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Forêts à caractère naturel

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La naturalité : utopie ou panacée écologique ?<br />

nos forêts nous permet au contraire de découvrir et dater l’impact<br />

des grandes perturbations anthropiques* de nos forêts :<br />

défrichements, plantations, introductions ou sélection de certaines<br />

espèces…<br />

3.4.2 Approches synchroniques<br />

Contrairement <strong>à</strong> la paléoécologie (comparaison d’un état historique<br />

avec l’état actuel), l’approche synchronique consiste <strong>à</strong> comparer l’état<br />

actuel de deux sites distincts ; l’un des deux, inexploité (depuis<br />

longtemps ou toujours), constituant la référence en terme de<br />

naturalité (§ 3.1). Disposer d’une telle forêt de référence est le cas le<br />

plus favorable pour le gestionnaire. En effet, il n’est plus nécessaire<br />

de faire appel <strong>à</strong> des informations du passé (incomplètes) ou <strong>à</strong> des<br />

prédictions futuristes (incertaines), il suffit de comparer les deux sites<br />

et cette comparaison (quantitative ou qualitative) peut être envisagée<br />

<strong>à</strong> tous les niveaux d’organisation (§ 3.4). Il est par exemple possible<br />

dans ce cas d’évaluer la naturalité en comparant :<br />

• la richesse des taxons* indigènes forestiers ;<br />

• l’abondance de certains taxons ;<br />

• la diversité structurelle (structure verticale pour les strates,<br />

horizontale pour les phases, mais également l’abondance du bois<br />

mort ; § 5.2.2) ;<br />

• la fragmentation forestière, les infrastructures, la fréquentation, etc.<br />

(voir exemples d’approches synchroniques au § 5)<br />

3.4.3 Catalogues des stations forestières<br />

Ces catalogues qui couvrent aujourd’hui la plupart des régions<br />

françaises peuvent être utilisées pour déterminer la naturalité des<br />

essences forestières. Ils font l’inventaire, pour tous types de sols,<br />

d’expositions et d’altitudes, des peuplements potentiels d’une région<br />

(en équilibre avec le milieu en l’absence de perturbations<br />

anthropiques*). Il est encourageant de noter que ces catalogues sont<br />

aujourd’hui souvent pris en compte lors de l’établissement des plans<br />

38<br />

La protection des dernières forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong>,<br />

même de taille réduite, est un enjeu de conservation<br />

majeur non seulement pour protéger les taxons* et<br />

structures originales qu’elles abritent (§ 4), mais<br />

également pour pouvoir disposer de sites de référence<br />

permettant d’évaluer la naturalité d’autres forêts par des<br />

approches synchroniques (Photo : B. Boisson).<br />

La naturalité : utopie ou panacée écologique ?<br />

de gestion des forêts exploitées (publiques et privées). Ces<br />

gestionnaires reconnaissent ainsi qu’un peuplement en équilibre avec<br />

son milieu <strong>à</strong> de meilleures potentialités sylvicoles (rendement) qu’un<br />

peuplement d’essences exotiques (<strong>à</strong> naturalité plus faible). Pendant<br />

longtemps, c’est le rendement <strong>à</strong> court terme (une ou deux rotations)<br />

qui dictait le choix des essences. Ce choix qui privilégiait les espèces<br />

<strong>à</strong> croissance rapide s’est souvent avéré être une catastrophe<br />

écologique et économique (moins bonne résistance des essences<br />

allochtones*, dégradation des sols, etc.) En privilégiant aujourd’hui<br />

des peuplements en équilibre, on favorise la gestion «durable» de la<br />

forêt (rendement <strong>à</strong> long terme).<br />

3.4.4 Modèles prédictifs<br />

Les modèles forestiers nous permettent de simuler la naturalité<br />

potentielle maximale d’une forêt (§ 3.1). En tenant compte des<br />

caractéristiques stationnelles, des espèces présentes, de leur<br />

biologie et de leur écologie («paramètres» du modèle), il est en effet<br />

possible de prédire l’évolution de la forêt sur une période donnée<br />

(abondance respective des essences, durée des cycles, taux de<br />

croissance, valeurs de biomasse et nécromasse, dynamique spatiotemporelle<br />

de la mosaïque sylvatique, etc. 98 ) Contrairement aux<br />

catalogues des stations (§ 3.4.3), ces modèles paramétriques ont une<br />

dimension dynamique : ils peuvent prendre en compte et ainsi tester<br />

l’impact (<strong>à</strong> différentes échéances) de la présence d’espèces<br />

introduites, de différents types de gestion sylvicoles, etc. Ils peuvent<br />

également intégrer les prévisions d’autres modèles (changements<br />

climatiques par exemple)<br />

Bien entendu, ces projections restent théoriques. Difficiles <strong>à</strong> tester<br />

(processus sylvigénétiques très longs in situ), ils ne font pas toujours<br />

l’unanimité et les gestionnaires hésitent avant de s’en inspirer. Ces<br />

modèles ne concernent par ailleurs que les espèces ligneuses et ne<br />

permettent donc pas d’évaluer la naturalité des autres composantes<br />

forestières.<br />

En plus de ces modèles «forêt», il existe de nombreux modèles<br />

spécifiques qui, partant des exigences écologiques d’une espèce,<br />

permettent de prédire l’évolution de ses populations 115 . S’il s’agit<br />

d’une espèce indicatrice inféodée aux forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong>, ces<br />

modèles permettent par exemple de calculer un degré de naturalité<br />

d’un site relatif <strong>à</strong> cette espèce.<br />

3.4.5 Approches empiriques<br />

Dans de nombreux cas, l’insuffisance des connaissances et des<br />

moyens limite la mise en œuvre d’études telles que celles<br />

présentées aux chapitres précédents. Certains préfèrent alors<br />

mesurer la naturalité forestière en utilisant d’autres approches plus<br />

empiriques 184 .<br />

39<br />

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