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— Possible, mais j’imagine – en fait, nous le pensions tous à l’époque – qu’elle avait été<br />
tuée plus tard. Jacko n’<strong>au</strong>rait pas eu le temps de…<br />
Elle se tut brusquement.<br />
— Vous semblez demeurer sous l’impression que Jacko l’a tuée. Or, <strong>ce</strong> n’est plus le cas.<br />
Dans <strong>ce</strong>s conditions, la victime <strong>au</strong>rait très bien pu être morte à <strong>ce</strong> moment.<br />
— Je le suppose…<br />
— Dès votre départ de « Sunny Point », vous êtes rentrée directement chez vous ?<br />
— Oui. Ma logeuse m’a même adressé la parole à mon arrivée.<br />
— Bien. Et avez-vous rencontré quelqu’un sur votre chemin ? Je veux dire près de « Sunny<br />
Point ».<br />
— Je ne le pense pas. (Le front de Gwenda se plissa.) À la vérité, je ne m’en souviens pas<br />
exactement, maintenant. Il faisait froid, la nuit était tombée et le chemin se termine en culde-sac.<br />
J’ai l’impression de n’avoir vu personne jusqu’à l’<strong>au</strong>berge du Lion Rouge. Plusieurs<br />
individus allaient et venaient dans <strong>ce</strong>s parages.<br />
— Aucune voiture n’est passée devant vous ?<br />
Une courte hésitation et la jeune femme répondit :<br />
— Ah ! il me revient qu’une <strong>au</strong>to m’a éclaboussée <strong>au</strong> passage. Même, j’ai dû nettoyer ma<br />
jupe chez moi.<br />
— Quel genre de voiture ?<br />
— Aucune souvenan<strong>ce</strong>. Je sais seulement qu’elle m’a presque frôlée à l’entrée de notre<br />
allée. Peut-être son conducteur se dirigeait-il vers l’une des maisons du voisinage ?<br />
Sans transition, Huish interpella Leo de nouve<strong>au</strong> :<br />
— Un point encore, monsieur Argyle : aviez-vous la moindre idée du mariage de votre<br />
fils ?<br />
— Nullement ! Quand la femme de Jacko s’est présentée, dès le lendemain du crime, j’ai<br />
éprouvé un grand choc. Miss Lindstrom est venue me trouver et m’a dit : « Il y a une jeune<br />
personne <strong>au</strong> rez-de-ch<strong>au</strong>ssée qui prétend être l’épouse de Jacko. Ce ne peut être vrai ! » Elle<br />
était <strong>au</strong>ssi bouleversée que moi ! N’est-<strong>ce</strong> pas, Kirsty ?<br />
— Il m’était impossible de la croire ! répondit la gouvernante. Je le lui ai fait répéter à<br />
deux reprises avant d’aller prévenir Mr Argyle. Inouï !<br />
Huish se tourna vers Hester :<br />
— Miss Argyle, voulez-vous me rappeler <strong>ce</strong> que vous avez fait après le thé ?<br />
— Je ne m’en souviens pas, répondit la jeune fille, toujours renfrognée. Comment le<br />
pourrais-je après deux ans ?<br />
— Elle m’a aidée à laver les tasses et la théière, intervint Kirsten. Hester devait sortir un<br />
peu plus tard et assister à une représentation <strong>au</strong> théâtre de Drymouth.<br />
Pour sa part, Hester ne semblait guère disposée à collaborer :<br />
— Pourquoi insister ? dit-elle à Huish. Tout n’est-il pas déjà inscrit dans votre carnet ?<br />
— Tout ? Sait-on jamais ? répondit posément le policier.<br />
— Miss Argyle, veuillez préciser l’heure à laquelle vous avez quitté la maison.<br />
— À dix-neuf heures environ.<br />
— Avez-vous entendu l’altercation entre Mrs Argyle et votre frère ?<br />
— Non. À <strong>ce</strong> moment, j’étais <strong>au</strong> premier étage.<br />
— En revanche, vous avez vu Mrs Argyle avant de sortir ?<br />
— Oui. J’étais à court d’argent et je me suis souvenue qu’il ne restait pas assez d’essen<strong>ce</strong>