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PETIT JOURNAL DE PRINTEMPS KABYLE Mai 2006

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convivial. Le second est en projet, quand les fonds arriveront. La façade extérieure n’est pas du tout<br />

finie, si bien que la belle-famille de El Houcine a eu une petite sueur froide en voyant le chantier. Elle<br />

a été rassurée en parvenant au premier palier et la belle-mère s’est exclamée : « C’est comme en<br />

France ! ».<br />

Faire la cuisine pour tant d’invités relève de la haute voltige, car les installations n’ont pas la<br />

fonctionnalité de la veille. En outre, il est impensable de servir les mêmes mets, il faut donc tout<br />

reprendre à zéro : poivrons grillés à la tomate, piments frits arrosés d’huile d’olive. Des monceaux de<br />

galette ont, heureusement, été préparés par la voisine. Chorba au mouton. Boulettes de bœuf et osso<br />

bucco d’agneau. « L’ham lahlou58 ». Il est de tradition de servir beaucoup de viande dans les fêtes.<br />

Salade verte. Fruits (en quantité insuffisante par ma faute, car je n’arrive pas à me faire aux normes<br />

en vigueur dans ce genre de festin où tout doit déborder d’abondance). Pâtisseries et café.<br />

Très tôt ce matin, nous sommes partis faire le marché de la viande à Chéraga. Au retour, au<br />

niveau d’un dos d’âne, un de ces innombrables ralentisseurs qui rendent la conduite encore plus<br />

dangereuse et soumettent les suspensions des véhicules, déjà épuisées, à rude épreuve, j’observe une<br />

curieuse scène : les autos roulent au pas, du côté gauche une jeune femme profite du ralentissement<br />

pour faire la manche tandis que sur le côté droit, un fauteuil roulant sur lequel gît un corps prostré et<br />

sans âge finit d’encadrer étroitement la voie pour mieux attirer la compassion. L’Algérien a le cœur<br />

sur la main et on est déconcerté de voir à quel point il est facile de déclencher chez lui un geste de<br />

générosité, alors que tout est fait pour l’arnaquer. Voyant la scène, mon compagnon de route s’est<br />

contenté de hocher la tête : « Elles sont connues, ces deux-là et elles voyagent beaucoup, la semaine<br />

dernière, elles opéraient à Sétif. ». Quelques jours auparavant, j’avais été choqué par une photo dans<br />

un quotidien, montrant une fillette d’une douzaine d’années, à demi nue et handicapée, qui<br />

accompagnait un texte implorant une aide pour pouvoir l’opérer.<br />

Le repas du soir est restreint à la famille proche, nous étions quand même une bonne<br />

trentaine, ce qui a donné l’occasion d’une photo de famille mémorable, dont j’avais lancé l’idée. Pour<br />

que tout le monde y figure, nous étions concentrés dans un espace étroit, les petits accroupis devant,<br />

puis un rang assis, d’autres debout derrière et enfin, les plus intrépides grimpés sur le canapé. <strong>Mai</strong>s<br />

voilà que débouche d’un salon voisin, au dernier moment, juste avant le déclic fatidique, un membre,<br />

éminent, de la famille, qui s’assoit, tout naturel, à l’extrémité hors champ de la photo. Pas question<br />

de le déplacer, ni de le faire asseoir en tailleur…Deux clichés deviennent nécessaires. Je prends le<br />

premier sur la gauche, avec le dernier venu dans le champ de mire et, … catastrophe, j’entends le<br />

bruit du rembobinement automatique de la pellicule. J’ai zappé une bonne moitié de la famille, dont<br />

Fatiha !! Consternation de ma part, éclat de rire de l’assemblée. Heureusement, le numérique est<br />

venu à mon secours et d’autres clichés ont été pris de cette pose historique.<br />

Vendredi 26 mai<br />

Petit Journal de printemps kabyle – <strong>Mai</strong> <strong>2006</strong><br />

Une dernière nuit à Baïnem. Cette fois-ci, je sens bien que notre séjour se termine, le compte<br />

à rebours a commencé ; la photo d’hier a été le déclenchement du processus de séparation et je me<br />

58 Viande sucrée : du mouton caramélisé dans le jus des pruneaux, des abricots, décoré d’amandes et aromatisé à l’eau<br />

de fleur d’oranger.

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