Lettres de Clément Myionnet

Recevez, cher Père, l'expression de mes sentiments les plus respectueux et les
plus affectionnés.
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Nous n'avons pas retrouvé celle du 1 er juin, voici celle du 8 :
LETTRE 172 au R. P. LANTIEZ
Valloires 8 juin 1884
Mon bon Père,
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Clt Myionnet
L'orage a grondé d'une manière terrible entre les Frères de St-Vincent-de-Paul et
les Frères de Valloires, ou plutôt contre les Frères de St-Vincent-de-Paul car ceux-ci ont
gardé le silence et ont tout entendu sans répondre. Comme cela arrive bien souvent, un
petit nuage, tout petit, apparaît à l'horizon, peu à peu il se charge d'électricité et enfin
l'orage éclate d'une manière formidable.
Hier, je suis allé à Montreuil avec MM. Nansot et Dassesse, qui sont venus pour
deux jours ici. J'ai demandé à M. Desjardin si je pouvais disposer d'un cheval pour la
journée, la moisson n'est pas commencée. Il me l'accorde de la meilleure grâce
possible. Je lui dis que si cela gênait le moins du monde, nous en ferions le sacrifice. Il
va atteler le cheval et nous partons.
Mais pendant le dîner où étaient restés MM. Bercé, Mouroux et Gonnet, voilà M.
Desjardin qui s'emporte contre les Frères de St-Vincent-de-Paul qui étaient un sujet
continuel de dérangement, qu'à tout moment il fallait déranger les chevaux de leur
travail pour aller se promener, aller les chercher à Rue ou les conduire, qu'ils étaient
une source de dépenses continuelles, qu'on serait obligé d'avoir des chevaux à leur
compte, que cela ne continuera pas ainsi, qu'on fera le partage et que les Frères de St-
Vincent-de-Paul auront leur part et les Frères de Valloires, la leur. M. Desjardin a
énuméré tout ce qu’il avait à reprocher aux Frères de St-Vincent-de-Paul, ce que je
connais bien en presque totalité. Mais ce n’était pas en pareille circonstance qu'il devait
le dire, gesticulant, frappant sur la table en répétant plusieurs fois que cela ne restera
pas comme cela.
Mon bon Père, voilà déjà deux fois depuis que je suis ici qu’il s'enflamme sur ce
sujet et qu'il laisse échapper ce qu'il pourrait peut-être bien avoir réellement au fond de
sa pensée. M. Leclerc, en partant, m'a dit la même chose.
Ce matin, je l'ai vu et lui ai fait remarquer son imprudence d'aller dire une pareille
chose devant tout le monde, que c'était à vous, ou à moi, qu'il devait s'en ouvrir, mais
jamais devant les Frères, soit de St-Vincent-de-Paul, soit de Valloires. Il m'a répondu
que, dans ce qu'il avait dit, il n'avait l'intention que de parler du partage des chevaux,