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Pratiques urbaines dans les quartiers populaires de la ville ...

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un manque <strong>de</strong> temps, d'expérience et <strong>de</strong> moyens financiers et humains pour avoir une certaine distance réflexive<br />

sur <strong>les</strong> orientations prises. Les fail<strong>les</strong> <strong>urbaines</strong> qui caractérisent Tunis sont graduellement i<strong>de</strong>ntifiées mais <strong>les</strong><br />

différents acteurs investis peinent à coordonner leurs diagnostics - qui parfois se répètent – et à développer une<br />

vision d'ensemble. En ce qui concerne <strong>la</strong> <strong>ville</strong> européenne, on remarque une difficulté à déterminer le vrai statut<br />

<strong>de</strong> ce tissu et une indétermination <strong>dans</strong> l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> son appartenance au noyau central. La volonté<br />

initiale <strong>de</strong> séparer le tissu colonial <strong>de</strong> <strong>la</strong> Médina reflète le conflit i<strong>de</strong>ntitaire encore existant après l'indépendance<br />

face à une <strong>ville</strong> duale que <strong>les</strong> tunisiens ont encore du mal à <strong>la</strong> dissocier <strong>de</strong> sa symbolique conflictuelle. Tout le long<br />

<strong>de</strong> cette première partie, <strong>la</strong> <strong>ville</strong> européenne ressort <strong>dans</strong> <strong>les</strong> discours <strong>de</strong>s acteurs comme mise à partie et ce pour<br />

diverses raisons et situations comme le bon état re<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> sa structure urbaine en comparaison aux autre parties <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>ville</strong>, l'intérêt trans<strong>la</strong>té à <strong>la</strong> périphérie ou encore <strong>les</strong> différentes difficultés <strong>de</strong> sa restructuration. La dualité<br />

existante entre le tissu européen et <strong>la</strong> Médina n'a fait que semer un certain flou décisionnel <strong>dans</strong> ces discours sur le<br />

statut <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie coloniale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong>, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>çant tantôt comme une entité longuement favorisée qui ne nécessite<br />

pas d'intervention, tantôt comme <strong>dans</strong> une situation certes critique mais non d'urgence d'intervention.<br />

La <strong>de</strong>uxième étape <strong>de</strong> l'analyse qui couvre <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1988 à 2010 marque un changement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> politique urbaine basée sur l'ouverture <strong>de</strong>s marchés tunisiens, leurs privatisation et leur<br />

internationalisation. Ce<strong>la</strong> coïnci<strong>de</strong> avec l'entrée au pouvoir <strong>de</strong> l'équipe l'ancien prési<strong>de</strong>nt déchu Ben Ali qui<br />

marte<strong>la</strong>it - à cette époque - un discours basé sur <strong>les</strong> thèmes <strong>de</strong> valorisation, <strong>de</strong> décentralisation, <strong>de</strong> participation<br />

citoyenne et <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> l'initiative privée et qui - d'un autre côté - appliquait une perspective axée sur le<br />

city-marketing, basée sur <strong>de</strong>s pratiques fortement internationalisées dont <strong>les</strong> investisseurs étrangers sont au cœur<br />

du processus décisionnel. Une mise en p<strong>la</strong>ce d'une nouvelle politique urbaine en découle, préconisant d'une part, <strong>la</strong><br />

construction du neuf et <strong>la</strong> prolifération <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> centralités et s’appuyant, d'autre part, sur une logique <strong>de</strong><br />

muséification <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie bonifiée du tissu ancien du centre <strong>ville</strong> à <strong>de</strong>s fins stratégiques, l'utilisant comme une<br />

vitrine pour l'attrait touristique et le présentant comme un objet urbain à préserver. Ce modèle du grand projet,<br />

caractérisé par <strong>de</strong> forts investissements internationaux et une sophistication <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> production, intègre<br />

<strong>les</strong> logiques du marché néolibéral et s'oriente vers un certain partage <strong>de</strong>s pouvoirs <strong>de</strong> l'état au sein <strong>de</strong> partenariats<br />

avec <strong>de</strong> nouveaux acteurs privés, jouant ainsi avec <strong>les</strong> limites <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d'actions publiques non démocratiques<br />

d'un pouvoir en p<strong>la</strong>ce caractérisé par son centralisme et <strong>la</strong> hiérarchisation <strong>de</strong> sa p<strong>la</strong>nification urbaine.<br />

La gouvernance urbaine choisie en Tunisie a progressivement poursuivie une gestion centralisée et autoritaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

capitale tout en renouve<strong>la</strong>nt <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s d'actions publiques avec une certaine efficacité au niveau <strong>de</strong>s réalisations.<br />

De là découle une cohabitation assez paradoxale entre un autoritarisme étatique et avec une construction d'actions<br />

collectives et <strong>de</strong> pouvoir partagé. Les discours et <strong>les</strong> dispositifs institutionnels ont certes évolués vers une vision plus<br />

globale et plus p<strong>la</strong>nifiée, mais <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> négociation ne faisait que butter sur <strong>la</strong> permanence<br />

et <strong>les</strong> réflexes d'une prise <strong>de</strong> décision sectorielle, restreinte, et hiérarchisée. Malgré <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s bailleurs <strong>de</strong><br />

fonds internationaux qui incitent à ouvrir davantage le jeu <strong>de</strong> <strong>la</strong> négociation et à <strong>la</strong> décentralisation, <strong>la</strong> gouvernance<br />

démocratique n'est toujours pas assurée <strong>dans</strong> <strong>les</strong> pratiques <strong>urbaines</strong> <strong>de</strong> Tunis, p<strong>la</strong>çant <strong>les</strong> directions <strong>de</strong> gestion<br />

urbaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ville</strong> en général et <strong>de</strong> l'hypercentre en particulier <strong>dans</strong> une perspective hiérarchisée, non col<strong>la</strong>borative<br />

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