Forêts à caractère naturel
Forêts à caractère naturel
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Qu’est-ce qu’une forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
tourbe, les forêts boréales (souvent régénérées par le feu) et les<br />
pinèdes de pin <strong>à</strong> crochet (exemple du Parc national suisse) sont dans<br />
ce cas. La régénération se fait le plus souvent par des espèces<br />
pionnières (mélèze dans les pessières et cembraies* subalpines,<br />
bouleau et tremble en contexte collinéen et boréal, saules en<br />
contexte alluvial, etc.) avant le retour des espèces des stades<br />
matures (voir également fin du § 2.2.2).<br />
2.2.6 La sylviculture <strong>à</strong> l’épreuve de la sylvigénèse<br />
Nous avons déj<strong>à</strong> attribué aux forêts <strong>naturel</strong>les <strong>à</strong> dynamique douce<br />
(dominantes en France) certaines caractéristiques : phases<br />
spécifiques (sénescence et déclin), biomasse élevée, cycle long<br />
(§ 2.2.2).<br />
En quoi les principaux modes de gestion pratiqués en forêt de<br />
production diffèrent-ils de ces caractéristiques ?<br />
• Dans les forêts exploitées en futaie régulière, les phases de<br />
sénescence et de déclin sont absentes et chaque stade ne compte<br />
qu’une phase. Après exploitation, la biomasse ligneuse atteint des<br />
valeurs proches de zéro. L’exploitation intervenant avant la maturité<br />
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Structures et gestion sylvicole<br />
Futaie régulière (forêt de Brocéliande), futaie irrégulière<br />
(Pyrénées Orientales), taillis (Aveyron) et forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong><br />
<strong>naturel</strong> (RB de Fontainebleau ; photos : Bernard Boisson)<br />
biomasse<br />
en m<br />
1200<br />
3<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
0<br />
1900 2000 2100 2200 2300<br />
biomasse<br />
en m 3<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
a) forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
Phase de déclin<br />
Phase de sénescence<br />
Phase optimale<br />
Phase initiale<br />
Phase de régénération<br />
0<br />
1900 2000 2100 2200 2300<br />
biomasse<br />
en m 3<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
Phase optimale<br />
Phase initiale<br />
b) futaie régulière<br />
c) taillis<br />
Phase initiale<br />
Phase de régénération<br />
0<br />
1900 2000 2100 2200 2300<br />
Modèles de succession des phases sylvigénétiques<br />
selon le type de gestion<br />
Les futaies régulières (b) se distinguent des forêts <strong>à</strong><br />
<strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> (a) par l’absence de certaines phases, la<br />
brièveté des cycles et la chute brutale de la biomasse <strong>à</strong> la<br />
fin de chaque cycle. Les taillis (c) ont des cycles encore<br />
plus courts, une phase unique et des niveaux de<br />
biomasse très faible compte tenu de la brièveté des<br />
rotations.<br />
LES FORÊTS À CARACTÈRE NATUREL À<br />
DYNAMIQUE DOUCE SE DISTINGUENT<br />
DES FORÊTS EXPLOITÉES PAR :<br />
• La durée totale du cycle (plus longue)<br />
• La biomasse importante (même lors de la<br />
phase de régénération) ;<br />
• La présence simultanée, <strong>à</strong> l’échelle de<br />
l’unité de régénération, de plusieurs<br />
phases (sauf pour le stade optimal)<br />
• la présence des phases de sénescence<br />
et de déclin et donc la forte nécromasse*.<br />
Qu’est-ce qu’une forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
du peuplement (200 ans dans notre exemple), les phases sont<br />
abrégées et la durée du cycle est plus courte (souvent moins de<br />
150 ans). Ce traitement sylvicole se rapproche de la dynamique des<br />
forêts <strong>à</strong> dynamique catastrophique mais en diffère par la brièveté<br />
des cycles (pas d’arbres très âgés) et les faibles niveaux de<br />
nécromasse en fin de cycle. Ces futaies couvrent plus de 45% de<br />
la surface forestière française.<br />
• Le taillis peut être assimilé <strong>à</strong> une futaie régulière <strong>à</strong> cycle encore<br />
plus court (15 <strong>à</strong> 30 ans) ; la phase optimale et celle de régénération<br />
sont absentes. La repousse des arbres est assurée <strong>à</strong> partir de<br />
cépées, seule la phase initiale est présente.<br />
• l’impact de la sylviculture dans les futaies irrégulières (5% des<br />
forêts françaises) est identique <strong>à</strong> celui décrit pour les futaies<br />
régulière. La seule différence réside dans la taille des unités de<br />
régénération (appelées «parquets» ou «bouquets»). De surfaces<br />
plus réduites (quelques dizaines ou centaines de m 2 ) que dans les<br />
futaies régulières, ces coupes auront un impact écologique limité<br />
car les distances que devront notamment parcourir les espèces<br />
strictement forestières pour retrouver le couvert nécessaire <strong>à</strong> leur<br />
survie seront plus courtes. Les espèces <strong>à</strong> faible mobilité ne<br />
pouvant survivre que si la continuité spatio-temporelle de leur<br />
micro-habitat est assurée <strong>à</strong> petite échelle (§ 5.4.2), elles se<br />
maintiendront donc mieux dans ces futaies que dans les futaies<br />
régulières.<br />
• les futaies jardinées sont exploitées «pieds par pieds» et l’unité de<br />
régénération correspond ainsi <strong>à</strong> l’«écotope» (§ 2.2.1). Le fait d’avoir<br />
des arbres d’âges très différents sur de petites surfaces confère <strong>à</strong><br />
ces forêts une structure rappelant celle des forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong><br />
<strong>naturel</strong> <strong>à</strong> dynamique très douce (certaines stations <strong>à</strong> fortes<br />
contraintes). Bien que salutaire pour de nombreuses espèces, la<br />
présence continue d’arbres peut être néfaste pour d’autres<br />
(héliophiles*) et l’appréciation de la naturalité de ces forêts devra<br />
donc tenir compte du type de dynamique dominante dans la région<br />
considérée. Les futaies jardinées auront en effet un fonctionnement<br />
proche de celui des forêts <strong>naturel</strong>les dans les régions <strong>à</strong> dynamique<br />
très douce (versants protégés du massif vosgien par exemple), non<br />
dans les régions <strong>à</strong> dynamique catastrophique.<br />
• Il existe un dernier type de gestion regroupant plusieurs strates sur<br />
une même parcelle : le taillis sous futaie. Dans ces peuplements,<br />
bien répandus en France (chênaies), on tente de favoriser <strong>à</strong> la fois<br />
un étage d’arbres dominants (bois d’œuvre) et un sous étage de<br />
bois de feux (noisetiers, charmes, châtaigniers, etc.). La strate<br />
inférieure étant traitée en cépées, elle ne suit qu’une phase initiale<br />
contrairement aux arbres dominants qui eux suivent les trois<br />
phases de la futaie (régénération, initiale, optimale). L’originalité de<br />
ce traitement sylvicole, comparé aux forêts <strong>naturel</strong>les, réside dans<br />
le fait qu’on a superposition de deux unités de régénération de taille<br />
différente. Pour le taillis, l’unité de régénération aura généralement<br />
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