur déclaration en retard<br />
1 . Dès l’imposition des revenus de 1923, le montant des rôles émis au cours de l’année n+2 n’est plus<br />
égal qu’à 4,4 % du montant des rôles émis au cours de l’année n+1, et ce pourcentage déclinera encore<br />
légèrement au cours des années 1920, pour se stabiliser autour de 2 % à partir de l’imposition des revenus<br />
de 1927 (cf. tableau A-7). En outre, la comparaison entre les multiples tableaux « répartition » établis au<br />
cours des années 1920 (cf. tableau A-5) montre que les taux de rehaussement par tranches de revenus ont<br />
pris dès l’imposition des revenus de 1923 la forme caractéristique que nous avons observée pour les périodes<br />
postérieures à la Seconde Guerre mondiale. Pour illustrer ce phénomène, nous avons reproduit sur le<br />
tableau A-6 les tableaux « répartition » établis au 31/12/n+1 et au 31/12/n+2 pour les revenus de 1923, et<br />
nous avons calculé les taux de rehaussement correspondant à chaque tranche de revenu : de même que pour<br />
les revenus de 1949-1950, les taux de rehaussement sont de l’ordre de 4-5 % pour le nombre total de foyers<br />
imposables et le montant de leur revenu imposable total, et de 3-4 % pour le nombre et le montant des revenus<br />
imposables des foyers se situant dans les tranches de revenu les plus élevées. Le niveau et la forme<br />
générale de ces taux de rehaussement sont identiques jusqu’aux revenus de 1929 (avec des niveaux en légère<br />
baisse), dernière année de l’entre-deux-guerres pour laquelle plusieurs tableaux « répartition » ont été<br />
établis à des dates différentes (cf. tableau A-5).<br />
On peut donc considérer que le fait de passer des tableaux établis au 31/12/n+1 aux tableaux établis au<br />
31/12/n+2 implique que les fractiles de hauts revenus des années 1930, tout comme ceux des années 1950-<br />
1960, sont sous-évalués d’environ 2-3 % par rapport aux fractiles de hauts revenus des années 1964-1986<br />
(et au maximum de 3-4 % par rapport aux fractiles de hauts revenus des années 1987-1996). Par contre, il y<br />
a tout lieu de penser que les taux de sous-évaluation sont légèrement plus élevés pour les années de la<br />
Seconde Guerre mondiale. Le tableau A-8 montre en effet que le montant des émissions effectuées au titre<br />
des années antérieures, qui était de l’ordre de 7-8 % du montant des émissions effectuées au titre de l’année<br />
courante dans les années 1930, ont atteint des niveaux de l’ordre de 15-20 % pendant les années 1941-<br />
1945, avant de retrouver des niveaux de l’ordre de 10 % (ou légèrement inférieurs) dès les premières années<br />
de l’après-guerre. Ces chiffres traduisent la désorganisation des services fiscaux pendant les années de<br />
guerre. Cependant, le fait est que les retards dans la confection des rôles induits par la guerre semblent<br />
avoir été relativement limités. Rappelons en effet qu’un taux de l’ordre de 10 % pour les émissions effectuées<br />
au titre des années antérieures (qui regroupent les émissions cumulées effectuées au titre des revenus<br />
de toutes les années précédentes) ne signifie pas que les impositions effectuées durant l’année n+2 représentent<br />
10 % des impositions effectuées durant l’année n+1. Par exemple, dans les années 1930, les impositions<br />
effectuées durant l’année n+2 représentent à peine 2 % des impositions effectuées durant l’année n+1<br />
(cf. tableau A-6), alors que le montant des émissions effectuées au titre des années antérieures atteint 7-8 %<br />
du montant des émissions effectuées au titre de l’année courante. Il en va de même dans les années 1980-<br />
1990 : les émissions effectuées au titre des années antérieures représentent toujours de l’ordre de 7-8 % des<br />
émissions effectuées au titre de l’année courante, niveau autour duquel ce taux s’est stabilisé depuis les années<br />
1950, et ce bien que 99 % des émissions de rôles soient effectuées durant l’année n+1, ce qui s’explique par<br />
le fait que le « titre antérieur » regroupe toutes les émissions résiduelles effectuées au titre des revenus des<br />
années anciennes, et en particulier les pénalités liées au contrôle fiscal et aux redressements 2 .<br />
Enfin, pour ce qui est des années 1920, les chiffres reproduits sur le tableau A-7 montrent que le fait<br />
d’utiliser pour chaque année les derniers tableaux « répartition » qui ont été établis (cf. tableau A-5) permet<br />
de disposer de données brutes à peu près homogènes dès les revenus de 1919, avec des taux de sous-évaluation<br />
relativement limités par rapport aux données brutes des périodes suivantes. Par exemple, le fait<br />
d’utiliser pour les revenus de 1919 le tableau établi au 31/12/n+5 permet de s’assurer que nous prenons<br />
bien en compte l’essentiel des émissions de rôles, et ce en dépit de la lenteur du processus d’émission de<br />
rôles en question (cf. tableau A-7).<br />
1. Ces pénalités élevées ont été introduites par la loi du 22 mars 1924 (cf. Allix et Lecerclé (1926a, tome 2, p. 328)).<br />
2. Nous avons arrêté le tableau A-8 en 1952, mais S&EF a continué de publier la décomposition des émissions entre le « titre<br />
courant » et le « titre antérieur » jusqu’à sa disparition, et une décomposition similaire continue d’être publiée dans les années 1990<br />
(par exemple dans Les Notes Bleues de Bercy) ; ces statistiques indiquent toujours pour le titre antérieur des montants légèrement<br />
inférieurs à 10 % (généralement de l’ordre de 7-8 %) du montant correspondant au titre courant, et ce depuis les années 1950 (le<br />
taux monte parfois légèrement au-dessus de 10 % lorsque des événements particuliers entraînent des retards dans la confection et<br />
l’émission des rôles, comme par exemple lors des grèves des services fiscaux du début des années 1970).