Lettres de Clément Myionnet
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Vous voyez, mon Père, quelle besogne ils ont fait dans l'espace <strong>de</strong> trois jours et<br />
combien il est bon <strong>de</strong> ne pas les quitter. M. Bérard me disait il y a quelques jours : M.<br />
Ladouce m’a menacé une fois <strong>de</strong> me mettre la main sur la figure. S'il avait osé le faire,<br />
je vous réponds qu'il n'aurait pas recommencé une secon<strong>de</strong> fois.<br />
Je ne crois pas, mon Père, qu'il soit pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> me retirer d'ici tant qu'ils y seront<br />
tous les <strong>de</strong>ux. Ils seraient réellement capables d'en venir à <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> fait, au grand<br />
scandale <strong>de</strong> la paroisse. Ils ont un domestique qui bavar<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout ce qui se passe<br />
chez eux, voit la domestique du Curé et, <strong>de</strong> là, ça rayonne dans toute la paroisse.<br />
Un petit mot sur Lille. Là, je suis arrivé au milieu <strong>de</strong> l'orage. Le Supérieur n'était<br />
plus écouté, les <strong>de</strong>ux directeurs ne se parlaient plus. M. Georges, seul était calme.<br />
Qu'est-ce qui avait occasionné cet ouragan ? Un rien, un oui ou un non qui n'avait pas<br />
été dit d'une manière convenable. Vous savez que c'est le ton qui fait la chanson. M.<br />
Blondin est très susceptible. M. Foucaut, qui manque <strong>de</strong> formes parfois, l'avait un peu<br />
piqué. M. Bazile, parfois aussi un peu brisant, croit que c'est en faisant trop sentir qu'il<br />
est le maître, qu'il assouplira les volontés.<br />
Après avoir causé avec tous, ils ont tous convenu qu'ils avaient tort et qu'ils<br />
n'avaient péché que par amour <strong>de</strong> bien faire. Vendredi soir, à la coulpe, ils ont dû se<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pardon d'avoir été un peu trop vifs les uns envers les autres. L'orage doit être<br />
entièrement dissipé.<br />
Je m'arrête ici pour aller à Vêpres. Dans quelques jours, je vous écrirai <strong>de</strong><br />
nouveau. J'en ai bien long à dire sur ce petit voyage <strong>de</strong> Lille. Renvoyez-nous M.<br />
Ladouce le plus tôt possible (1). Comment va sa mère ?<br />
Recevez, mon bon Père, l'assurance <strong>de</strong> ma respectueuse affection.<br />
Comment va M. <strong>de</strong> Lauriston, s'il vous plaît ? (2)<br />
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Votre enfant tout dévoué<br />
Clt <strong>Myionnet</strong><br />
(1) - Phrase un peu ambiguë. Si la retraite <strong>de</strong> Communauté n'était encore si éloignée,<br />
ce pourrait sous-entendre : après elle. Il semble plutôt plausible d'y voir M. Ladouce<br />
partir aussitôt à Paris, près <strong>de</strong> sa mère mourante et emportant avec lui cette lettre.<br />
(2) - M. <strong>de</strong> LAURISTON ne mourra que dans plus d'un an.<br />
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