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PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006

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Fatiha n’entendait pas mettre le nez dans le vieux hammam avant la nuit noire, histoire de<br />

recommencer l’histoire… Il faut dire que les thermes publics sont ouverts de 5 heures du matin<br />

jusqu’à minuit ! Le vieux bain est maintenant exclusivement réservé aux femmes. Moi, je vais dans le<br />

« nouveau », qui doit avoir quelques années, construit pour les hommes. Celui qui n’a fréquenté que<br />

les bains du centre thermal étatique n’a rien vu, car les thermes publics sont autrement marquants, de<br />

par la foule qui s’y presse, de par ses dix bassins qui se vident puis se remplissent alternativement,<br />

de par l’animation qui règne. Le centre thermal est « guindé » à côté. Ici, c’est vraiment le bain du<br />

peuple, mais toutes les classes sociales s’y retrouvent, tous âges confondus, du bambin jusqu’au<br />

septuagénaire (pas au-delà, car la température de l’eau y est vraiment trop élevée pour de grands<br />

vieillards), dans un joyeux mélange de bras, de jambes, les masseurs étirent les membres, les petits<br />

glissent sur le carrelage comme sur un toboggan, les hommes se frottent au gant de crin dans les<br />

couloirs. Toute la journée, on entend une voix rauque lancer un bref appel, avec un haut-parleur, à<br />

intervalle régulier, trop court pour émaner de la mosquée. En voici l’explication : quand le père de<br />

famille sort des thermes, il part chercher sa femme, ses filles, devant l’entrée de l’autre bain ; le crieur<br />

lance alors le nom de la famille afin que ces dames se préparent. Ingénieux ?<br />

Vendredi 12 mai<br />

Petit Journal de printemps kabyle – <strong>Mai</strong> <strong>2006</strong><br />

Décidément, nous n’avons peur de rien : pour rallier Bejaïa, où nous avons l’intention de<br />

passer la prochaine nuit, nous projetons d’emprunter un chemin plus court évitant Sétif, mais<br />

infiniment plus compliqué. Jugez plutôt :<br />

- 1 er car : Hammam Guergour –Bougâa 10 DA<br />

- 2 e car : Bougâa – Aïn Roua 15 DA<br />

- 3 e car : Aïn Roua – Dradra 20 DA<br />

- 4 e car : Dradra – Kherrata 20 DA<br />

- 5 e car : Kherrata – Bejaïa 45 DA<br />

Soit un total de 110 Dinars par personne, sur un parcours qui nous fait découvrir des<br />

paysages grandioses et sauvages, des contrées presque vides d’habitants, du côté de Dradra. Une<br />

anecdote pour le trajet à partir de Dradra. Nous montons dans le fourgon et Souhila remarque :<br />

« c’est un 8-places spacieux, nous allons voyager confortablement ». Chauffeur compris, 9<br />

personnes, maximum autorisé. Les huit passagers sont installés et pourtant le fourgon ne démarre<br />

pas. Arrive un 9 e voyageur, puis une vieille femme et son petit-fils. Ça y est, on est chargé à bloc.<br />

C’est compter sans la soute arrière, qui accueille l’ultime passager. « Finalement, ajoute Souhila,<br />

désabusée, 13 personnes, c’est presque le double de ce que j’avais compté ».<br />

Je suis curieux de voir la frontière linguistique entre pays arabophone et kabylophone. A<br />

Dradra, il y a bien une inscription en berbère sur un garage, mais elle est effacée. En fait, il faut<br />

arriver sur les berges du barrage de Kherrata pour constater le changement : musique kabyle, villes et<br />

villages très peuplés et animés, référence omniprésente à la culture berbère.

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