PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006
PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006
PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Samedi 27 mai<br />
Sur l’invitation de Nacer, jeune éducateur, je visite une de ces écoles à programme français qui<br />
ont proliféré à Tizi Ouzou et sont dans le collimateur du ministère de l’enseignement pour cause de<br />
non-conformité et non-orthodoxie. Je désirais me rendre compte de visu. Ces écoles sont pour la<br />
plupart situées en nouvelle ville, dans de grandes villas aménagées à cet effet. Les effectifs sont<br />
réduits, les frais de scolarité sont élevés et visent une clientèle argentée ; les installations sont plutôt<br />
fonctionnelles, même si les normes de sécurité ne sont pas toujours respectées, le cadre est agréable<br />
et les enfants sont des privilégiés de la société. <strong>Mai</strong>s ce sont aussi des déracinés : pour des petits de<br />
C.P. ou de C.E.1, les références sont … l’euro, la Marseillaise, de quoi devenir schizophrène, dès<br />
qu’on franchit les grilles vers l’extérieur. A la question posée par le maître à une jolie petite tête<br />
brune aux yeux verts : « De quelle nationalité es-tu ? » J’ai vu une lueur d’angoisse et une réponse<br />
bouleversée : « Je parle français donc je suis Français ». On comprend qu’une telle situation ne<br />
peut perdurer mais à qui la faute ? Le sort de ces établissements sera scellé à la rentrée prochaine, ils<br />
ont obtenu un sursis jusqu’en juin. Tous les manuels scolaires proviennent de France. Il faudrait que<br />
les organismes qui les patronnent, le CNED en particulier, panachent leur programme pour respecter<br />
la spécificité de cette enclave de la francophonie, accrochée à ses rêves. Le problème porte plus sur<br />
le respect de l’algérianité des enfants, par des notions d’histoire nationale et non française, par des<br />
mathématiques en langue arabe (mais là, les enseignants sont dubitatifs), que sur l’usage de l’idiome<br />
qui n’est qu’un véhicule de la pensée.<br />
Pour déjeuner, Abdesslem et Nacer m’emmènent au « Restaurant de l’Université », rien à<br />
voir avec le « Resto U », c’est un établissement discret, logé au rez-de-chaussée d’un immeuble, dont<br />
les fenêtres donnent directement sur l’Université de Tizi Ouzou. Particularité : la salle n’y est pas<br />
« familiale », mais à présent, vous savez ce que cela signifie… Je fais mes adieux à mes amis de Tizi,<br />
Abdesslem, Nacer, Nabil, Amine, que je quitte à regret. A quand le retour à Tizi, ville un peu folle,<br />
non-conformiste, au développement anarchique ?<br />
Dimanche 28 mai<br />
Petit Journal de printemps kabyle – <strong>Mai</strong> <strong>2006</strong><br />
Humour : un homme est arrêté à un barrage. Est-ce un vrai, est-ce un faux barrage ? Il est<br />
incapable de distinguer, mais toujours est-il qu’il n’en mène pas large. Les hommes l’interrogent :<br />
« Qu’est-ce que tu penses des terroristes ? » Notre homme : « Ah ! Les terroristes ?? Très bien, des<br />
gens sérieux, intelligents ».<br />
• « Et les policiers ? Qu’est-ce que tu peux dire sur eux ? »<br />
• « Les policiers ? Très bien, les policiers, des gens sensés, qui font leur travail, très<br />
bien, les policiers ! »<br />
• « <strong>Mai</strong>s alors ? Tu te fous de nous ? Tout le monde est très bien, selon toi ? »<br />
• « Ah non !! Moi, je ne suis pas bien, qui ai été assez bête pour me trouver à cet<br />
endroit à cet instant… »