PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006
PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006
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Mardi 2 mai<br />
Vol sans histoire. Escale de deux heures à Roissy. Parmi les passagers en salle d’attente,<br />
beaucoup d’étrangers, Français, Allemands, Canadiens, et très peu d’Algériens. Il est vrai qu’il s’agit<br />
d’un vol Air France, mais je note une nette évolution par rapport à mes deux voyages précédents,<br />
2005 mais surtout 2003, où les étrangers se comptaient sur les doigts de la main…<br />
Houari Boumedienne, destination finale, est atteint dans les temps, midi trente heure locale.<br />
Dehors, température étouffante, 32°, pour qui vient du Nord. L’aérogare grouille de monde, deux<br />
avions nous ont précédés, en provenance d’Arabie Saoudite, avec leur lot de pèlerins de retour de la<br />
« omra1 ». Que des petits vieux et des petites vieilles, dans des tenues immaculées, de la tête aux<br />
pieds, même les chaussures et les chaussettes sont blanches. Par contre, aux bagages, ça se<br />
complique. Un seul tapis roulant officie, qui fait un long serpent ondulant sous les pancartes de<br />
toutes les provenances, si bien qu’on pourrait voir une bonbonne d’eau sainte de Zem-Zem voisiner<br />
avec un carton de bouteilles de J&B….<strong>Mai</strong>s l’ambiance est bon enfant, on recherche son bagage sans<br />
impatience. Il paraît que le nouvel aérogare sera livré fin juillet, alors l’ancien finit ses jours<br />
paisiblement et ses installations laissent un peu à désirer.<br />
Enfin, nos trois valises et sac sont repérés. Les chariots ont tous été pris d’assaut, mais<br />
qu’importe, nous ne sommes pas si lourdement chargés. La douane est franchie sans douleur, le<br />
fonctionnaire me fait signe de passer avant que j’aie eu le temps de poser mes bagages sur le<br />
présentoir.<br />
Dehors, une foule immense nous attend, des youyous stridents vrillent nos oreilles, mais<br />
évidemment toutes ces manifestations ne nous sont pas destinées, elles s’adressent aux pèlerins. Les<br />
familles sont parquées de l’autre côté des barrières, et si on les rejoint, on se fond dans la masse. Il<br />
faut d’abord être repéré par les siens, quand on marche à découvert, pour pouvoir être happé par<br />
eux. Or je ne vois ni Boussad, remarquable par sa taille et sa grosse moustache2, ni Katalin, repérable<br />
par sa blondeur. Je sors mon portable, compose le numéro de Boussad, ça ne répond pas. J’appelle<br />
alors Souhila en Kabylie pour savoir s’il n’y a pas eu de contretemps et à l’instant précis où elle<br />
décroche, Fatiha me dit que Boussad lui fait des signes! Sauvés !!<br />
Ils étaient juste au deuxième rang et nous attendaient depuis un bon moment. Retrouvailles.<br />
Le départ pour Djemâa est repoussé au lendemain car la voiture a eu une fuite de freins suite à un<br />
réglage trop serré ; il ne serait pas prudent de prendre la route dès cet après-midi. Direction Baïnem,<br />
par la traversée d’Alger enveloppée d’une brume de chaleur. L’oued El Harrach sent toujours aussi<br />
bon. Bab El Oued, Bologhine, Pointe Pescade, Bains Romains, autant de noms familiers, la corniche<br />
ouest ne change pas autant que la partie est de la capitale. Nous passons devant le « château de la<br />
belle au bois dormant » accroché aux rochers, les piliers de soutènement battus par les flots, et j’ai<br />
une petite pensée pour Bastien qui rêve toujours de restaurer, pour en faire un lieu de vie, cette<br />
bâtisse coloniale qui ouvre ses grandes fenêtres vers nous tels des yeux d’aveugle béants, comme<br />
1 Le pèlerinage à la Mecque.<br />
Petit Journal de printemps kabyle – <strong>Mai</strong> <strong>2006</strong><br />
2 Vous souvenez-vous, les enfants, que vous l’aviez baptisé « Tonton Boustache » ?