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Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN

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Tchim Tchieto est u<strong>ne</strong> expression de langue<br />

Vili. Littéralement, elle sig<strong>ni</strong>fie « notre patrimoi<strong>ne</strong><br />

à tous » et exprime le sentiment d’appropriation<br />

des ressources naturelles et de préoccupation<br />

pour leur conservation des résidents<br />

du Parc National de Conkouati-Douli, en<br />

République du Congo. Stimuler et soute<strong>ni</strong>r ce<br />

sentiment s’est révélé fructueux au delà des<br />

prévisions. Pourtant, la volonté des communautés<br />

locales de gérer leurs ressources a trouvé<br />

des opposants, qui aujourd’hui ont fait<br />

renaître les conflits de plus belle. Cette publication<br />

est u<strong>ne</strong> occasion de réfléchir sur l’histoire<br />

récente de Conkouati, et sur ses raisons de<br />

désespoir et d’espoir …<br />

La Réserve de Fau<strong>ne</strong> de Conkouati a été créée<br />

par l’Etat Congolais en 1980, sans aucu<strong>ne</strong><br />

considération de l’avis des communautés résidentes.<br />

Située dans le sud ouest du pays, à la<br />

frontière avec le Gabon, la réserve couvrait u<strong>ne</strong><br />

superficie origi<strong>ne</strong>lle d’environ 300.000 hectares.<br />

Après plusieurs modifications de ses<br />

limites, elle est devenue en 1999 un Parc<br />

National, d’u<strong>ne</strong> superficie totale de 504 905<br />

hectares. Ce parc est l’un des der<strong>ni</strong>ers sanctuaires<br />

naturels du sud du Congo dans lequel<br />

on peut encore trouver de rares exemplaires<br />

de flore et de fau<strong>ne</strong> endémiques de la région.<br />

Au début des années 1990s, un projet de<br />

conservation et d’utilisation durable des ressources<br />

naturelles des aires protégées congolaises<br />

débuta avec le concours du FEM (Fonds<br />

pour l’Environ<strong>ne</strong>ment Mondial). L’U<strong>ni</strong>on<br />

Mondiale pour la Nature (UICN) prit en charge<br />

la mise en place d’un système de gestion pour<br />

la Réserve da Fau<strong>ne</strong> de Conkouati, qui avait le<br />

désavantage d’être située dans un district<br />

contrôlé par l’opposition politique au régime de<br />

Brazzaville. Dans cet ouvrage on fait référence<br />

à la composante Conkouati du programme FEM<br />

en tant que « projet UICN », qui est le nom<br />

retenu par les résidents jusqu’à aujourd’hui.<br />

Ce n’est qu’après un travail de cinq ans, parsemé<br />

de multiples difficultés, que le projet UICN<br />

et ses partenaires locaux ont pu mettre en<br />

Résumé<br />

place un système de gestion participative des<br />

ressources naturelles. Cela a été le résultat<br />

d’énormes efforts de commu<strong>ni</strong>cation sociale qui<br />

ont, en premier lieu, engendré u<strong>ne</strong> base de<br />

confiance mutuelle et, en second lieu, la collaboration<br />

des parties prenantes à la gestion du<br />

« patrimoi<strong>ne</strong> commun » des ressources naturelles<br />

(médiation patrimo<strong>ni</strong>ale). <strong>Le</strong> système de<br />

gestion participative s’est concrétisé dans la<br />

signature d’u<strong>ne</strong> Charte de cogestion, la mise<br />

en opération d’u<strong>ne</strong> structure pluraliste de gestion<br />

appelée <strong>COGEREN</strong>, l’approbation consensuelle<br />

de l’extension du territoire protégé et sa<br />

désignation en tant que Parc National, la<br />

rédaction participative d’un plan d’aménagement<br />

et de zonage, et la réalisation de plusieurs<br />

accords de conservation des principales<br />

espèces menacées, notamment les lamantins,<br />

les tortues mari<strong>ne</strong>s et le raphia.<br />

Cette publication retrace le contexte et l’appropriation<br />

de la philosophie et des pratiques de<br />

conservation par les résidents de Conkouati,<br />

depuis le début du projet UICN en 1994 jusqu’à<br />

fin 2003. Elle présente le chemin suivi<br />

par les parties prenantes vers un système<br />

fiable de cogestion des ressources naturelles,<br />

en soulignant les leçons apprises ainsi que les<br />

opportu<strong>ni</strong>tés et les obstacles rencontrés. Parmi<br />

ces der<strong>ni</strong>ers, nous décrirons les nouvelles<br />

conditions de travail et la malheureuse régression<br />

vers un système de gestion autoritaire et<br />

répressif, engendrés par des acteurs qui n’ont<br />

<strong>pas</strong> reconnu la légitimité des structures de<br />

cogestion en place. A l’heure de la publication<br />

de cet ouvrage, il est regrettable de constater<br />

que les conflits sont de nouveau à la u<strong>ne</strong>. <strong>Le</strong><br />

seul espoir semble être que les nouveaux<br />

acteurs décident de respecter et appuyer le<br />

rôle du <strong>COGEREN</strong> et que les résidents de<br />

Conkouati veuillent bien s’engager encore dans<br />

la conservation. Seulement alors, le Parc<br />

National serait à nouveau tchim tchieto— leur<br />

patrimoi<strong>ne</strong> à tous.<br />

Tchim Tchieto: Fierté de la Cogestion, C. Chatelain, M. Taty et G. Borri<strong>ni</strong>-Feyerabend 7

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