Forêts à caractère naturel
Forêts à caractère naturel
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Protéger les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
régénérer. Cette taille minimale varie en forêt selon le régime de<br />
perturbation dominant. Dans les forêts <strong>à</strong> «dynamique douce» (§<br />
2.2.5), la surface minimale dynamique de nombreuses espèces est<br />
inférieure <strong>à</strong> 100 ha et des réserves de quelques centaines d’ha<br />
permettraient donc <strong>à</strong> ces espèces de se maintenir. Dans les forêts <strong>à</strong><br />
«dynamique catastrophique» au contraire, des réserves de plusieurs<br />
dizaines de milliers de ha pourront encore être inférieures <strong>à</strong> la taille<br />
minimale nécessaire pour certaines espèces 144 . Certains modèles<br />
permettent d’estimer la taille minimale des réserves forestières en<br />
fonction de l’intensité et de la fréquence des perturbations 89 .<br />
Ces concepts peuvent nous aider <strong>à</strong> déterminer la taille minimale<br />
d’une réserve mais gardons bien <strong>à</strong> l’esprit qu’aucune réserve, même<br />
très grande, ne permettra jamais de sauvegarder tous les éléments<br />
de la biodiversité. Selon sa taille, une réserve permettra de<br />
sauvegarder des écosystèmes fonctionnels, des populations viables<br />
ou, lorsqu’elle sera trop petite, de simples individus.<br />
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Avec ses 6 ha en hautes eaux (dont 4 ha<br />
boisés), la Réserve <strong>naturel</strong>le de l’île de St<br />
Pryve St Mesmin est une des plus petites<br />
réserves françaises. Bien qu’elle soit riche<br />
en espèces (271 vertébrés, 505 espèces<br />
végétales) et d’importance internationale<br />
pour les oiseaux migrateurs, cette réserve<br />
est bien trop petite pour permettre la<br />
conservation d’une mosaïque sylvatique<br />
de boisements alluviaux. Les Réserves<br />
<strong>naturel</strong>les des Hauts plateaux du Vercors<br />
(16661 ha) et de la Haute Chaîne du Jura<br />
(10781 ha), couvertes <strong>à</strong> plus de 50% de<br />
forêts, sont par contre assez vastes pour<br />
permettre le maintien de populations<br />
viables d’un grand nombre d’espèces<br />
forestières.<br />
Réserve <strong>naturel</strong>le du Ravin de Valbois, Doubs<br />
(Photo : B. Boisson).<br />
Etablissement d’un réseau d’îlots de vieillissement :<br />
IDÉES FONDATRICES DES ANNÉES 1980 103,192,193 :<br />
• îlots de 1 <strong>à</strong> 5 ha ou composés de 50 <strong>à</strong> 100 vieux<br />
arbres de diamètre ≥ 45 cm,<br />
• distance entre deux îlots inférieure <strong>à</strong> 1 km,<br />
• surface totale des îlots : 2 <strong>à</strong> 3% de la surface totale<br />
du massif,<br />
• des surfaces plus grandes (≥ 25 ha) doivent être<br />
présentes sur le massif,<br />
• les îlots sont maintenus durant toute la durée du<br />
cycle sylvigénétique (phases de sénescence et déclin<br />
inclues) et ne sont pas exploités.<br />
PRÉCONISATIONS DU MANUEL D’AMÉNAGEMENT FORESTIER DE<br />
1997 49 ET DE LA NOTE RÉGIONALE DE L’ONF ALSACE DU 7 MAI<br />
2001 :<br />
• îlots mis en place dans les forêts de surface > 20 ha,<br />
• îlots de taille comprise entre 0.5 et 5 ha et constitués<br />
de gros ou vieux arbres,<br />
• toutes essences, habitats et stations concernés,<br />
• choix des zones <strong>à</strong> risques de chablis faibles,<br />
• surface totale des îlots : env. 3% (voire 5% dans<br />
certains cas) de la surface forestière,<br />
• 5 <strong>à</strong> 10% de la surface <strong>à</strong> régénérer seront recrutés en<br />
complément ou remplacement d’îlots disparus ou<br />
dépérissants lors des révisions des plans<br />
d’aménagement forestier,<br />
• les îlots ne sont pas des réserves intégrales ; il font<br />
l’objet de coupes d’amélioration, ils produisent du<br />
bois de qualité et les arbres sont récoltés sains,<br />
• l’âge de renouvellement est compris entre l’axe<br />
maximum d’exploitabilité économique et deux fois<br />
Protéger les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
4.3.6 Ilots de vieillissement : archipel de naturalité ou îles<br />
flottantes ?<br />
Depuis plusieurs années circule dans les cercles forestiers un<br />
serpent de mer nommé «îlots de vieillissement». Difficile d’en<br />
retrouver l’origine exacte mais dès les années 1980, certains<br />
s’intéressent <strong>à</strong> la question 103,192,193 . Conservateurs et sylviculteurs<br />
s’accordent pour admettre : d’abord qu’il serait bon d’avoir des<br />
parcelles de vieilles forêts <strong>à</strong> dynamique <strong>naturel</strong>le dans les grands<br />
massifs exploités, ensuite que l’obtention d’un réseau dense d’îlots<br />
de vieilles forêts ne pourra se faire uniquement <strong>à</strong> l’aide des outils de<br />
protection réglementaire existants.<br />
D’un point de vue écologique, l’intérêt d’un tel réseau est évident<br />
au regard de l’écologie des méta-population (§ 4.3.3) puisqu’il pourrait<br />
permettre le maintien d’espèces caractéristiques des forêts <strong>à</strong><br />
<strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> au sein de massifs exploités. Ces espèces sont<br />
notamment celles qui sont incapables de survivre dans une forêt qui<br />
serait totalement exploitée (absence de leur habitat particulier), et<br />
l’âge d’exploitabilité optimum,<br />
• une cartographie des îlots est dressée par forêt,<br />
• ces instructions régionales s’appliquent en forêt<br />
domaniale et sont proposées au propriétaire dans les<br />
forêts des collectivités.<br />
PRINCIPALES FAIBLESSES DE CES PRÉCONISATIONS PAR RAPPORT<br />
À L’ÉCOLOGIE DES MÉTA-POPULATION ET AUX EXIGENCES DES<br />
ESPÈCES SAPROXYLIQUES :<br />
• si ces mesures ne s’appliquent qu’aux massifs de<br />
grande taille (> 20 ha), la continuité forestière ne sera<br />
pas restaurée car c’est dans les paysages forestiers<br />
fortement fragmentés, l<strong>à</strong> où les massifs font moins de<br />
20 ha, que cette continuité est la plus faible ;<br />
• la distribution des îlots (par exemple moins de 1 km<br />
entre deux îlots 103 ) devrait être précisée pour éviter<br />
qu’ils soient tous localisés dans un secteur limité du<br />
massif ;<br />
• la proposition de «noyaux durs» 103 (par exemple 2% de<br />
la surface totale du massif pour un îlot de<br />
vieillissement de grande taille et 3% pour des îlots<br />
plus petits) devrait être retenue ;<br />
• s’ils continuent d’être exploités, ces îlots ne<br />
permettront que le retour de la phase optimale dans<br />
les forêts exploitées, pas celui des phases de<br />
sénescence et de déclin (§ 2.2) ;<br />
• si la localisation des îlots change sans cesse avec les<br />
nouveaux plans d’aménagements, ni la continuité<br />
spatiale, ni la continuité temporelle du réseau ne<br />
pourront être assurées, caractéristiques pourtant<br />
indispensables au maintien de nombreuses espèces<br />
(§ 5.4).<br />
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