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PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006

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Petit Journal de printemps kabyle – <strong>Mai</strong> <strong>2006</strong><br />

prépare à quitter une fois de plus ce pays que j’aime tant (malgré le ton acerbe de mes critiques).<br />

Comme j’y ai débuté ma carrière professionnelle, c’est ici que je souhaiterais la terminer et y couler<br />

des jours paisibles de retraite, quand l’âge ne me permettra plus de vagabonder. Me fondre dans<br />

cette société, est-ce vraiment irréaliste ?<br />

Avant de regagner une ultime fois la Kabylie pour faire nos adieux aux parents de Fatiha,<br />

nous avons voulu saluer une Sœur Blanche, venue se retirer à Alger. Nous l’avons rencontrée en<br />

Mauritanie, mais elle-même avait connu, jeunes filles, les tantes de Fatiha, quand elles fréquentaient<br />

la « Ruche » d’Azazga et les Sœurs de Djemâa, au début des années 60. Toutes les filles en ont gardé<br />

une marque profonde, dans leur éducation et leur façon de voir la vie, même si cela n’a pas influencé<br />

leur foi, car les Sœurs se défendaient de faire du prosélytisme. Jusqu’à présent, Fatiha est capable de<br />

me ressortir une vieille ritournelle apprise dans son enfance et je suis chaque fois surpris de<br />

l’étendue de son répertoire… et la devise « Sans B.A., pas de joie » a encore de beaux jours devant<br />

elle.<br />

Les Sœurs Blanches disposaient à Saint Charles, à Alger, de grandes possessions, maisons,<br />

chapelle, écoles, jardins. L’Etat les a reprises mais leur a fourni, en échange, une jolie villa à Hydra,<br />

ancienne maternité à l’usage des femmes de militaires, que les Sœurs ont transformée en une agréable<br />

habitation. C’est là que nous retrouvons Sœur Pierrette, après de nombreuses années de séparation<br />

(1993, nous quittons la Mauritanie). Dans le minuscule jardinet,dernier vestige de la grandeur passée,<br />

une monumentale statue de la Vierge, en bronze, trop à l’étroit dans son nouvel environnement.<br />

« Les déménageurs nous ont prévenues que cette fois, c’est son dernier voyage, elle est trop lourde à<br />

déplacer ».<br />

A Djemâa, j’ai voulu vérifier si je pouvais m’orienter aussi bien que mon fils. Aurélien est<br />

revenu voir ses grands-parents en Kabylie en 2005, après une absence de 15 années. En 1990, il avait<br />

huit ans. Quinze ans après, au petit matin, il décide d’aller se baigner à la cascade. Il prend une<br />

serviette, son maillot et file vers la montagne. A travers les petits sentiers escarpés, il a retrouvé tout<br />

seul son chemin et a piqué une tête, avec délice, dans « tamda », le bassin de déversoir de la cascade.<br />

Quant à moi, je me munis d’une bidonnette, accessoire qui a remplacé l’antique cruche en<br />

terre cuite, et me voilà à la recherche de mes souvenirs pour retrouver l’ « anasser », grande source<br />

qui jaillit du flanc de la montagne, au-dessus de tamda. Les explications sont simples : on prend le<br />

chemin de sidi el Makhfi, on dépasse le sentier de sidi Marvous, on commence à descendre, on passe<br />

devant Ghar bou M’Chiche (la grotte du chat, sorte de conduite romaine qui émerge de la montagne),<br />

on se retrouve à un croisement : à l’extrême gauche, le sentier qui suit le torrent, là où mon beau-père<br />

allait se laver, en face, un raidillon qui mène à Djemâa Fiouane, sur la droite du torrent, on peut<br />

poursuivre vers tamda, et à droite en remontant, on se dirige vers l’annasser. Et j’ai retrouvé tous<br />

mes repères ! Quel bonheur de pouvoir tremper ses pieds dans le torrent glacé ! la source est<br />

toujours abondante et limpide, elle bouillonne car l’eau sourd par en dessous. J’y remplis mon<br />

jerricane. A tamda, une bande d’ados vient se rafraîchir, avec force galipettes et plongeons. <strong>Mai</strong>s j’ai<br />

moins de mérite qu’Aurélien, j’y suis allé de nombreuses fois, tout seul ou en groupe, il y a plus<br />

longtemps, c’est vrai.

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