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maison. Qui la lui a donnée ?<br />
Il fit brusquement fa<strong>ce</strong> à Kirsten Lindstrom :<br />
— Vous, peut-être ?<br />
La gouvernante rougit d’indignation :<br />
— Certainement pas. Comment l’<strong>au</strong>rais-je pu ?<br />
— Où Mrs Argyle déposait-elle son argent ?<br />
— Dans un tiroir de son bure<strong>au</strong>, la plupart du temps.<br />
— Un tiroir fermé à clef ?<br />
— Peut-être le fermait-elle ainsi avant d’aller se coucher.<br />
Le regard de Huish se porta <strong>au</strong>ssitôt sur Hester :<br />
— Avez-vous pris les cinquante <strong>livre</strong>s dans le tiroir pour les donner à Jack ?<br />
— J’ignorais même qu’il y avait des billets de banque à <strong>ce</strong>t endroit. Et, admettant le<br />
contraire, comment <strong>au</strong>rais-je pu m’en saisir sans être vue par ma mère ?<br />
— Une ex<strong>ce</strong>llente occasion s’est présentée quand votre mère a rejoint Mr Argyle <strong>au</strong><br />
premier étage.<br />
Le policier se demandait si la jeune fille soupçonnerait le piège et l’éviterait.<br />
Elle s’y laissa prendre sur-le-champ :<br />
— Mais à <strong>ce</strong> moment-là, Jacko était déjà parti. Je…<br />
Un arrêt brutal ; Hester semblait consternée.<br />
— Je constate que vous savez l’heure à laquelle votre frère est sorti de « Sunny Point »,<br />
dit le policier.<br />
Cette fois, la réponse fut rapide :<br />
— Je la connais maintenant, mais je l’ignorais alors. Ne vous ai-je pas dit qu’à <strong>ce</strong><br />
moment, je me trouvais dans ma chambre et que je n’avais rien entendu ? De toute façon, il<br />
ne me serait jamais venu à l’idée de donner quoi que <strong>ce</strong> soit à Jacko…<br />
— Qu’il me soit permis d’affirmer, interrompit Kirsten, rouge d’indignation, que si j’avais<br />
remis de l’argent à Jacko, c’eût été le mien. Je ne l’<strong>au</strong>rais pas volé.<br />
— Aucun doute à <strong>ce</strong> sujet, répondit Huish, mais vous voyez où tout <strong>ce</strong>la nous conduit : en<br />
dépit de <strong>ce</strong> qu’elle vous a affirmé (il se tourna vers Léo), Mrs Argyle a dû donner, elle-même,<br />
les billets à son fils.<br />
— Impossible à croire ! répliqua Léo. Pourquoi me l’<strong>au</strong>rait-elle dissimulé ?<br />
— Soyez persuadé, monsieur Argyle, qu’elle n’<strong>au</strong>rait pas été la seule mère à cacher son<br />
indulgen<strong>ce</strong> à l’égard d’un fils.<br />
— Vous vous trompez, Huish ! Ma femme n’usait jamais de détours.<br />
— Mon impression est que, dans <strong>ce</strong> cas, elle a agi de la sorte, coupa Gwenda V<strong>au</strong>ghan. En<br />
fait, il ne peut en être <strong>au</strong>trement. Comme l’officier de poli<strong>ce</strong> l’a souligné, c’est la seule<br />
réponse à l’énigme.<br />
— Et, reprit Huish, posément, il nous f<strong>au</strong>t considérer l’affaire sous un angle totalement<br />
différent. Au moment de l’arrestation, nous pensions que Jack Argyle mentait : maintenant,<br />
nous avons la preuve que sa prise en charge par Calgary était réelle. Donc, ses explications<br />
<strong>au</strong> sujet des billets peuvent être également valables et, je le répète, il est plus que probable<br />
qu’il les a reçus des mains de sa mère.<br />
Il y eut un silen<strong>ce</strong>. Un silen<strong>ce</strong> oppressant. Soudain le policier se leva :<br />
— Il ne me reste qu’à vous remercier. Certes, les données sont encore vagues, mais qui<br />
sait…