Inventaire des Paysages de la Haute-Loire - Conseil général 43
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Les forêts du Meygal : écologie, histoire, mo<strong>de</strong>rnité<br />
L’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts est, elle aussi, riche d’enseignements sur l’évolution du paysage au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rnières<br />
décennies.<br />
Ecologie<br />
Pour comprendre le visage <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts du Meygal, <strong>de</strong>ux éléments sont à analyser : les conditions écologiques, sans<br />
lesquelles il est impossible <strong>de</strong> « composer » , et les interventions humaines au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> temps.<br />
Entièrement inscrite dans l’étage montagnard en raison <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong> (<strong>de</strong> 700 à 1 400 m) <strong>la</strong> zone du Meygal connaît <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
conditions climatiques assez restrictives pour le développement <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts. Les températures moyennes sont basses<br />
(8,6°C à Yssingeaux qui est loin d’être <strong>la</strong> station <strong>la</strong> plus froi<strong>de</strong>). L’hiver et en particulier le manteau neigeux persistent<br />
durant 5 mois en altitu<strong>de</strong> (chutes annuelles <strong>de</strong> 2,5 m en moyenne) et les risques <strong>de</strong> gelées tardives sont répétés.<br />
Des vents <strong><strong>de</strong>s</strong>séchants l’été mais aussi froids l’hiver et surtout pouvant évoluer en <strong><strong>de</strong>s</strong> tempêtes violentes soufflent sur<br />
le secteur.<br />
Enfin, <strong>la</strong> pluviométrie n’est pas très élevée vue l’altitu<strong>de</strong> (900 mm/an environ) et ceci s’explique en rep<strong>la</strong>çant le secteur<br />
dans un contexte climatique plus <strong>la</strong>rge : les précipitations d’origine méditerranéenne ou at<strong>la</strong>ntique se déversent plus<br />
volontiers sur les montagnes en amont, massifs ardéchois ou cantaliens. Les zones d’altitu<strong>de</strong> sont toutefois plus humi<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
car s’y ajoutent les effets <strong><strong>de</strong>s</strong> brouil<strong>la</strong>rds.<br />
Les transformations <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages forestiers<br />
L’analyse du passé fait prendre conscience <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique d’un paysage sous le bon vouloir <strong>de</strong> l’homme.<br />
Lointaine est l’époque où probablement l’homme néolithique puis gaulois s’est installé dans les « c<strong>la</strong>irières » du Meygal<br />
et y a vécu d’une économie <strong>de</strong> cueillette et <strong>de</strong> chasse aux dépends <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt.<br />
Depuis, <strong>la</strong> forêt n’a cessé <strong>de</strong> subir les caprices <strong>de</strong> l’agriculteur, du technocrate et du forestier.<br />
Largement défriché, voire décimé, semble-t-il sous Richelieu pour construire <strong><strong>de</strong>s</strong> bateaux, le patrimoine sylvicole<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> région n’a pas été sérieusement préservé au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles passés. La situation après <strong>la</strong> révolution, époque<br />
durant <strong>la</strong>quelle une réelle anarchie et économie <strong>de</strong> l’instant s’étaient instaurées dans les campagnes, a commencé<br />
à préoccuper les autorités lorsqu’elle est <strong>de</strong>venue a<strong>la</strong>rmante sur les « terrains <strong>de</strong> montagne » et ceci avec <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins<br />
croissants en énergie pour l’industrie. Des inondations très graves et un amaigrissement considérable <strong><strong>de</strong>s</strong> sols sous<br />
l’effet du ruissellement <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux sur terrains en pente, ont conduit ces mêmes autorités à mettre en pratique les « lois<br />
<strong>de</strong> restauration <strong><strong>de</strong>s</strong> terrains <strong>de</strong> montagne » .<br />
Dans le Meygal, <strong>la</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> sucs était couverte <strong>de</strong> <strong>la</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong> basses (Lizieux), <strong>de</strong> bois spontanés ou encore <strong>de</strong> pâturages<br />
d’altitu<strong>de</strong> (Testavoyre). Ces terrains, propriétés communales ou sectionnales, ont fait l’objet <strong>de</strong> plusieurs phases <strong>de</strong><br />
reboisement, <strong>de</strong> 1835 à nos jours. Les débuts n’ont pas été sans mal, car non content d’exproprier les collectivités,<br />
l’Etat enlevait aux exploitants une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> leurs terrains <strong>de</strong> parcours, biens chèrement partagés entre <strong>la</strong><br />
communauté.<br />
La forêt, aujourd’hui<br />
Les reboisements du Meygal ont, dans l’ensemble, mieux réussi que ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> région voisine du Mézenc.<br />
Bien que favorisée par un climat moins contraignant, <strong>la</strong> forêt a cependant subi <strong>de</strong> graves dégradations lors <strong><strong>de</strong>s</strong> excès<br />
<strong>de</strong> celui-ci.<br />
Une <strong><strong>de</strong>s</strong> tempêtes les plus virulentes a détruit en 1982, 400 hectares sur un massif <strong>de</strong> 1200 hectares, dont 300 d’un<br />
seul tenant (<strong>de</strong> tels événements s’inscrivent dans l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt, écrite par <strong>la</strong> main <strong>de</strong> l’homme et celle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
nature).<br />
Aujourd’hui, le paysage du Meygal a retrouvé son ambiance <strong>de</strong> c<strong>la</strong>irière et l’équilibre entre les espaces forestiers et<br />
agricoles se maintient tant bien que mal face aux nouvelles données <strong>de</strong> l’économie. Les boisements en « timbre-poste » ,<br />
géométriquement p<strong>la</strong>qués sur <strong><strong>de</strong>s</strong> parcelles agricoles perdant leur vocation, risquent <strong>de</strong> bouleverser cette logique<br />
paysagère.<br />
Toutefois, il semble possible d’augmenter les surfaces boisées sans porter atteinte à cette logique mais en l’utilisant<br />
pour choisir au mieux <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux d’extension en continuité <strong><strong>de</strong>s</strong> massifs actuels. Aussi, <strong>la</strong> forêt fait partie dorénavant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
richesses patrimoniales du Meygal et une mise en valeur pour l’ouverture au public est tout à fait envisageable.<br />
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<strong>Inventaire</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Paysages</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Loire</strong> - d.i.r.e.n. Auvergne