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Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN

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Photo 12: Un pêcheur rentre à son campement du bord de lagu<strong>ne</strong>.<br />

20<br />

comme u<strong>ne</strong> «prospection» de sa part (terme<br />

consacré par les exploitants pétroliers et forestiers).<br />

En effet, de nombreuses rumeurs courent<br />

sur les réelles ambitions du Conseiller Tech<strong>ni</strong>que<br />

du projet UICN: tun<strong>ne</strong>l en verre sous la lagu<strong>ne</strong>,<br />

achat d’u<strong>ne</strong> portion de rivière, exploitation d’or à<br />

Ngongo, sans oublier le fameux et non moins<br />

i<strong>ne</strong>xistant mercure rouge recherché partout en<br />

Afrique!<br />

A la méfiance et aux suspicions i<strong>ni</strong>tiales s’ajoute<br />

le caractère individualiste des habitants de la<br />

région. Cet individualisme est peut être la conséquence<br />

d’u<strong>ne</strong> succession d’évé<strong>ne</strong>ments historiques,<br />

depuis le colo<strong>ni</strong>alisme jusqu’à la création<br />

d’u<strong>ne</strong> structure socialiste forcée, mais il est sûr<br />

qu’il va à contre sens de l’orga<strong>ni</strong>sation inter<strong>ne</strong><br />

villageoise. <strong>Le</strong> projet, d’autre part, a besoin d’interlocuteurs<br />

représentants et représentatifs de la<br />

population et il n’arrive <strong>pas</strong> à palier rapidement<br />

à l’absence apparente d’orga<strong>ni</strong>sation sociale. Cet<br />

état de fait limite pendant plus d’un an l’impact<br />

des efforts mutuels de commu<strong>ni</strong>cation et fait<br />

perdre à tout le monde énormément de temps<br />

et d’é<strong>ne</strong>rgie. En effet, c’est dans cette période<br />

qu’u<strong>ne</strong> “certai<strong>ne</strong> méfiance” à l’égard du projet se<br />

transforme en “méfiance certai<strong>ne</strong>”. Il est cependant<br />

intéressant de relever que les habitants du<br />

village de Mvandji, ayant u<strong>ne</strong> activité économique<br />

plus régulière et plus importante que les<br />

autres villages et n’utilisant que rarement les<br />

ressources situées à l’intérieur<br />

de la réserve, se<br />

révèlent parmi les moins<br />

farouches opposants au<br />

projet.<br />

«Quels emplois vont ils<br />

nous don<strong>ne</strong>r?» «Quelles<br />

raisons ont ils donc pour<br />

ve<strong>ni</strong>r chez nous?»<br />

«Pourquoi veulent ils<br />

changer notre ma<strong>ni</strong>ère de<br />

vivre?» «Que représente<br />

ce qu’ils nous proposent?»<br />

Des questions<br />

comme celles-ci se<br />

concentrent et forment la<br />

principale raison des difficultés<br />

rencontrées au début du projet: l’incompréhension<br />

mutuelle. <strong>Le</strong>s habitants de Conkouati<br />

<strong>ne</strong> compren<strong>ne</strong>nt <strong>pas</strong> les objectifs, les attributs et<br />

les intérêts recherchés par le projet, et cela<br />

conduit à leur long et musclé refus. Mais le projet<br />

non plus <strong>ne</strong> comprend <strong>pas</strong> ce qui se <strong>pas</strong>se et<br />

quelles sont les raisons profondes de la réticence<br />

des communautés locales. Dès le départ il<br />

demande un effort surhumain aux chasseurs,<br />

aux pêcheurs, aux agriculteurs de Conkouati en<br />

voulant changer du jour au lendemain leurs références.<br />

Il se permet de penser à leur place, de<br />

prêcher que la protection de la fau<strong>ne</strong> et de la<br />

flore est la seule porte ouvrant vers leur salut.<br />

En effet, l’incompréhension mutuelle cache u<strong>ne</strong><br />

raison profonde et particulièrement<br />

logique de friction: la<br />

concurrence pour l’accès aux<br />

ressources naturelles. Malgré<br />

la distance de l’Etat, l’absence<br />

d’orga<strong>ni</strong>sation locale performante<br />

et structurée de façon<br />

«moder<strong>ne</strong>», et malgré la perte<br />

d’autorité du pouvoir tradition<strong>ne</strong>l,<br />

u<strong>ne</strong> gestion courante et<br />

implicite du territoire et des terroirs de chaque<br />

village existe lors de l’arrivée du projet. Cette<br />

gestion des ressources se fait à travers un système<br />

complexe composé de divers concepts liés<br />

Il est logique que le<br />

projet apparaisse très<br />

vite d'abord comme un<br />

concurrent potentiel,<br />

puis comme un<br />

concurrent tout court<br />

CEESP Occasional Papers 2, Janvier 2004

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