PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006

lutte pour l’indépendance et les Algérois se les arrachent, on les voit assoiffés d’images de leur
passé.
Voici enfin venue l’heure de nous rendre à la réception. Nous nous y rendons en cortège. Les
femmes de la famille sont depuis le matin à pied d’œuvre dans les cuisines de la salle des fêtes, pour
préparer le repas du soir. Appel de Nawel pour leur apporter des sachets de levure chimique, notre
voiture s’abstrait du cortège et bifurque vers le Domaine Bouchaoui (ex Domaine Borgeau, du nom
d’un des plus gros colons d’Algérie), à la recherche d’une épicerie, que nous trouvons face à la vieille
demeure coloniale, au centre des terres, peu après le domaine de la Trappe. Seul changement au
décor, un Fast Food Pizza avoisine la boutique.
Que dire de la réception ? Le marié, son père, les parents les plus proches, accueillent les
invitées sur le parvis de la salle. Elles sont ensuite dirigées vers le grand salon, où officie un DJ
faisant alterner musique arabe et kabyle, chacune y va de son petit tour de danse pour manifester sa
joie, les petits fours et les pâtisseries circulent, la « gazouz » également. Les hommes sont dans un
salon contigu, plus petit. Plusieurs cameramen, professionnels ceux-là, sont chargés de confectionner
la cassette du mariage, genre assez monotone et répétitif auquel on n’échappe pas. La mariée change
de tenue à de nombreuses reprises et c’est l’occasion, chaque fois de faire un tour de salle, au bras
d’une belle-sœur, d’une sœur, ou même du marié…Le nombre de tenues présentées est
proportionnel à la réussite de la cérémonie, la robe blanche avec tulle et couronne occidentale, la
tenue kabyle, la tenue turque, la tenue hongroise, etc. Echange des alliances, découpe du gâteau, toast
(avec « gazouz »), et pendant ce temps, les cadeaux s’amoncellent sur plusieurs tables, ils
meubleront un fourgon entier, ce soir, quand nous quitterons les lieux.
Les cuisines bourdonnent d’activité, le repas, pour trois cents convives est intégralement
préparé par la famille et certaines femmes sortiront de cette épreuve épuisées. Quand le mariage est
organisé au sein de la famille, le manque de place occasionne plusieurs services pour nourrir tout le
monde, et chacun d’entre eux est expédié promptement pour laisser place au suivant. Ici, rien de tel,
la salle est immense et le service est unique, mais l’habitude est gardée de manger ce repas à toute
vitesse, ce qui déconcerte par rapport aux festins de noces français qui s’étirent en longueur. Vers 21
heures, tout est terminé, il ne reste plus qu’à ranger et débarrasser les lieux, pour un repos bien
mérité, mais très court car demain, on reçoit la belle-famille, chez Nawel et Titou, qui possèdent une
grande maison, édifiée petit à petit car la construction coûte cher. On prévoit un repas de 80
couverts, en plusieurs services.
Jeudi 25 mai
Petit Journal de printemps kabyle – Mai 2006
La nuit fut brève à Baba Hacen, banlieue d’Alger, à une quinzaine de kilomètres du centreville.
La maison est effectivement très spacieuse, dans une zone totalement rurale il y a encore
quelques années, sur les terres d’un ancien domaine colonial. Pour y accéder, une rue en pente
vertigineuse, on a l’impression de descendre au fond de l’oued, j’espère que celui-ci a oublié son lit…
Le garage est gigantesque, occupant tout le rez-de-chaussée, il contiendrait facilement six ou sept
véhicules, mais pour l’instant, il est encombré d’un amoncellement d’objets hétéroclites, dont
l’épave de la voiture d’un copain du jeune couple, en attente de la visite d’un expert aux assurances.
Au premier étage, la construction est (presque) terminée, l’agencement est original et le living room