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CHAPITRE XVI<br />
— Je ne veux pas rentrer à la maison, pour le moment, dit Philip avec quelque humeur.<br />
— Il n’y a vraiment <strong>au</strong>cune raison de prolonger notre séjour. Nous étions venus pour<br />
participer à une conféren<strong>ce</strong> avec Mr Marshall, et la poli<strong>ce</strong> nous a interrogés. Donc, rien ne<br />
nous empêche de partir.<br />
— J’ai l’impression que votre père est heureux de nous avoir <strong>au</strong>près de lui. Il lui plaît<br />
d’avoir un partenaire pour jouer <strong>au</strong>x échecs, chaque soir. Et du diable s’il ne me fait pas<br />
penser à un vrai magicien quand il dispute une partie ! Je n’arrive jamais à gagner.<br />
— Il n’<strong>au</strong>ra qu’à trouver quelqu’un d’<strong>au</strong>tre, répliqua Mary. Ne vous rendez-vous pas<br />
compte que je hais « Sunny Point » ?<br />
— Pour quelle raison ?<br />
— Pensez à <strong>ce</strong> qui s’est passé entre ses quatre murs…<br />
— Voyons, ma chère, vous n’allez pas me dire que vous êtes sus<strong>ce</strong>ptible d’avoir une crise<br />
de nerfs. Je suis même <strong>ce</strong>rtain que l’annon<strong>ce</strong> d’un crime ne ferait pas hérisser vos cheveux,<br />
et, pour ma part, j’estime qu’il est be<strong>au</strong>coup plus intéressant de rester sur pla<strong>ce</strong>.<br />
Elle semblait profondément choquée.<br />
Philip lui lança un rapide coup d’œil :<br />
— Je m’excuse, ma chérie. Peut-être me suis-je mal exprimé. Rien ne pourrait être plus<br />
charmant que notre home. Mais le fait demeure que j’ai besoin d’une diversion… Non, laissezmoi<br />
parler ! Ne croyez pas que je raffole de tous <strong>ce</strong>s petits jeux de salon, et de <strong>ce</strong>s<br />
innombrables inventions de la thérapeutique dont je suis comblé. Parfois, l’envie me prend<br />
de mordre. Et, dans <strong>ce</strong>tte maison, il y a quelque chose dans laquelle je veux planter mes<br />
crocs !<br />
Mary eut grand-peine à se maîtriser :<br />
— Seriez-vous encore hanté par <strong>ce</strong>tte idée à laquelle vous avez déjà fait allusion ?<br />
— La chasse <strong>au</strong> criminel ? Vous avez presque compris, Polly ! La vérité est que je meurs<br />
d’envie de le découvrir !<br />
— Et comment y parviendrez-vous ? Si quelqu’un a forcé la serrure ou trouvé la porte<br />
ouverte…<br />
— Décidément, vous vous en tenez à la version de l’homme venu du dehors. Eh bien ! elle<br />
ne tient pas debout. Certes, Marshall a présenté l’affaire sous le meilleur jour possible ; sans<br />
doute désirait-il nous aider à ne pas perdre contenan<strong>ce</strong>. Hélas ! personne ne croit à son<br />
exposé. N’aimiez-vous pas assez votre mère pour désirer savoir qui l’a tuée ?<br />
— À quoi bon ? Pendant deux ans, la culpabilité de Jacko nous a satisfaits…<br />
— Charmant ! répliqua Philip sur un ton mordant. J’estime, moi, que <strong>ce</strong>tte attitude est<br />
indéfendable. Oh ! je n’irai pas jusqu’à prétendre que la mort de votre mère m’a plongé dans<br />
le désespoir et que je suis obnubilé par une irrésistible passion pour la justi<strong>ce</strong> intégrale. Il<br />
s’agit surtout de satisfaire ma curiosité – bien que, peut-être, il y ait une meilleure raison.<br />
— S’occuper de <strong>ce</strong>tte affaire ne mènera à rien de bon ! Philip, je vous en prie, partons !<br />
— À la vérité, il vous est possible de me véhiculer où bon vous semble, mais vous arrive-til<br />
parfois de vouloir me faire agir… comme je l’entends ?<br />
— Je voudrais pouvoir vous donner tout <strong>ce</strong> que vous pouvez désirer dans <strong>ce</strong> monde !