Le COGEREN ne vient pas annuler ni supplanter - IUCN

tradition, dans le sens qu’elle prévoit à la fois
une organisation pragmatique et «carrée» (avec
commission d’organisation, secrétariat, banderoles,
tee-shirts, slogans, etc.) et une dimension
rituelle de tradition (avec serments des chefs,
danses traditionnelles et supplications aux génies
pour la fertilité de ressources naturelles). Ainsi,
la Charte n’est pas un simple texte sur lequel
sont tombés d’accord divers intervenants mais
elle a la prétention de s’inscrire dans l’ordre des
rites, c’est à dire qu’elle doit faire désormais partie
des valeurs de la communauté.
Pour obtenir ce difficile résultat, il ne faut pas
seulement viser la mise en œuvre du programme
de la cérémonie mais il faut aussi viser son
appropriation par la majorité des habitants. En
effet il faut que la mobilisation à l’échelle locale
soit suffisamment forte pour garantir l’inscription
de la valeur “cogestion des ressources naturelles”
dans les répertoires symboliques déjà en
place. Pour cela sont nécessaires des leaders,
des communicateurs/ médiateurs efficaces entre
le monde des valeurs dites traditionnelles et le
monde de la cogestion. Finalement la Charte de
cogestion est signée, en mai 1999, par les représentants
des parties prenantes en jeu: le
Directeur Régional de l’Economie Forestière pour
le compte du Ministre de l’Economie Forestière,
le sous-préfet chef de District de Nzambi et le
Chef de village de Nzambi pour le compte des
collectivités locales de base.
La Charte et le COGEREN sont des résultats très
importants du processus mais des pas encore
plus concrets les ont suivi tels que le développement
d’un plan d’aménagement de l’aire protégée,
un décret de classement et des accords
spécifiques sur l’utilisation de certaines espèces
animales et végétales.
Le Plan d’Aménagement de l’Aire Protégée
Le Plan d’Aménagement de l’aire protégée est
élaboré d’une manière participative. En effet, le
zonage final de l’aire protégée ainsi que le statut
et la vocation de chaque zone sont le fruit du
consensus trouvé entre les diverses propositions
des parties prenantes. Le projet, aidé de consultants
extérieurs, n’a fait que superposer des propositions
pour en tirer le meilleur compromis
possible sur la base du plan de zonage négocié.
Ce plan d’aménagement est adopté lors de la
réunion de classement de la Réserve en Parc
National de Conkouati-Douli tenue du 8 au 9
août 1999 à Pointe Noire.
Au Congo, le classement d’une aire protégée
répond à une procédure du Code Forestier: i)
phase préparatoire avec de nombreuses réunions
au village entre les responsables du projet, les
responsables des services administratifs des
Eaux et Forêts et les communautés locales. ii)
phase de consultation des autres services de
l’Etat concernés par la gestion des ressources
naturelles, ainsi qu’avec les responsables politiques
et militaires de la région. iii) phase de
rédaction par le projet et le service des Eaux et
Forêts d’un projet de classement. iv) réunion de
classement présidée par le Ministre des Eaux et
Forêts chargé des aires protégées.
La réunion de classement du Parc National de
Conkouati-Douli se tient du 8 au 9 août 1999 à
l’Hôtel Zamba de Pointe Noire. Elle est patronnée
par le Ministre de l’Economie Forestière chargé
des aires protégées, assisté par le Préfet de la
Région du Kouilou, le Maire de la ville de Pointe
Noire, le Directeur Général de l’Economie
Forestière et le Directeur du projet UICN
Conkouati. Participent également à cette
réunion, tous les représentants des Comités de
chaque village du parc et de sa périphérie, les
ONGs impliquées dans la protection de la nature
(HELP) ou le développement durable (ANZAS,
UETUNA), les Sous
Préfets de Madingo-Kayes
et de Nzambi, tous les
directeurs régionaux de
la région du Kouilou
(Agriculture et Elevage,
Marine Marchande,
Pêche, Tourisme, Mines
et Energies,
Hydrocarbures,
Administration du territoire),
le Commandant de la
zone militaire numéro
deux, le Directeur de la
Police Régionale ainsi
Le plan d’aménagement n’est
pas un document «pondu» par
le projet.
Il est proposé par le Ministère
en charge des aires protégées,
avec l’aide du projet, après
transcription du résultat de
longues négociations entre
toutes les parties prenantes.
que plusieurs Directeurs Centraux du Ministère
Tchim Tchieto: Fierté de la Cogestion, C. Chatelain, M. Taty et G. Borrini-Feyerabend 39