PDF Document - Women Living Under Muslim Laws
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Inde<br />
ne pouvaient pas non plus séparer dans leur vie communautaire les<br />
secteurs laïque et religieux. Mais quand quelques-unes de ces castes<br />
musulmanes 5 migrèrent du Gujarat à Bombay, au début du dix-neuvième<br />
siècle, elles laissèrent derrière elles beaucoup de leurs traditions. Les<br />
sethia réformateurs (élite masculine) chez les Khoja ismaili shia furent les<br />
premiers à contester le leadership de caste et à entreprendre des efforts<br />
en vue d'éclairer la communauté. Dès la fin du siècle, la nouvelle<br />
génération de réformateurs s'attaqua à l'ignorance de la communauté,<br />
avec, certainement, l'assentiment de l'Aga Khan, dirigeant de la caste.<br />
Voici ce qu'ils disaient de lui.<br />
"Il devrait lui-même aussi encourager sincèrement l'éducation,<br />
pour les hommes et les femmes, ainsi qu'une foi musulmane réelle<br />
chez les Khoja dont les positions, tant laïque que spirituelle, même<br />
maintenant, paraissent très suspectes aux yeux du monde<br />
musulman civilisé" (Dobbin, 1972 ; p. 120).<br />
L'Aga Khan fut prompt à agir, et outre l'éducation, il assouplit les règles<br />
du purdah et écrivit dans ses mémoires : "Je l'ai aboli. Vous ne verrez<br />
jamais, aujourd'hui, une femme ismaili porter le voile" (cité par<br />
Papaneck, 1982 : p. 16) 6 . Parmi les sectes Bohra ismaili shia, les Sulaimini<br />
et les Mahdi Bagh abandonnèrent la pratique du purdah dès la fin du<br />
dix-neuvième siècle (Singh, 1987). Les femmes de la famille Tyabji,<br />
appartenant à la secte sulaimani, abandonnèrent le purdah dès les<br />
années 1890, ce dont la famille tira une grand fierté. Badruddin Tyabji,<br />
premier avocat indien du barreau de Bombay, fréquentait un milieu<br />
professionnel composé presque exclusivement d'européens. Il encouragea<br />
d'abord sa femme à organiser des fêtes zenana regroupant des dames de<br />
différentes communautés. Elle apprit alors des rudiments d'anglais et<br />
commença à rencontrer des femmes européennes. Cependant, la<br />
première à se distinguer en abandonnant totalement le voile fut une des<br />
nièces de l'avocat, Mme Ali Akbar Fyzee, qui se rendit en Angleterre en<br />
1894. Puis en 1898, une autre de ses nièces, Mme Hydari, en fit de même<br />
à Bombay, lors d'une réception donnée par la Parsi Jamshetji Tata. En<br />
tant que pionnier de la modernisation et de l'occidentalisation,<br />
Badruddin Tyabji s'attaqua de façon virulente au purdah et au mariage<br />
précoce, à Bombay, lors de la Mohammadan Anglo-Oriental Conference<br />
en 1903 (Wright, 1976).<br />
Plusieurs autres sectes shia telles que les Khoja, les Sulaimani et les Mahdi<br />
Bagh d'Inde occidentale avaient pris la tête de différents mouvements<br />
5. Ces castes comprennent les Khoja, les Bohra et les Memon.<br />
6. Dans ses écrits sur le purdah, H. Papanek a soulevé la question de savoir si le port<br />
du voile avait jamais été pratiqué chez les Khoja ismaili.<br />
<strong>Women</strong> <strong>Living</strong> <strong>Under</strong> <strong>Muslim</strong> <strong>Laws</strong> - 73