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Inventaire des Paysages de la Haute-Loire - Conseil général 43

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Pour aller plus loin : histoire et évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> forêts du Mézenc<br />

Disparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt<br />

Grignotées au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> temps par les agriculteurs, en particulier au XIX e siècle où <strong>la</strong> démographie a atteint son maximum,<br />

les forêts ont été littéralement décimées sur le p<strong>la</strong>teau du Mézenc. Les <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions <strong><strong>de</strong>s</strong> voyageurs au début du XIX e siècle sont<br />

à ce titre éloquentes.<br />

Le bois <strong>de</strong> chauffage faisait cruellement défaut et c’est <strong>la</strong> terre (et certainement <strong>la</strong> tourbe) séchée qui faisait office <strong>de</strong><br />

combustible.<br />

L’absence <strong>de</strong> couvert forestier dans les secteurs les plus en pente a aussi provoqué une catastrophe écologique : les sols soumis<br />

à l’agression directe <strong><strong>de</strong>s</strong> pluies ont été profondément ravinés et amaigris et sont <strong>de</strong>venus impraticables pour l’agriculture.<br />

Plus en aval, un tel déséquilibre dans l’écoulement <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux s’est répercuté sur le régime <strong><strong>de</strong>s</strong> rivières et a provoqué <strong>de</strong> graves<br />

inondations.<br />

La restauration <strong><strong>de</strong>s</strong> terrains <strong>de</strong> montagne<br />

Au milieu du XIX e siècle, l’administration a pris conscience <strong>de</strong> ces problèmes. Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> post-révolutionnaires, une<br />

véritable économie <strong>de</strong> l’instant s’était instaurée dans ces régions et avait conduit à l’anarchie dans <strong>la</strong> gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses.<br />

Les besoins croissants en matière <strong>de</strong> combustible et <strong>la</strong> protection <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes et <strong><strong>de</strong>s</strong> biens soumis aux inondations sont venus<br />

renforcer <strong>la</strong> nécessité d’une gran<strong>de</strong> opération <strong>de</strong> reboisement.<br />

C’est à cette époque que <strong>de</strong> nombreuses pentes <strong>de</strong> montagne ont été boisées.<br />

En application <strong><strong>de</strong>s</strong> lois <strong>de</strong> 1860 et <strong>de</strong> 1882 (Restauration <strong><strong>de</strong>s</strong> terrains <strong>de</strong> montagne), après expropriation pour « utilité publique » ,<br />

<strong>de</strong>ux campagnes <strong>de</strong> boisement ont été pratiquées dans le Mézenc à partir <strong>de</strong> 1863 (reboisement <strong><strong>de</strong>s</strong> périmètres <strong>de</strong> protection)<br />

et <strong>de</strong> 1886 (série RTM).<br />

P<strong>la</strong>ntations galeries et p<strong>la</strong>ntations <strong><strong>de</strong>s</strong> sommets<br />

A l’aval, le reboisement <strong><strong>de</strong>s</strong> vallées en « forêt galerie » a été effectué pour ralentir l’écoulement <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux et résoudre les problèmes<br />

d’inondations. Il consiste à couvrir les versants <strong><strong>de</strong>s</strong> vallées <strong>de</strong>puis le sommet jusqu’au point le plus bas. Ce type <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntations<br />

a été effectué dans les secteurs plus en aval (Mézenc <strong><strong>de</strong>s</strong> vallées, Forêt <strong><strong>de</strong>s</strong> Côtes <strong>de</strong> Gagne).<br />

Plus à l’amont, l’objectif <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ntations sur les sommets est <strong>de</strong> donner plus <strong>de</strong> fixité aux sols afin <strong>de</strong> rétablir l’utilisation<br />

agronomique <strong><strong>de</strong>s</strong> parcelles dégradées par le ravinement. C’est le type <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntation qui a été pratiqué sur les pentes <strong><strong>de</strong>s</strong> Dômes<br />

