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éellement responsable de ses actes.<br />
— Il va de soi qu’il ne l’était pas.<br />
Hester venait de parler. Le son de sa voix fit surs<strong>au</strong>ter Calgary qui, un moment, avait<br />
oublié la présen<strong>ce</strong> de la jeune fille, assise, derrière lui, sur le bras d’un f<strong>au</strong>teuil. Tout en se<br />
rapprochant de lui, elle soutint son regard :<br />
— Jacko a toujours été un terrible garçon, assura-t-elle, sur un ton presque confidentiel.<br />
Même enfant je veux dire quand il était en colère – il se saisissait du premier objet à portée<br />
de sa main et se précipitait sur nous…<br />
— Hester, ma chère, interrompit Argyle, visiblement peiné.<br />
Aussitôt, la jeune fille porta une main à ses lèvres, et son visage devint cramoisi. Puis,<br />
s’exprimant avec <strong>ce</strong>tte gêne que les jeunes éprouvent quand ils cherchent à s’excuser, elle<br />
murmura :<br />
— Il f<strong>au</strong>t me pardonner… j’avais oublié que je ne devais pas dire de pareilles choses…<br />
alors qu’il est… je veux dire alors que toute <strong>ce</strong>tte affaire relève du passé…<br />
— … Et est définitivement réglée, ponctua Leo Argyle. Je m’effor<strong>ce</strong>, nous nous efforçons<br />
tous, d’admettre que Jacko doit être considéré comme un malade, une erreur de la nature.<br />
Ne pensez-vous pas, docteur Calgary, que <strong>ce</strong>tte expression convient parfaitement ?<br />
— Non ! répondit <strong>ce</strong>lui-ci avec une promptitude dont il fut, lui-même, surpris.<br />
Un lourd silen<strong>ce</strong> s’ensuivit. Brutal dans sa rapidité, le démenti avait stupéfié le père et la<br />
fille. Soucieux d’atténuer le choc, Calgary voulut s’excuser :<br />
— Je suis désolé, mais la vérité est que vous ne pouvez pas encore comprendre.<br />
Leo Argyle semblait réfléchir. Soudain, il s’adressa à Hester :<br />
— Il serait préférable de me laisser seul avec Mr Calgary.<br />
La riposte fut immédiate :<br />
— Non ! Je veux tout savoir.<br />
— Cela sera sans doute très pénible.<br />
— Qu’importe, après tout, si Jacko s’est livré à d’<strong>au</strong>tres actes odieux ? Vous l’avez dit<br />
vous-même : il s’agit du passé, d’un passé dont nous ne devons plus nous préoccuper !<br />
Calgary crut bon de devoir intervenir :<br />
— Il n’est nullement question d’actes odieux. Au contraire…<br />
À <strong>ce</strong> moment, une porte s’ouvrit dans le fond de la piè<strong>ce</strong>, et la femme que Calgary avait<br />
vue sortir de la bibliothèque avant le début de l’entretien entra délibérément. Elle avait jeté<br />
un mante<strong>au</strong> sur ses ép<strong>au</strong>les et tenait un porte-documents dans une main.<br />
— Je me prépare à partir. Auparavant, puis-je vous être utile en quoi que <strong>ce</strong> soit ?<br />
demanda-t-elle à Argyle.<br />
Celui-ci hésita quelque peu. « Cet homme doit toujours prendre le temps de répondre »,<br />
pensa Calgary. Enfin, touchant du bras la nouvelle venue, Argyle se décida à faire les<br />
présentations :<br />
— Gwenda, voici le docteur Calgary… Docteur… Miss V<strong>au</strong>ghan qui…<br />
Un arrêt donnant l’impression d’un doute, puis il ajouta rapidement :<br />
— … Qui est ma secrétaire depuis plusieurs années. Veuillez vous asseoir, Gwenda. Le<br />
docteur est venu spécialement pour nous dire, ou nous demander quelque chose <strong>au</strong> sujet de<br />
Jacko.<br />
— Pour vous mettre <strong>au</strong> courant de <strong>ce</strong>rtains faits, tint à préciser Calgary. Et, sans vous en<br />
rendre compte, vous ne <strong>ce</strong>ssez d’accroître la difficulté de ma mission.