Rapport de recherche sur la population itinérante et - Homelessness ...
Rapport de recherche sur la population itinérante et - Homelessness ...
Rapport de recherche sur la population itinérante et - Homelessness ...
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
dépendance par rapport à ces institutions; au début, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s sont différées <strong>et</strong> à me<strong>sur</strong>e<br />
que progresse ce statut d'assistés, les individus en viennent à s'installer puis à revendiquer ce<br />
statut. Il en résulte un rapport <strong>de</strong> dépendance. Ainsi, rendus à ce sta<strong>de</strong>, les assistés ten<strong>de</strong>nt à<br />
se conformer, dans une certaine me<strong>sur</strong>e, avec c<strong>et</strong>te i<strong>de</strong>ntité. Les « marginaux » correspon<strong>de</strong>nt à<br />
ceux qui refusent d'être étiqu<strong>et</strong>és d'« assistés » au risque <strong>de</strong> sombrer dans <strong>la</strong> déchéance. Dans<br />
ce cas, il s'agit d'un rapport <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rait par lequel ces individus organisent leur vie à l'écart <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
société. La « disqualification » est donc « le discrédit <strong>de</strong> ceux dont on peut dire, en première<br />
approximation, qu'ils ne participent pas pleinement à <strong>la</strong> vie économique <strong>et</strong> sociale ».<br />
Ces modélisations du processus <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> marginalisation, considérées sous<br />
l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> désaffiliation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> désinsertion ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> disqualification, nous renvoient à <strong>la</strong><br />
décomposition <strong>de</strong>s liens d'un individu avec l'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> société. Ces auteurs insistent pour<br />
dire que ce processus est un continuum dont l'insertion serait à un pôle <strong>et</strong> l'exclusion à l'autre<br />
pôle. En ce sens, l'utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion d'exclusion, tout comme celle <strong>de</strong> l'itinérance, <strong>de</strong>vrait<br />
être réservée pour désigner <strong>la</strong> limite extrême <strong>de</strong> ce processus.<br />
L'exclusion marquerait le point <strong>de</strong> chute <strong>de</strong> ceux qui cumulent handicaps sociaux <strong>et</strong><br />
individuels, réunissant ainsi les conditions objectives <strong>et</strong> subjectives <strong>de</strong> ceux chez qui<br />
les mécanismes <strong>de</strong> rattrapage ne fonctionnent plus, <strong>de</strong> ceux qui sont en position <strong>de</strong> ne<br />
plus agir ou réagir faute <strong>de</strong> pouvoir reprendre le contrôle <strong>de</strong> leur vie, suite à <strong>de</strong>s<br />
échecs répétés (Roy, 1995 : 76).<br />
Les contours indéfinis <strong>de</strong> l'itinérance<br />
D'un point <strong>de</strong> vue théorique, le phénomène <strong>de</strong> l'itinérance se <strong>la</strong>isse donc difficilement saisir à<br />
travers <strong>de</strong>s désignations parce qu'il n'est pas un problème spécifique ou une caractéristique,<br />
mais bien une condition <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s personnes. L'itinérance se rapporte autant à l'incapacité <strong>de</strong><br />
se loger d'une manière satisfaisante qu'à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> fragilité <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> soutien re<strong>la</strong>tionnel.<br />
Même si ce phénomène semble le produit <strong>de</strong> l'inadéquation <strong>de</strong>s structures <strong>et</strong> <strong>de</strong>s institutions<br />
sociales qui, par leur rigidité, leur immuabilité <strong>et</strong> leurs insuffisances sont responsables <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
marginalisation d'un bon nombre d'individus (Roy, 1988), il ne peut être abordé comme une<br />
réalité linéaire, monolithique <strong>et</strong> ayant seulement une logique interne. Bien au contraire, toutes<br />
les étu<strong>de</strong>s portant <strong>sur</strong> l'itinérance insistent autant <strong>sur</strong> l'hétérogénéité <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong>s individus<br />
que <strong>sur</strong> les facteurs explicatifs. Ce<strong>la</strong> suppose un agrégat <strong>de</strong> logiques individuelles <strong>et</strong> collectives<br />
dont nous ne pouvons suivre tous les filons simultanément.<br />
De plus, nous <strong>de</strong>vons souligner qu'il n'existe pas <strong>de</strong> définition fine <strong>de</strong> l'itinérance. Il existe bien<br />
cependant un foisonnement <strong>de</strong> désignations qui renvoient à autant <strong>de</strong> situations qui aboutissent,<br />
en bout <strong>de</strong> piste, à <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie extrêmement précaires. Contrairement à beaucoup<br />
d'autres problèmes sociaux faisant l'obj<strong>et</strong> d'une intervention, il n'existe à l'égard <strong>de</strong> l'itinérance<br />
aucune catégorie administrative particulière, ni forme spécifique d'intervention, ni approche<br />
standardisée. De plus, les différentes appel<strong>la</strong>tions pour désigner ce phénomène sont en réalité<br />
autant <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue à partir <strong>de</strong> l'une ou l'autre <strong>de</strong> ces dimensions en privilégiant ainsi un<br />
mo<strong>de</strong> d'explication. Diverses théories étiologiques ont proposé <strong>de</strong>s explications alternant entre<br />
<strong>de</strong>s causes d'ordre structurel <strong>et</strong> <strong>de</strong>s facteurs individuels, mais se sont avérées insuffisantes.<br />
80