29.06.2013 Views

Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN

Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN

Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

12<br />

A Conkouati, au début, il n’y a<br />

«rien»…<br />

C’est entre 1990 et 1992 que les documents de<br />

base du programme de gestion des ressources<br />

naturelles du Congo sont rédigés, dans un climat<br />

de fortes tensions socio-politiques parsemées de<br />

troubles meurtriers. <strong>Le</strong> pays sort du commu<strong>ni</strong>sme<br />

et du parti u<strong>ni</strong>que; il a un <strong>pas</strong>sé associatif<br />

restreint, u<strong>ne</strong> expérience<br />

de projets<br />

réduite et des notions<br />

de gestion participative<br />

limitées à la trilogie<br />

“tech<strong>ni</strong>cien - parti<br />

- syndicat”. La protection<br />

de la nature et<br />

l’utilisation durable des écosystèmes sont à mille<br />

lieues des priorités nationales.<br />

Au début des années 90, la Réserve<br />

de Fau<strong>ne</strong> de Conkouati est en<br />

survie, livrée à elle même, et les<br />

habitants de la région <strong>ne</strong> savent<br />

<strong>pas</strong> ce qu'est un "projet"…<br />

<strong>Le</strong> Programme de Gestion et Conservation des<br />

Aires Protégées (PROGECAP) du Fond pour<br />

l’Environ<strong>ne</strong>ment Mondial (GEF) issu du Sommet<br />

Mondial du Développement Durable de 1992<br />

arrive à Brazzaville en 1994. Il a beaucoup de<br />

retard sur son calendrier original et il en prend<br />

encore dans des marchandages et des négociations<br />

complexes liées à de basses questions de<br />

tutelle, de financement, de répartition des tâches<br />

et obligations. La cause en est un mélange de<br />

conflits entre admi<strong>ni</strong>strations, partis politiques et<br />

lobbies économiques qui révèlent un manque de<br />

volonté politique et d’ambition créative au service<br />

de la conservation. <strong>Le</strong>s cinq aires protégées<br />

bénéficiaires du don du GEF au Congo se débattent<br />

dans d’interminables conflits d’influence et<br />

l’u<strong>ne</strong> d’elles, la Réserve de Fau<strong>ne</strong> de Conkouati,<br />

souffre d’autant plus de ces conflits qu’elle se<br />

trouve dans le fief de l’opposition politique au<br />

gouver<strong>ne</strong>ment congolais en place à l’époque.<br />

La Réserve de Fau<strong>ne</strong> de Conkouati— créée en<br />

1980sur u<strong>ne</strong> superficie de 300 000 ha— voit son<br />

origi<strong>ne</strong> dans le souhait de l’Etat congolais de<br />

protéger sa fau<strong>ne</strong> mais aussi, et surtout, dans la<br />

nécessité de protéger sa frontière avec son voisin,<br />

le Gabon. Un arrêté mi<strong>ni</strong>stériel fut pris pour<br />

la créer, mais relativement peu de dispositions<br />

suivirent sur le terrain. En 1989, sous pression<br />

des exploitants forestiers et des prospecteurs<br />

pétroliers, l’Etat choisit même de diminuer de<br />

moitié la surface de la réserve par le biais d’un<br />

autre arrêté mi<strong>ni</strong>stériel. C’est dans cette situation<br />

que le programme GEF i<strong>ni</strong>tie ses activités.<br />

U<strong>ne</strong> de ses premières conditionnalités, stipulée<br />

en 1993, est « l’interdiction d’attribution et de<br />

renouvellement des titres d’exploitation de<br />

quelque nature que ce soit dans les cinq sites<br />

bénéficiaires du don».<br />

Photo 5: L'embouchure de la lagu<strong>ne</strong> de<br />

Conkouati: c'est par là que transite u<strong>ne</strong> grande<br />

partie de la vie aquatique de la Réserve.<br />

<strong>Le</strong>s limites de la réserve et la question de la<br />

légalité de leurs modifications créent des divergences<br />

de vue même au sein du Mi<strong>ni</strong>stère des<br />

Eaux et Forêts en charge des aires protégées.<br />

<strong>Le</strong>s décisions (décrets et arrêtés) sont toutes<br />

prises d’autorité, sans participation <strong>ni</strong> accord des<br />

populations résidentes et sans même u<strong>ne</strong> prospection<br />

de terrain précise. Pour preuve, les<br />

cartes auxquelles ces décisions se réfèrent sont<br />

incomplètes et contien<strong>ne</strong>nt des erreurs assez<br />

graves telles que des limites illogiques par rapport<br />

à la situation du terrain (les rivières<br />

Louvandzi, Ngongo et Lounzala— parallèles sur<br />

les cartes— forment en réalité un triangle).<br />

Sur le terrain, le mélange de conflits n’est <strong>pas</strong><br />

moins enflammé que dans la capitale et l’on<br />

peut comprendre la réticence des populations<br />

locales à l’arrivée de ce “projet”, mot inconnu<br />

jusqu’alors, en constatant du premier coup d’œil<br />

l’abandon qu’elles subissent depuis des années.<br />

Pour exemple, les services tech<strong>ni</strong>ques de l’agriculture,<br />

de la santé et de l’éducation sont<br />

absents ou insig<strong>ni</strong>fiants et depuis la création de<br />

la réserve, en 1980, aucun agent des Eaux et<br />

CEESP Occasional Papers 2, Janvier 2004

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!