Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN

Photo 14: De nombreuses réunions rassemblent aussi les jeunes locaux.
24
du projet. Cette méthode est gourmande en
temps mais elle est très efficace. Il vaut mieux
passer cinq fois une heure de discussions informelles
avec des petits groupes différents de
deux ou trois personnes que de passer cinq
heures en réunion formelle avec quinze personnes,
elles même en conflits internes.
Le personnel du projet est logé pendant les dix
premiers mois au village de Ntandou Ngoma,
dans de petites chambres de fortune. Cela permet
une meilleure compréhension de la vie des
villageois ainsi qu’une constante communication
de fond. Le recensement des campements du
pourtour des lacs et de la lagune, dans le cadre
des études socio économiques de base du projet,
se déroule alors que beaucoup d’habitants
de Conkouati sont encore méfiants. Ce recensement
permet d’effectuer un porte à porte très
utile pour la communication et le projet met à
contribution chaque village qui choisit et prend à
sa charge un ou plusieurs habitants du village
chargés d’aider à la collecte des données.
Appelés «animateurs» par les villageois eux
mêmes, ces «relais au village» sont des individus
plus ou moins lettrés, qui pensent que le projet
peut leur apporter plutôt de bonnes choses et
qui participent à l’installation
d’un climat de confiance
indispensable à tous.
RECRUTER DES
PROFESSIONNELS
NATIFS DE LA REGION
Lorsque le projet UICN
démarre son travail, il a le
souci de se constituer une
équipe compétente, capable
de travailler sur le terrain et
acceptée par la population
de Conkouati. Il a la possibilité
d’effectuer des recrutements
en toute indépendance
mais il préfère collaborer
avec le Ministère des
Eaux et Forêt pour la sélection
des candidatures. Il demande à placer à la
tête de ce projet un natif de la région du Kouilou
pour de bien compréhensibles questions de
langues, de culture et d’acceptation locale. Mais
le Ministère de l’époque ne voit pas la chose du
même œil et, après huit longs mois pendant lesquels
le Conseiller Technique Principal de l’UICN
(CTP) travaille quasiment seul, il affecte deux de
ses agents au projet. Ces agents sont mal
acceptés par les populations locales sur le terrain,
font peu d’efforts d’intégration et en viennent
à séquestrer le CTP dans son bureau pour
obtenir de lui de l’argent. 7Ils sont donc écartés
du projet et l’UICN nomme, cette fois unilatéralement,
une personne originaire de la région,
parlant les langues locales, ayant une vision de
la cogestion souhaitable à Conkouati et allant
jusqu’à accepter de démissionner de la fonction
publique pour prendre la direction du projet. Ce
premier Directeur travaille même plusieurs mois
sans salaire, à cause de diverses lourdeurs plus
ou moins volontaires de Brazzaville. Depuis son
arrivée au projet, le dialogue s’intensifie sur le
terrain et c’est grâce à cet homme, à sa vision
du possible et à l’énergie qu’il met dans le travail
que les choses évoluent positivement. 8
CEESP Occasional Papers 2, Janvier 2004