PDF Document - Women Living Under Muslim Laws

Alertes passées
La situation s'est calmée, à présent. Le plus dur est passé. J'ai cessé de prendre des
précautions pour ma sécurité et j'essaie de reprendre confiance ...
C'est le moment de vous remercier, ainsi que tous ceux qui m'ont aidée ... Je reçois
encore des lettres de soutien".
Elle a également accordé une interview au journal sénégalais Wal Fadjri/L'Aurore (7
mars 1996) à Accra, lors d'une réunion internationale sur la presse en mars 1996.
Voici un extrait de cet article.
Zara Yacoub - victime d'une fatwa
Condamnée par une fatwa lancée par les imams tchadiens, elle n'est ni Taslima
Nasreen ni Salman Rushdie. Pendant de longues semaines, Zara Yacoub, une
journaliste de la télévision tchadienne, a vécu dans une atmosphère effroyable
d'intolérance. Sans aucun appui face à la menace lancée contre elle par l'establishment
religieux tchadien, c'est du Sénégal que lui est venu le salut, sous
forme d'une campagne de pressions initiée par des femmes1, campagne qui a
incité le Président Idriss Deby à mettre un terme à ces attaques...
"Wal Fadjri : Donc, pour ainsi dire, au bout d'un mois, le salut est venu du
Sénégal?
Zara : En effet, j'ai reçu un jour un appel téléphonique au cours duquel on m'a
dit que je n'avais pas tort, que je n'étais pas seule, qu'elles allaient faire de leur
mieux pour m'aider, expliquant qu'elles m'enverraient un fax pour me dire
quelles actions elles allaient entreprendre pour me défendre ...
Wal Fadjri : Les connaissiez-vous?
Zara : Non, je ne les connaissais pas. Aujourd'hui, il y a des noms qui me restent,
que je n'oublierai jamais. Je tente de mettre un visage sur ces noms. Quand on
demande à ma famille qui a sorti Zara de "prison", ils parlent de ces femmes
sénégalaises. Je leur suis très reconnaissante, et j'aimerais me rendre au Sénégal
pour leur manifester personnellement ma gratitude.
Wal Fadjri : Comment ont-elles agi?
Zara : Elles ont fait entrer en jeu les réseaux internationaux d'associations de
femmes ou des droits humains dont elles étaient membres ou qu'elles connaissaient,
pour faire pression sur les autorités tchadiennes. Ainsi, des lettres de
soutien m'ont été adressées ainsi qu'aux autorités tchadiennes, lettres qui leur
demandaient de mettre un terme aux persécutions dont j'étais victime. Les
lettres sont venues d'Afrique, d'Europe, d'Amérique, des quatre coins du
monde. Elles étaient adressées au Président et au Ministre de la Justice pour
leur dire qu'ils étaient responsables de ma sécurité. Les gens de la Présidence
m'ont appris qu'en voyant tout cela, le Président a appelé l'Imam et lui a
demandé d'arrêter car l'affaire commençait à échapper à tout contrôle.
Wal Fadjri : Qu'avez-vous ressenti par rapport à cet appui?
Zara : Vous ne pouvez pas vous imaginer ... Tout ceci est arrivé à un moment où
je n'en pouvais plus. J'étais sur le point de craquer. Si je suis ici aujourd'hui, à
Accra, en train de vous parler, je sais à qui je le dois.
Women Living Under Muslim Laws - 191