PDF Document - Women Living Under Muslim Laws

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démocratie au Bahrain, la décision de la suspendre de son poste d'enseignante
lui a été formellement notifiée. Le 2 octobre, le Dr. Muhammed al-Ghatam,
le président nouvellement nommé de l'Université de Bahrain, a informé le Dr.
Fakhro de sa décision de la suspendre de son enseignement "jusqu'à ce que la
question soit définitivement réglée". Il n'existe aucun processus d'appel formel
à cette décision.
Le seul grief retenu contre le Dr. Fakhro est l'appui qu'elle a apporté aux femmes et
aux hommes du Bahrain qui ont pacifiquement appelé à la restauration du parlement
bahraini et ont invité les forces de sécurité à mettre un terme à leur violation
des droits de manifestants pacifiques. Tout particulièrement, le Dr. Fakhro a été priée
de retirer son appui à la pétition en six points d'avril 1995, pétition signée par plus
de 300 femmes bahraini. Dans cette pétition, les femmes bahraini exprimaient leurs
préoccupations à propos du recours excessif à la force par les forces de sécurité et
apportaient leur appui au mouvement lancé l'an dernier en vue de la restauration du
parlement. Les signataires en appelaient au gouvernement du Bahrain pour qu'il :
1. S'abstienne d'utiliser des balles réelles pour disperser les manifestants ;
2. Traite les détenus conformément à la loi, en respectant leurs droits
civiques durant les enquêtes, en leur assurant des procès équitables, et en
permettant le retour des exilés ;
3. Assure des emplois aux chômeurs ;
4. Ouvre un débat national en vue de trouver une solution appropriée ;
5. Rétablisse la constitution, organise des élections parlementaires, et restaure
le respect de la liberté d'expression et d'autres libertés civiques ;
6. Permette la participation des femmes à la prise de décision politique et la
pleine utilisation de leurs énergies dans tous les domaines.
Dans la pétition d'avril, le Dr. Fakhro et ses co-signataires ont dénoncé à maintes
reprises le recours à la violence par toutes les parties. Evoquant les actes de violence
attribués à certains manifestants, elles ont exprimé leur "rejet catégorique des
méthodes de terrorisme et de destruction des biens publics".
En dépit de la nature pacifique de leurs revendications, le gouvernement de Bahrain
a cherché à punir les signataires de la pétition, y compris des femmes des milieux professionnels,
dont beaucoup sont des employées des agences gouvernementales. La
plupart ont subi des interrogatoires et il leur a été demandé de retirer leur appui à la
pétition. Tout particulièrement, quelques quatre-vingt-dix femmes, y compris de
nombreuses enseignantes à l'Université de Bahrain et dans écoles publiques, ont été
invitées à signer des déclarations pour s'excuser de leur engagement et promettre de
s'abstenir de toute autre activité publique. Craignant de perdre leur emploi, certaines
ont déjà signé ces déclarations. Au moins deux femmes, Aziza Hamad al-
Bassam, une réalisatrice de Radio Bahrain, et Hessa al-Khumairi, directrice de
l'éducation pour adultes au Ministère de l'Education, ont perdu leur emploi après
qu'elles aient refusé de signer les déclarations par lesquelles elles renonceraient à
leurs efforts pour défendre la démocratie et les droits humains.
Sanctionner le Dr. Fakhro et ses collègues pour avoir exprimé pacifiquement leurs
points de vue est une violation flagrante de l'Article 19 de la Convention
Internationale des Droits Civiques et Politiques, partie intégrante du droit international
liant toutes les nations ; cet Article stipule :
Chacun aura droit à la liberté d'expression ; ce droit comprendra la liberté de rechercher,
de recevoir et transmettre des informations et des idées de toutes sortes, indépendamment
des frontières, oralement ou par écrit, sous forme d'art ou à travers
tout autre support de son choix.
194 - Dossier 14/15