Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN
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Photo 12: Un pêcheur rentre à son campement du bord de lagu<strong>ne</strong>.<br />
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comme u<strong>ne</strong> «prospection» de sa part (terme<br />
consacré par les exploitants pétroliers et forestiers).<br />
En effet, de nombreuses rumeurs courent<br />
sur les réelles ambitions du Conseiller Tech<strong>ni</strong>que<br />
du projet UICN: tun<strong>ne</strong>l en verre sous la lagu<strong>ne</strong>,<br />
achat d’u<strong>ne</strong> portion de rivière, exploitation d’or à<br />
Ngongo, sans oublier le fameux et non moins<br />
i<strong>ne</strong>xistant mercure rouge recherché partout en<br />
Afrique!<br />
A la méfiance et aux suspicions i<strong>ni</strong>tiales s’ajoute<br />
le caractère individualiste des habitants de la<br />
région. Cet individualisme est peut être la conséquence<br />
d’u<strong>ne</strong> succession d’évé<strong>ne</strong>ments historiques,<br />
depuis le colo<strong>ni</strong>alisme jusqu’à la création<br />
d’u<strong>ne</strong> structure socialiste forcée, mais il est sûr<br />
qu’il va à contre sens de l’orga<strong>ni</strong>sation inter<strong>ne</strong><br />
villageoise. <strong>Le</strong> projet, d’autre part, a besoin d’interlocuteurs<br />
représentants et représentatifs de la<br />
population et il n’arrive <strong>pas</strong> à palier rapidement<br />
à l’absence apparente d’orga<strong>ni</strong>sation sociale. Cet<br />
état de fait limite pendant plus d’un an l’impact<br />
des efforts mutuels de commu<strong>ni</strong>cation et fait<br />
perdre à tout le monde énormément de temps<br />
et d’é<strong>ne</strong>rgie. En effet, c’est dans cette période<br />
qu’u<strong>ne</strong> “certai<strong>ne</strong> méfiance” à l’égard du projet se<br />
transforme en “méfiance certai<strong>ne</strong>”. Il est cependant<br />
intéressant de relever que les habitants du<br />
village de Mvandji, ayant u<strong>ne</strong> activité économique<br />
plus régulière et plus importante que les<br />
autres villages et n’utilisant que rarement les<br />
ressources situées à l’intérieur<br />
de la réserve, se<br />
révèlent parmi les moins<br />
farouches opposants au<br />
projet.<br />
«Quels emplois vont ils<br />
nous don<strong>ne</strong>r?» «Quelles<br />
raisons ont ils donc pour<br />
ve<strong>ni</strong>r chez nous?»<br />
«Pourquoi veulent ils<br />
changer notre ma<strong>ni</strong>ère de<br />
vivre?» «Que représente<br />
ce qu’ils nous proposent?»<br />
Des questions<br />
comme celles-ci se<br />
concentrent et forment la<br />
principale raison des difficultés<br />
rencontrées au début du projet: l’incompréhension<br />
mutuelle. <strong>Le</strong>s habitants de Conkouati<br />
<strong>ne</strong> compren<strong>ne</strong>nt <strong>pas</strong> les objectifs, les attributs et<br />
les intérêts recherchés par le projet, et cela<br />
conduit à leur long et musclé refus. Mais le projet<br />
non plus <strong>ne</strong> comprend <strong>pas</strong> ce qui se <strong>pas</strong>se et<br />
quelles sont les raisons profondes de la réticence<br />
des communautés locales. Dès le départ il<br />
demande un effort surhumain aux chasseurs,<br />
aux pêcheurs, aux agriculteurs de Conkouati en<br />
voulant changer du jour au lendemain leurs références.<br />
Il se permet de penser à leur place, de<br />
prêcher que la protection de la fau<strong>ne</strong> et de la<br />
flore est la seule porte ouvrant vers leur salut.<br />
En effet, l’incompréhension mutuelle cache u<strong>ne</strong><br />
raison profonde et particulièrement<br />
logique de friction: la<br />
concurrence pour l’accès aux<br />
ressources naturelles. Malgré<br />
la distance de l’Etat, l’absence<br />
d’orga<strong>ni</strong>sation locale performante<br />
et structurée de façon<br />
«moder<strong>ne</strong>», et malgré la perte<br />
d’autorité du pouvoir tradition<strong>ne</strong>l,<br />
u<strong>ne</strong> gestion courante et<br />
implicite du territoire et des terroirs de chaque<br />
village existe lors de l’arrivée du projet. Cette<br />
gestion des ressources se fait à travers un système<br />
complexe composé de divers concepts liés<br />
Il est logique que le<br />
projet apparaisse très<br />
vite d'abord comme un<br />
concurrent potentiel,<br />
puis comme un<br />
concurrent tout court<br />
CEESP Occasional Papers 2, Janvier 2004