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Inventaire des Paysages de la Haute-Loire - Conseil général 43

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Les bonnes et les mauvaises terres<br />

La répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> terroirs est étroitement liée aux qualités agronomiques <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes terres.<br />

Quatre critères prévalent pour définir cette qualité.<br />

- l’orientation : en Margeri<strong>de</strong>, en raison <strong><strong>de</strong>s</strong> microclimats « sibériens » en ubac, les rep<strong>la</strong>ts cultivés sont quasiment<br />

toujours tournés vers le Sud.<br />

- <strong>la</strong> fertilité : c’est-à-dire les propriétés chimiques du sol (richesses en certains éléments, tels le phosphore, l’azote ;<br />

acidité, capacité d’échange,...).<br />

Ces propriétés sont étroitement liées au climat mais aussi à <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> roche-mère (roche sous-jacente dont<br />

<strong>la</strong> dégradation forme le sol).<br />

Dans notre cas, <strong>la</strong> désagrégation du granit produit <strong><strong>de</strong>s</strong> sols aci<strong><strong>de</strong>s</strong> et peu équilibrés en éléments fertilisants.<br />

On nomme « arène granitique » le produit <strong>de</strong> cette désagrégation.<br />

- <strong>la</strong> réserve en eau : les sols sableux où l’arène est en p<strong>la</strong>ce ont une faible réserve en eau. Les sols limono-sableux<br />

où l’arène est gélifluée dans <strong><strong>de</strong>s</strong> convois limoneux à blocs ont une meilleure réserve en eau.<br />

- l’aptitu<strong>de</strong> à <strong>la</strong> mécanisation : fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> pente, <strong>de</strong> l’épaisseur du sol et <strong>de</strong> l’abondance d’affleurements rocheux,<br />

ce critère élimine bon nombre <strong>de</strong> terrains en Margeri<strong>de</strong>.<br />

Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> froi<strong><strong>de</strong>s</strong> du quaternaire, les sols ont évolué sous l’effet du gel et du dégel. L’arène granitique,<br />

issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> désagrégation du granit, a été entraînée vers le bas lors <strong><strong>de</strong>s</strong> glissements <strong>de</strong> terrain accompagnant chaque<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> dégel.<br />

Aujourd’hui, en bas <strong>de</strong> pente, les sols sont épais, meubles et pauvres en blocs. Les <strong>la</strong>bours y sont possibles.<br />

Sur les hauteurs <strong>de</strong>meurent <strong><strong>de</strong>s</strong> blocs sail<strong>la</strong>nts résistants à l’érosion, souvent <strong>la</strong>issés en p<strong>la</strong>ce au milieu <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>la</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong> à genêts pâturées.<br />

Le bocage <strong>de</strong> <strong>la</strong> Margeri<strong>de</strong><br />

Les réseaux <strong>de</strong> haies et alignements d’arbres constituent le « bocage » si typique du paysage rural. En Margeri<strong>de</strong>,<br />

on parle plutôt d’alignements ; l’arbre le plus fréquent est le frêne.<br />

Les alignements <strong>de</strong> frênes sont rectilignes.<br />

En automne, lorsque l’herbe commence à se faire rare, on leur « fait <strong>la</strong> feuille » : les rameaux sont coupés et donnés au<br />

bétail comme fourrage. Cette pratique, sans cesse renouvelée, donne aux arbres un aspect très particulier « d’arbres<br />

têtards » . Elle n’est plus aujourd’hui pratiquée par tous les exploitants.<br />

Un système agricole habitué aux pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> déprise<br />

Toute l’originalité du paysage margeridien rési<strong>de</strong> dans cette utilisation optimale <strong>de</strong> l’espace suivant un modèle dicté à<br />

<strong>la</strong> fois par <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions naturelles contraignantes et un héritage historique encore très présent dans le paysage.<br />

L’ancestral système agropastoral est resté inscrit dans l’organisation <strong>de</strong> l’espace agricole. Jadis, il reposait sur une<br />

complémentarité entre <strong>de</strong>ux productions :<br />

- Les cultures céréalières, le seigle, sur les meilleures terres pour faire le pain, base <strong>de</strong> l’alimentation.<br />

-L’élevage du mouton pour <strong>la</strong> vian<strong>de</strong>, <strong>la</strong> <strong>la</strong>ine, et surtout pour son apport <strong>de</strong> fumure sur les terres arables.<br />

Les troupeaux étaient menés par le berger du vil<strong>la</strong>ge sur <strong><strong>de</strong>s</strong> terrains <strong>de</strong> parcours collectifs, vastes <strong>la</strong>n<strong><strong>de</strong>s</strong>, biens <strong>de</strong><br />

toute <strong>la</strong> communauté rurale. La nuit, le troupeau séjournait sur les terres <strong>de</strong> cultures pour les fertiliser.<br />

En Margeri<strong>de</strong>, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté <strong><strong>de</strong>s</strong> terres, à ce système c<strong>la</strong>ssique se superposait un type d’assolement<br />

particulier : l’assolement seigle / pin sylvestre.<br />

L’assolement seigle / pin sylvestre<br />

L’infertilité <strong><strong>de</strong>s</strong> terres poussait les paysans d’une part, à enrichir <strong>la</strong> terre, d’autre part, à varier les utilisations.<br />

Ainsi après quelques années <strong>de</strong> seigle, <strong>la</strong> parcelle était p<strong>la</strong>ntée <strong>de</strong> petits pins. Au bout d’une dizaine d’années, une<br />

éc<strong>la</strong>ircie était pratiquée et produisait du bois <strong>de</strong> chauffage, puis les moutons pâturaient là jusqu’à ce que les pins<br />

soient exploitables. Après leur abattage, <strong>la</strong> parcelle était <strong><strong>de</strong>s</strong>souchée et le seigle rep<strong>la</strong>nté. La pério<strong>de</strong> « forestière »<br />

avait enrichi le sol d’autant plus que les moutons y passaient et pendant <strong>de</strong> longues années <strong>de</strong>ux spécu<strong>la</strong>tions se<br />

superposaient : bois et pâture. (La Margeri<strong>de</strong>, <strong>la</strong> montagne, les hommes source : GACHON L., FEL A. collection<br />

INRA Clermont-Ferrand 1983).<br />

Grâce à ces « réservoirs agricoles » , mis en valeur au gré <strong><strong>de</strong>s</strong> fluctuations démographiques, le paysage margeridien<br />

s’est toujours accommodé <strong><strong>de</strong>s</strong> pério<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> déprise.<br />

Mouvements actuels au début XXI e siècle<br />

Il y a, en ce moment, sur <strong>la</strong> Margeri<strong>de</strong> une pression foncière agricole importante et l’on voit <strong><strong>de</strong>s</strong> terrains anciennement<br />

boisés remis en culture après défrichement. Il est vraisemb<strong>la</strong>ble qu’après <strong>la</strong> tempête <strong>de</strong> décembre 1999 ce phénomène<br />

s’amplifie.<br />

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<strong>Inventaire</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Paysages</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Loire</strong> - d.i.r.e.n. Auvergne

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