Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN
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Encadré 1: Quelques éléments d’histoire du Congo<br />
Histoire ancien<strong>ne</strong><br />
<strong>Le</strong>s peuples Baka, Bakoya, Babongo et d'autresappelés<br />
généralement pygmées par les<br />
Européens et caractérisés par leur petite taille<br />
et leur grande agilité dans le milieu forestieront<br />
probablement été les premiers habitants de<br />
la rive droite du fleuve Congo. Ce fleuve marque<br />
aujourd'hui la frontière entre la République<br />
du Congo (RC, capitale Brazzaville), et la<br />
République Démocratique du Congo (RDC, capitale<br />
Kinshasa). La rive droite du fleuve a ensuite<br />
été touchée par la grande migration des<br />
Bantous, peuples dont l'expansion se serait faite<br />
à partir d'un foyer que l'on s'accorde maintenant<br />
à situer au Cameroun et non plus sur le<br />
plateau des Grands Lacs comme on le pensait il<br />
y a quelques temps. Plusieurs royaumes se constituèrent<br />
alors: le royaume Téké au nord dans<br />
les terres et différents royaumes Kongo sur la<br />
côte et dans le massif du Mayombe.<br />
La colo<strong>ni</strong>sation européen<strong>ne</strong><br />
En 1483, l'explorateur portugais Diego Cao<br />
atteig<strong>ni</strong>t l'embouchure du fleuve Congo. <strong>Le</strong>s<br />
contacts avec les Portugais suscitèrent rapidement<br />
des tensions et la traite des noirs qui suivit<br />
opéra u<strong>ne</strong> gigantesque ponction démographique<br />
qui eut des conséquences sur le<br />
développement sociale, politique et économique<br />
que l'on sait très importantes mais dont on a,<br />
encore aujourd'hui, du mal à mesurer la<br />
portée1 . Au XIXe siècle intervinrent les grandes<br />
explorations africai<strong>ne</strong>s.? A l'époque où Stanley<br />
suivait le cours principal du Congo, Savorgnan<br />
de Brazza remontait le cours de l'Ogoué, explorait<br />
la rive droite du fleuve Congo et atteignait<br />
le Stanley Pool; en 1880, il signait avec un souverain<br />
Téke, le roi Makoko, un traité de protectorat<br />
au profit de la France (1880). <strong>Le</strong><br />
Parlement français ratifia l'accord en 1882, et la<br />
conférence de Berlin (1884-1885) reconnut les<br />
droits de la France sur la rive droite du Congo.<br />
<strong>Le</strong> Congo et le Gabon furent alors réu<strong>ni</strong>s et<br />
placés sous l'autorité de Pierre Savorgnan de<br />
Brazza, devenu commissaire général. En 1891 le<br />
territoire fut nommé " colo<strong>ni</strong>e " du Congo<br />
français. Commença alors u<strong>ne</strong> période sombre<br />
pour les peuples de cette colo<strong>ni</strong>e, qui fut livrée<br />
aux compag<strong>ni</strong>es concessionnaires, chargées<br />
d'exploiter ses ressources, en particulier le<br />
caoutchouc et, dans u<strong>ne</strong> moindre mesure,<br />
l'ivoire. Ces compag<strong>ni</strong>es s'adonnèrent à tous les<br />
excès: réquisitions, pillage systématique des<br />
ressources, travail forcé, brutalités. En 1905, le<br />
procès de deux admi<strong>ni</strong>strateurs convaincu<br />
d'abus, Gaud et Toqué, souleva l'indignation à<br />
la Chambre des Députés de Paris.<br />
L'admi<strong>ni</strong>stration colo<strong>ni</strong>ale lança u<strong>ne</strong> enquête,<br />
mais l'affaire fut rapidement étouffée. En 1910,<br />
Brazzaville devint la capitale de l'Afrique-<br />
Equatoriale française, et les régions explorées<br />
par Brazza furent partagées en deux territoires:<br />
le Gabon et le Moyen-Congo. Pendant la<br />
Première Guerre Mondiale, les Français<br />
recrutèrent un grand nombre de soldats dans le<br />
Moyen-Congo. Ceux-ci participèrent aux combats<br />
en Afrique et en Europe, où ils se distinguèrent<br />
par leur bravoure et leur vaillance. <strong>Le</strong><br />
régime colo<strong>ni</strong>al demeura toutefois inchangé<br />
après le conflit. La construction du chemin de<br />
fer Congo-Océan s'avéra un enfer: sur les 125<br />
000 hommes recrutés de force, 25 000 moururent<br />
d'épuisement, de maladie ou victimes de<br />
mauvais traitements.<br />
Vers l'indépendance<br />
<strong>Le</strong>s conditions d'exploitation de la colo<strong>ni</strong>e<br />
expliquent le développement précoce du nationalisme<br />
au Congo. En 1926, un ancien libéré du<br />
service militaire français, André Grenard Matswa<br />
fonda en France u<strong>ne</strong> association amicale des<br />
originaires de l'Afrique Centrale, chargée de<br />
ve<strong>ni</strong>r en aide aux anciens combattants. Elle se<br />
transforma rapidement en un mouvement de<br />
protestation et suscita un tel engouement que<br />
l'admi<strong>ni</strong>stration colo<strong>ni</strong>ale prit peur et fit incarcérer<br />
Matswa. Ce der<strong>ni</strong>er mourut en prison en<br />
1942, dans des conditions restées obscures. <strong>Le</strong><br />
mouvement se transforma alors en u<strong>ne</strong> Eglise<br />
qui recruta surtout dans son eth<strong>ni</strong>e d'origi<strong>ne</strong> de<br />
Matswa (Lari). <strong>Le</strong> soulèvement de Brazzaville en<br />
1940 permit le ralliement du Moyen-Congo au<br />
Général De Gaulle qui, au même moment, se<br />
dressait contre le régime de Vichy du Général<br />
Pétain. La ville fut alors érigée en " capitale de<br />
la France libre ". <strong>Le</strong> Général De Gaulle confia<br />
l'Afrique Equatoriale Française (AEF) à Félix<br />
Eboué, ancien Gouver<strong>ne</strong>ur du Tchad et premier<br />
admi<strong>ni</strong>strateur d'Afrique Centrale rallié à sa<br />
cause. En 1944, De Gaulle et Eboué réu<strong>ni</strong>rent<br />
CEESP Occasional Papers 2, Janvier 2004