Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
CHAPITRE XVII<br />
— Vous déplairait-il que je reste un moment <strong>au</strong>près de vous, père ? demanda Micky.<br />
— Nullement. Je serai même ravi. Êtes-vous satisfait de votre emploi ?<br />
— Oui. Et je viens de téléphoner à mon directeur ; il n’<strong>au</strong>ra pas besoin de moi avant lundi.<br />
Tina passera également le week-end avec nous.<br />
Il se dirigea vers la fenêtre, jeta un regard <strong>au</strong>-dehors, puis traversa la piè<strong>ce</strong>, les deux<br />
mains dans ses poches. Un rapide coup d’œil sur les rayons de la bibliothèque et, quelque<br />
peu gêné, il reprit la parole sur un ton saccadé :<br />
— Savez-vous, père, que j’apprécie tout <strong>ce</strong> que vous avez fait pour moi. Je me suis rendu<br />
compte, enfin, combien j’ai été ingrat envers vous.<br />
— Il n’est pas question de gratitude : vous êtes mon fils, et je vous ai toujours considéré<br />
comme tel.<br />
Une courte hésitation et le jeune homme ajouta, avec précipitation :<br />
— À propos, savez-vous <strong>ce</strong> que je voudrais faire – et j’y pense sans <strong>ce</strong>sse ? Eh bien !<br />
ac<strong>ce</strong>pter un emploi dans une grande compagnie pétrolière, sur le golfe Persique. Ce genre de<br />
travail <strong>au</strong>quel ma mère avait pensé, mais, à l’époque, je n’avais rien voulu entendre.<br />
J’entendais voler de mes propres ailes !<br />
— À l’âge que vous aviez alors, vous haïssiez l’idée qu’une <strong>au</strong>tre personne pût choisir à<br />
votre pla<strong>ce</strong>.<br />
— Exact, admit Micky. Je comprends que j’ai toujours été un enfant récalcitrant. La<br />
situation qu’on m’offre a trait <strong>au</strong>x transports routiers ; il s’agit du contrôle des convois.<br />
Vraiment un poste important.<br />
— Vous n’ignorez pas que, si, à un moment donné, vous avez besoin d’une aide<br />
financière, d’acheter une participation dans une affaire qui en vaille la peine, l’argent est là, à<br />
votre disposition, grâ<strong>ce</strong> <strong>au</strong>x syndicats créés dans <strong>ce</strong> but.<br />
— Je vous remercie, père, mais je ne veux pas vivre à vos crochets.<br />
— Erreur, Micky. L’argent est à vous, et il en va de même avec les <strong>au</strong>tres enfants. J’ai<br />
simplement le pouvoir de l’allouer à un moment donné, et dans <strong>ce</strong>rtaines circonstan<strong>ce</strong>s. Ce<br />
n’est nullement mon argent que vous re<strong>ce</strong>vriez.<br />
— Celui de ma mère, alors ?<br />
— Plus exactement <strong>ce</strong>lui qu’elle a affecté <strong>au</strong>x syndicats, constitués il y a plusieurs années<br />
déjà.<br />
— Dans <strong>ce</strong>s conditions, je n’en veux pas ! Impossible, compte tenu de tout <strong>ce</strong> qu’il se<br />
passe actuellement.<br />
Le regard acéré de son père le fil rougir.<br />
— Ce n’est pas <strong>ce</strong> que je voulais dire… murmura-t-il, hésitant quelque peu. Le fait est que<br />
j’entends me tirer d’affaire tout seul !<br />
— Soit. Mais, Micky, si vous changez d’avis, les fonds seront à votre disposition.<br />
— Merci, père. Très chic de votre part, de me comprendre. Mieux, de ne pas chercher à<br />
approfondir. Je désirerais m’expliquer plus clairement. Voyez-vous, je ne veux pas profiter<br />
de… je ne puis ac<strong>ce</strong>pter… Au diable ! Il est trop difficile d’en parler !<br />
On frappa à la porte. Ou, plutôt, <strong>ce</strong>lle-ci résonna, comme sous l’effet d’un choc.