Forêts à caractère naturel
Forêts à caractère naturel
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Protéger les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
<strong>à</strong> la présence de forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> (1% des surfaces<br />
boisées), la «créance d’extinction» (nombre d’espèces en sursis<br />
dont la disparition est probable <strong>à</strong> moyen ou long terme) est estimée<br />
<strong>à</strong> 1000 espèces. La mise en place d’une gestion plus écologique<br />
des forêts et la restauration de forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> sur de plus<br />
vastes surfaces pourrait limiter ces extinctions compte tenu du<br />
«crédit d’espèces» (espèces qui pourront bénéficier de ces<br />
nouvelles mesures de gestion et de conservation : (1) espèces déj<strong>à</strong><br />
éteintes mais qui pourront recoloniser la région <strong>à</strong> partir de<br />
populations voisines et (2) espèces menacées de disparition faisant<br />
partie de la «créance d’extinction» mais qui, grâce <strong>à</strong> ces mesures,<br />
parviendront <strong>à</strong> se maintenir).<br />
Différentes mesures de gestion et de conservation ont été<br />
évaluées. Il apparaît clairement que pour sauver les espèces<br />
actuellement menacées d’extinction : (1) mieux vaut concentrer les<br />
efforts de gestion et de conservation dans certaines zones plutôt<br />
que de répartir les mêmes efforts de façon diffuse sur l’ensemble<br />
du territoire, (2) de meilleurs résultats sont obtenus si les forêts<br />
restaurées sont localisées <strong>à</strong> proximité des forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
encore existantes, ce qui facilite le retour des espèces menacées.<br />
4.3.4 Pour un réseau de forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
protégées<br />
Planifier l’établissement d’un réseau de forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
protégées n’est pas chose facile 167 . Un tel réseau doit tout d’abord<br />
être acceptable d’un point du vue social et économique. Pour qu’il<br />
soit pertinent d’un point de vue écologique, il doit ensuite répondre <strong>à</strong><br />
des critères scientifiques dont certains ont été exposés au chapitre<br />
précédent. Ces deux points de vue sont parfois très différents et<br />
nous ne pouvons présenter ici un «schéma de protection des forêts <strong>à</strong><br />
<strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong>». Nous pouvons néanmoins présenter les idées<br />
forces qui devraient être <strong>à</strong> la base d’une réflexion pour la mise en<br />
place d’un tel schéma.<br />
REPRÉSENTATIVITÉ : le réseau de forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> doit inclure<br />
tous les types d’habitats. En France, seules les forêts de montagne<br />
et les forêts alluviales sont bien représentées. Les forêts de l’étage<br />
collinéen, de plaine (non alluviales) et les forêts méditerranéennes<br />
sont sous représentées.Dans l’état actuel des réserves forestières<br />
(tableau p.52), on constate que les réserves <strong>naturel</strong>les couvrent de<br />
plus grandes surfaces et un plus grand nombre d’habitats forestiers<br />
que les réserves biologiques, pourtant plus nombreuses. Cet écart<br />
devrait néanmoins s’atténuer <strong>à</strong> l’avenir lorsque les objectifs de<br />
l’instruction sur les réserves intégrales de 1998 auront été atteints.<br />
Signalons également que les zones centrales des parcs nationaux<br />
abritent près de 100.000 ha d’habitats forestiers dans lesquelles les<br />
activités sylvicoles sont souvent réduites (<strong>à</strong> l’exception notoire du PN<br />
des Cévennes qui abrite <strong>à</strong> lui seul 60% de ces surfaces mais où les<br />
forêts, issues de reboisements, n’ont guère de «<strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong>») 190 .<br />
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Les formations <strong>à</strong> genévrier thurifère (Alpes, Pyrénées,<br />
Corse) sont des habitats rares et sous-représentés dans<br />
le réseau français d’espaces protégés<br />
(Photo : Bernard Pont).<br />
Protéger les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
PÉRENNITÉ : pour qu’il soit fiable et durable, le réseau doit s‘appuyer<br />
sur des mesures de protection fortes (§ 6.2) : réserve <strong>naturel</strong>le (RN)<br />
ou réserve biologique intégrale (RBI). Les réserves <strong>naturel</strong>les<br />
régionales et les plans d’aménagement forestiers (limités dans le<br />
temps) ne permettent pas de garantir la pérennité d’un réseau de<br />
forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> protégées.<br />
CONNECTIVITÉ : les questions de connectivité du réseau sont plus<br />
complexes car elles s’appuient sur l’écologie (variable) des espèces<br />
forestières. La connectivité entre deux sites sera par exemple<br />
appréhendée de façon différente selon qu’il s’agit d’assurer la survie<br />
d’un grand mammifère <strong>à</strong> mobilité importante ou celle d’un invertébré<br />
<strong>à</strong> mobilité réduite. Une des options souvent retenues consiste <strong>à</strong><br />
promouvoir simultanément :<br />
• la connectivité entre massifs en conservant ou restaurant des<br />
«corridors» boisés ;<br />
• la naturalité des massifs forestiers exploités en y appliquant des<br />
modes de gestion plus proches des conditions <strong>naturel</strong>les, en y<br />
conservant des arbres âgés, des arbres morts et/ou en y implantant<br />
des îlots de vieillissement (voir § 4.3.6) ;<br />
• l’établissement ou l’élargissement des surfaces de réserves<br />
intégrales, véritables «noyaux durs» du réseau. Pour les espèces<br />
strictement saproxyliques et peu mobiles, l’impact des deux<br />
premières mesures est limité. Pour ces espèces, c’est la<br />
connectivité de micro-habitats au sein même du noyau dur (par<br />
exemple entre arbres morts) qui devra être importante.<br />
FONCTIONNALITÉ : fixer les conditions d’un réseau fonctionnel est une<br />
question délicate. La fonctionnalité générale du réseau est garantie<br />
par la connectivité des habitats (voir ci-dessus). La fonctionnalité des<br />
sites et des habitats de ce réseau est au contraire conditionnée par<br />
leur taille et leur qualité (type de gestion). Plus un habitat est étendu<br />
et a une dynamique proche des conditions <strong>naturel</strong>les, plus il sera<br />
fonctionnel. Comme la naturalité, la fonctionnalité se mesure ainsi le<br />
long d’un gradient. Le choix sera donc souvent politique mais<br />
certaines réflexions scientifiques peuvent néanmoins nous aider <strong>à</strong> le<br />
rendre plus objectif (§ 4.3.5).<br />
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