Lettres de Clément Myionnet

epart le lendemain matin pour Amiens mais la lettre qui suit prouve un arrêt à Lille qui
ne peut être que du 7 octobre.
LETTRE 179 au P. PRADEAUX
Lille, le 6 (7) octobre 1884
Bien cher Frère en N. S.,
Deux ou trois observations que j’avais à vous faire si j'en avais eu le temps ce
matin. Hier soir, j'ai été voir les classes avant de me coucher. J'ai trouvé M. Champy
avec les grands, M. Griselain avec les moyens et M. Lecardinal avec les moins
avancés. Croyez-vous que M. Champy soit de force à bien faire la classe aux grands ?
M. Griselain ne réussirait-il pas mieux ? D'après ce que j'ai vu pendant les quelques
minutes que j’ai passées là, les élèves de M. Griselain ne m'ont pas paru bien forts. Je
laisse ceci à votre appréciation.
Pour l'atelier, le jeune homme qui est là me paraît bon garçon, il peut bien
travailler, mais je ne sais s'il a l'habitude de faire travailler les enfants. Il faut que le
travail de chaque enfant soit constamment vérifié et mis à part afin de connaître la
quantité et la qualité du travail de chacun.
Une autre observation qui vous est toute personnelle, c’est votre langage avec
vos enfants : il est moins trivial qu'autrefois, permettez-moi le mot, mais il en reste
encore trop. Si vos enfants entre eux, ou vos Frères, se donnent des épithètes
semblables, comme vous en donnez à vos enfants, vous ne le supporteriez pas.
J'ai aussi aperçu une boîte pleine de cigares au réfectoire, le jeune Victor fumait
au milieu de nous; vous fumez même quelquefois devant vos Frères pour tenir
compagnie aux étrangers. Je vous en prie, n'introduisez pas les habitudes belges dans
la Communauté et retirez cette boîte de cigares du réfectoire. Pardon, mon bon Frère,
si je vous fais ces observations, mais je crois que le Père Supérieur les aurait faites.
Notre petit Charles a été embarqué ce matin par le train de 8h 50, confié à
l'inspecteur du train qui a été on ne peut plus aimable.
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Votre frère tout dévoué en N. S. J.
Clt Myionnet