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Forêts à caractère naturel

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6<br />

Autres perspectives pour les gestionnaires<br />

Augmenter la nécromasse* totale<br />

Une méthode plus globale d’évaluer la quantité de bois mort <strong>à</strong><br />

restaurer dans une forêt exploitée consiste <strong>à</strong> comparer le volume (ou<br />

surface terrière*) total de bois mort entre la forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />

de référence et la forêt exploitée. On ne tiendra plus compte ici du<br />

diamètre des arbres morts car les arbres morts de faibles diamètres<br />

ayant une contribution négligeable en terme de nécromasse* (surface<br />

terrière* de 100 arbres de 5 cm de diamètre égale <strong>à</strong> celle d’un arbre<br />

de 50 cm), ce sont les arbres morts de gros diamètres qui devront de<br />

fait être conservés en priorité. Cette approche est plus pratique que<br />

la précédente car elle permet plus de souplesse dans le choix des<br />

arbres <strong>à</strong> conserver, tous les diamètres n’étant pas toujours présents<br />

dans une forêt exploitée.<br />

Objectif «Nécromasse»<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

Augmenter le taux de recrutement de bois mort<br />

Lorsque l’objectif est d’atteindre un certain volume de bois mort et<br />

non de restaurer une fraction de la nécromasse de référence (deux<br />

approches précédentes), il est possible d’estimer le volume de bois<br />

mort qu’il convient de conserver sur place annuellement en fonction<br />

des taux de décomposition des essences et de la station (Tab. p.85).<br />

Il s’agit donc simplement d’une déclinaison de la première figure du §<br />

84<br />

Surface terrière cumulée des arbres morts en m 2/ha<br />

0<br />

1 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100<br />

Classes de diamètres<br />

La dynamique du bois mort est suivie dans plusieurs<br />

réserves : comme ici dans la Réserve <strong>naturel</strong>le de la<br />

Massane (Photo : Olivier Gilg).<br />

Même dans les futaies régulières, la<br />

conservation d’arbres morts lors des<br />

coupes <strong>à</strong> blanc peut être bénéfique <strong>à</strong> certaines<br />

espèces. Ceci est particulièrement<br />

vrai dans les régions <strong>à</strong> perturbations fortes<br />

où l’habitat originel de certaines espèces<br />

menacées (chandeliers isolés et bien ensoleillés<br />

situés dans de grandes unités de<br />

régénération) est comparable <strong>à</strong> des arbres<br />

morts laissés sur pieds lors d’une coupe <strong>à</strong><br />

blanc 94 .<br />

Surface terrière* cumulée des arbres morts dans la<br />

hêtraie-sapinière <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> (trait gris) et exploitée<br />

(vert fonçé) de la Réserve <strong>naturel</strong>le du massif du Grand<br />

Ventron 65 . La nécromasse totale est 7 <strong>à</strong> 8 fois plus<br />

importante dans les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> et il faudra<br />

donc augmenter de 3 <strong>à</strong> 4 fois cette valeur en forêt<br />

exploitée pour atteindre l’objectif théorique des 50% (trait<br />

vert clair).<br />

En France, il est possible de multiplier en<br />

moyenne par 10 le volume de bois mort<br />

dans les forêts exploitées en consacrant<br />

10% seulement de l’accroissement annuel<br />

<strong>à</strong> la dynamique du bois mort (ce qui constitue<br />

un sacrifice d’exploitation de moins de<br />

10% puisque seul 60% du volume produit<br />

est prélevé).<br />

L’augmentation du taux de gaz carbonique<br />

dans l’atmosphère (§ 4.1.3) entraînant de<br />

plus une augmentation de la productivité<br />

de nos forêts, la conservation d’un tel volume<br />

de bois mort dans les forêts exploitées<br />

n’entraînerait donc pas de baisse de production<br />

par rapport aux volumes historiques<br />

de production.<br />

Forêt de Fontainebleau (Photo : Bernard Boisson).<br />

Autres perspectives pour les gestionnaires<br />

2.2.8 où le volume de bois mort <strong>à</strong> conserver chaque année (R) est :<br />

R = (Yg x k) / 100 ; Yg étant le volume moyen de bois mort (en m 3 ) que<br />

le gestionnaire souhaite atteindre et k le taux de décomposition<br />

annuel en %. Connaissant k pour ses essences et sa station, le<br />

gestionnaire peut ainsi aisément calculer le volume moyen annuel de<br />

bois mort qu’il devra laisser sur place pour atteindre ses objectifs.<br />

Pour un objectif de 15 m 3 de bois mort par ha 188 , le volume moyen de<br />

bois mort qu’il faudra annuellement laisser sur place sera ainsi de<br />

0,45 m 3 /ha lorsque k=3% ou 0,30 m 3 /ha pour k=2% (<strong>à</strong> titre comparatif,<br />

40-50 tonnes de bois mort par ha sont préconisées pour conserver la<br />

diversité en vertébrés de forêts alluviales australiennes dont la<br />

nécromasse* <strong>naturel</strong>le est proche de 100 tonnes/ha 117 ). En nous<br />

basant sur le taux de décomposition du bois mort (§ 2.2), on constate<br />

qu’il est possible d’augmenter par 10 le volume de bois mort dans les<br />

forêts exploitées françaises (volume qui est de 1,5 m 3 /ha 7 ) en<br />

«sacrifiant» moins de 10% de la productivité (qui est >5 m 3 /ha/an 7 ).<br />

Recrutement de bois mort (en m 3 /ha/an) <strong>à</strong> assurer en forêt<br />

exploitée selon l’objectif de restauration et le taux de<br />

décomposition (k) des essences<br />

Volume moyen de bois mort/ha<br />

que l’on souhaite restaurer<br />

Taux de décomposition annuel du bois mort (en %)<br />

1,5 2 2,5 3 3,5 4<br />

10 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4<br />

15 0,225 0,3 0,375 0,45 0,525 0,6<br />

20 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8<br />

25 0,375 0,5 0,625 0,75 0,875 1<br />

30 0,45 0,6 0,75 0,9 1,05 1,2<br />

40 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6<br />

50 0,75 1 1,25 1,5 1,75 2<br />

60 0,9 1,2 1,5 1,8 2,1 2,4<br />

70 1,05 1,4 1,75 2,1 2,45 2,8<br />

80 1,2 1,6 2 2,4 2,8 3,2<br />

90 1,35 1,8 2,25 2,7 3,15 3,6<br />

100 1,5 2 2,5 3 3,5 4<br />

150 2,25 3 3,75 4,5 5,25 6<br />

200 3 4 5 6 7 8<br />

300 4,5 6 7,5 9 10,5 12<br />

6.3.4 Réintroduire les espèces saproxyliques ?<br />

Quel que soit le succès des programmes de restauration, certaines<br />

espèces caractéristiques des forêts <strong>naturel</strong>les ne pourront recoloniser<br />

d’elles même les forêts restaurées. Certaines auront disparu de la<br />

région. D’autres, peu mobiles, seront incapables de coloniser le site<br />

depuis leurs populations les plus proches. Même la colonisation des<br />

champignons lignicoles, dont les spores sont pourtant disséminées<br />

sur de grandes distances, est improbable au del<strong>à</strong> de quelques<br />

centaines de mètres 177 (leur germination nécessitant la présence<br />

simultanée de deux spores).<br />

Certaines espèces devraient donc faire l’objet de réintroductions<br />

dans les forêts restaurées. Nous déj<strong>à</strong> cité un exemple d’inoculation<br />

de spores de champignons 140 , initialement réalisée <strong>à</strong> d’autres fins<br />

85<br />

6

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