Lettres de Clément Myionnet
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Paul MYIONNET sera ordonné prêtre le len<strong>de</strong>main à Angers. Son oncle lui écrit car il a<br />
voulu faire le sacrifice <strong>de</strong> sa présence. Le R. P. LANTIEZ, en lui écrivant le<br />
surlen<strong>de</strong>main dira qu'il n’a pas voulu priver l'oncle d'une action si héroïque; il nous<br />
révèle en même temps son désir d'envoyer Paul au Canada; 9 mois plus tard le P.<br />
Lasfargues prendra sa place.<br />
LETTRE 155 au P. Paul MYIONNET<br />
Paris le 21 décembre (1883)<br />
Mon cher Paul,<br />
Demain sera un grand jour <strong>de</strong> bonheur pour toi, pour la Communauté, pour ton<br />
pauvre oncle, pour notre famille <strong>de</strong> la terre, pour notre famille du ciel.<br />
Pour toi, ce sera le plus grand <strong>de</strong> tous les bonheurs que l'homme puisse<br />
ambitionner sur la terre. Tu seras le prêtre <strong>de</strong> Dieu, le ministre <strong>de</strong> Dieu, le dispensateur<br />
<strong>de</strong>s grâces <strong>de</strong> Dieu.<br />
Pour la Communauté, elle possé<strong>de</strong>ra un prêtre <strong>de</strong> plus, un prêtre zélé pour le<br />
salut <strong>de</strong>s âmes, un prêtre qui saura s'immoler pour gagner les âmes à Dieu.<br />
Il sera un jour <strong>de</strong> bonheur pour ton pauvre oncle, il sera la réalisation <strong>de</strong> ses<br />
voeux. Maintenant, le Bon Dieu pourra laisser mourir son pauvre serviteur en paix, je<br />
n'ai plus rien à désirer sur la terre.<br />
Bonheur pour notre famille <strong>de</strong> la terre ! Ils seront là les petits et les grands,<br />
agenouillés à tes pieds pour recevoir ta première bénédiction. Ils seront là à la messe<br />
<strong>de</strong> minuit où, pour la première fois, tu distribueras aux fidèles la Sainte Eucharistie, ils la<br />
recevront <strong>de</strong> tes mains... Ici, je m'arrête un instant ( je n'y serai pas ) !<br />
Si le bonheur <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong> la terre sera grand, celui <strong>de</strong> la famille du ciel, quel<br />
sera-t-il ? Ton père, qui t'a obtenu cette vocation si sublime du sacerdoce, comme il te<br />
regar<strong>de</strong>ra du haut du ciel, agenouillé aux pieds <strong>de</strong> l'Évêque consécrateur, quand il<br />
imposera les mains sur toi, invoquant le Saint-Esprit, et te faisant prêtre pour toujours.<br />
Et ton grand-père qui désirait si ar<strong>de</strong>mment voir un <strong>de</strong> ses quatre garçons entrer dans<br />
la milice sacrée, et tous nos autres parents qui nous ont précédés et qui jouissent<br />
maintenant du bonheur éternel !<br />
Mon cher Paul, je ne serai ni à ton ordination, ni à ta première Messe. C'est, je<br />
crois, un sacrifice que je dois faire : la retraite <strong>de</strong> la Sainte-Famille commence samedi,<br />
je dois y être, tu le comprends; je viens d’envoyer plus <strong>de</strong> trois cent lettres d'invitation<br />
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