Forêts à caractère naturel
Forêts à caractère naturel
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Qu’est-ce qu’une forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
Nous n’avons pas abordé ici la gestion sylvicole qu’il convient<br />
pourtant, dans ce contexte, de considérer comme une «perturbation»<br />
(très souvent la plus importante) du fonctionnement <strong>naturel</strong> des<br />
forêts. S’agissant d’un point particulier et extrêmement important sur<br />
lequel l’action des gestionnaires est déterminante, nous lui avons<br />
consacré un chapitre distinct (§ 2.2.6).<br />
2.2.5 Les grands types de structures forestières en France<br />
Les structures observées dans les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
dépendent largement du régime de perturbation. Certaines résultent<br />
d’une «dynamique douce» où les perturbations, de faibles intensités,<br />
engendrent de petites ouvertures. D’autres sont modelées par des<br />
perturbations touchant de grandes surfaces («dynamique<br />
catastrophique»). La «dynamique douce» produit des structures<br />
«irrégulières» où des arbres de tailles variées sont intimement<br />
mélangés. La «dynamique catastrophique» génère des structures<br />
«régulières» avec des arbres de même âge sur de vastes surfaces<br />
(§ 2.2.2).<br />
Exemples de structures issues d’une dynamique «douce»<br />
LES FORÊTS MIXTES RICHES EN CHÊNE 56 :<br />
La dynamique des chênes, souvent en faible densité, se superpose<br />
et domine celle d’essences moins longévives (hêtre, charme, érable,<br />
tilleul, etc.) qui se renouvelleront plusieurs fois durant la vie d’un<br />
chêne. Du fait de sa grande longévité, quelques dizaines de semis par<br />
hectare et par siècle suffisent <strong>à</strong> assurer le maintien <strong>à</strong> long terme du<br />
chêne <strong>à</strong> la faveur de grandes trouées occasionnelles.<br />
LES FORÊTS ALLUVIALES À BOIS DUR 28,34 :<br />
Situées <strong>à</strong> la marge du lit majeur, ces forêts présentent une<br />
dynamique analogue au type précédent : le chêne pédonculé<br />
s’installe dès les stades pionniers générés par la dynamique fluviale<br />
et s’y maintient du fait de sa grande longévité. Il est accompagné par<br />
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Les grands herbivores, par leur action significative<br />
sur les processus de régénération,<br />
font partie intégrante de l’écosystème<br />
forestier et de sa dynamique. L’impact des<br />
grands herbivores, qu’ils soient sauvages<br />
ou domestiques (pâturage en forêt), entraîne<br />
de profondes modifications de l’écosystème<br />
forestier : modification de la flore et<br />
des réseaux trophiques, régénération limitée<br />
<strong>à</strong> certaines essences (abroutissement<br />
sélectif), déstabilisation physique (chablis)<br />
et fonctionnel de l’écosystème. Il est néanmoins<br />
faux de penser que leurs densités<br />
(et leurs impacts) sont systématiquement<br />
plus élevées aujourd’hui qu’elles ne<br />
l’étaient dans les forêts originelles. La<br />
diversité des espèces était alors bien plus<br />
grande (bisons, aurochs, tarpans) et les<br />
«dégâts», déplorés aujourd’hui, sont peut<br />
être bien inférieurs <strong>à</strong> ce qu’ils étaient jadis.<br />
L’image répandue de la grande forêt dense<br />
et uniforme du début du néolithique est<br />
d’ailleurs de plus en plus contestée par<br />
ceux qui lui préfèrent celle d’une forêt<br />
semi-ouverte (prés-bois, fourrés) 191 .<br />
Structures issues d’une dynamique «douce» :<br />
Forêt alluviale (Réserve <strong>naturel</strong>le d’Offendorf),<br />
Forêt mixte riche en chêne (Tronçay),<br />
(Photos : Bernard Boisson)<br />
Structures issues d’une dynamique «douce» :<br />
Forêt <strong>à</strong> fortes contraintes écologiques (Réserve <strong>naturel</strong>le<br />
Grand Ventron) et forêt mixte de montagne (Jura)<br />
(Photos : Bernard Boisson)<br />
Qu’est-ce qu’une forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
de nombreuses essences «post-pionnières» (frênes, ormes, tilleuls,<br />
érables, etc.) et pionnières (peupliers noirs ou blancs) qui se<br />
régénèrent dans de petites trouées initiées par la mort d’arbres ou<br />
par l’érosion lors de crues. L’inondation régulière est une perturbation<br />
indispensable au maintien de cette structure car elle empêche<br />
l’installation d’essences d’ombre (hêtre et charme) dont la<br />
colonisation engendrerait une fermeture importante de la structure.<br />
LES FORÊTS MIXTES DE MONTAGNE (HÊTRAIE SAPINIÈRE PESSIÈRE) 158, 124 :<br />
L’élément déterminant de ces forêts est la faculté des semis (de<br />
sapin et dans une moindre mesure de l’épicéa et du hêtre) de pouvoir<br />
attendre en sous bois pendant plus d’un siècle avant d’accélérer leur<br />
croissance <strong>à</strong> la faveur d’une trouée pour atteindre la voûte. La<br />
croissance d’un arbre est ainsi déterminée par sa situation et non par<br />
son âge. Ainsi un sapin âgé de 250 ans peut être «sénescent» s’il n’a<br />
connu qu’une courte phase d’attente ou «jeune» s’il est resté sous<br />
couvert.<br />
LES FORÊTS À FORTES CONTRAINTES ÉCOLOGIQUES :<br />
Du fait de fortes contraintes édaphiques*, climatiques et/ou<br />
biologiques, le peuplement est très clair. Chaque arbre est en<br />
croissance libre (pas de concurrence avec les voisins) et assure sa<br />
propre stabilité (arbre de fort diamètre, souvent peu élevé, avec de<br />
nombreuses branches basses). On rencontre notamment cette<br />
structure <strong>à</strong> l’étage subalpin (cembraies*, pessières) du fait de la<br />
rigueur du climat et sur éboulis ou en pied de falaise du fait de<br />
l’instabilité du substrat et de la chute de blocs.<br />
Structures issues d’une dynamique «catastrophique»<br />
Peuplements mono-spécifiques qui ont tendance <strong>à</strong> évoluer vers des<br />
structures «régulières», fermées, qui s’écroulent simultanément sur<br />
de grandes surfaces <strong>à</strong> la faveur de perturbations fortes (tempêtes,<br />
incendies). Certaines hêtraies collinéennes, pessières subalpines sur<br />
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