(Mézenc, A<strong>la</strong>mbre,...).<br />

En fonction du relief, <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong><strong>de</strong>s</strong> sols, <strong>de</strong> <strong>la</strong> nébulosité locale, différentes essences ont été p<strong>la</strong>ntées. L’épicéa a le mieux<br />

réussi à se maintenir jusqu’à une époque récente.<br />

La prédominance <strong>de</strong> cette espèce dans nos paysages a déclenché un effet <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> justifié par une bonne productivité potentielle<br />

mais conduisant à un appauvrissement <strong><strong>de</strong>s</strong> ambiances forestières : monospécificité, p<strong>la</strong>ntations très serrées et en lignes.<br />

Une <strong>de</strong>uxième phase <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntations sur le Mézenc après <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> guerre mondiale<br />

Après guerre, lors <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> reconstruction mais aussi <strong>de</strong> déprise rurale, une secon<strong>de</strong> phase <strong>de</strong> reboisement a complété <strong>la</strong><br />

première. En 1947, l’Etat a instauré le Fond Forestier National (FFN), une ai<strong>de</strong> financière pour l’acquisition <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>nts visant à<br />

reboiser les terrains privés et communaux. L’exonération d’impôts fonciers pendant trente ans sur les terrains boisés a favorisé<br />

elle aussi <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong> vastes étendues résineuses sur le Mézenc.<br />

A cette époque, l’objectif était <strong>de</strong> reconstituer le patrimoine forestier français et <strong>de</strong> produire du bois. Certains domaines agricoles<br />

n’ayant plus d’exploitants ont été entièrement boisés par exemple autour <strong>de</strong> Chau<strong>de</strong>yrac, près du Lac <strong>de</strong> Saint-Front.<br />

Dernière phase <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntation<br />

Plus récemment, durant les années 1960/70, <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ntations <strong>de</strong> taille plus réduites ont été pratiquées : les p<strong>la</strong>ntations dites<br />

« timbre-poste » disséminées dans le paysage.<br />

Autour <strong>de</strong> 1975/80, le long <strong><strong>de</strong>s</strong> routes les p<strong>la</strong>ntations « pare-congères » ont continué à miter le paysage. Elles ont souvent servi<br />

<strong>de</strong> prétexte pour boiser plus <strong>la</strong>rgement.<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années les p<strong>la</strong>ntations disséminées ont cessé d’être financées et uniquement <strong><strong>de</strong>s</strong> extensions <strong>de</strong> zones déjà boisées<br />

ont été favorisées par <strong>la</strong> politique d’Etat.<br />

La forêt du Mézenc ma<strong>la</strong><strong>de</strong> : l’attaque du ravageur Dendroctonus micans<br />

Depuis quelques années, les peuplements d’épicéas subissent les ravages d’un insecte xylophage : le <strong>de</strong>ndroctone. Ce scolyte<br />

s’attaque à <strong>la</strong> partie inférieure <strong>de</strong> l’arbre et favorise l’imp<strong>la</strong>ntation d’autres parasites. Cette lente dégradation induit un mauvais<br />

état <strong>général</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt. La seule technique efficace est <strong>la</strong> lutte biologique (lâcher <strong>de</strong> prédateurs : Rhizophagus grandis)<br />

Cette attaque <strong>de</strong> ravageur a remis en cause le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> cette forêt et sa composition. Une prise en compte <strong>de</strong> l’aspect<br />

récréatif <strong>de</strong> cette forêt, mais aussi <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur écologique <strong><strong>de</strong>s</strong> milieux, va conduire à <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques plus respectueuses <strong>de</strong><br />

l’environnement et du paysage.<br />

L’avenir<br />

L’Office National <strong><strong>de</strong>s</strong> Forêts mais aussi le Ministère <strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Forêt ont changé leur approche pour ce type <strong>de</strong><br />

forêt d’altitu<strong>de</strong> en adoptant <strong><strong>de</strong>s</strong> pratiques à <strong>la</strong> fois plus écologiques, plus esthétiques et plus durables.<br />

L’effet d’entraînement sur les pratiques privées est prévisible.<br />

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<strong>Inventaire</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Paysages</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Loire</strong> - d.i.r.e.n. Auvergne

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