Forêts à caractère naturel
Forêts à caractère naturel
Forêts à caractère naturel
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5<br />
Étudier les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
Analyses factorielles discriminantes et structures forestières<br />
-4<br />
0<br />
2<br />
4 6 8 10<br />
Réalisée <strong>à</strong> partir de 104 relevés de la Réserve <strong>naturel</strong>le du Grand<br />
Ventron, cette analyse intègre 3 variables pour les arbres vivants et<br />
3 pour les arbres morts (nombre de tiges, surface terrière* totale,<br />
surface terrière* de l’arbre le plus gros). Cette analyse nous fournit<br />
un indice de naturalité structurelle permettant de classer<br />
correctement 96% des placettes dans l’une des trois catégories<br />
de naturalité (forêts exploitées <strong>à</strong> gauche, <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> <strong>à</strong><br />
droite et forêt exploitées de façon occasionnelle et extensive au<br />
centre) 65 .<br />
Les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> sont caractérisées par leurs surfaces<br />
terrières* élevées de bois mort alors que les placettes exploitées<br />
se distinguent par leur nombre élevé d’arbres vivants et morts<br />
(ces derniers étant de faible diamètre).<br />
60<br />
-2,0 -1,0<br />
3<br />
2<br />
-1<br />
-2<br />
-3<br />
3,0<br />
2,0<br />
1,0<br />
0,0<br />
1,0<br />
1,0<br />
Le pouvoir discriminant des variables utilisées dans la Réserve<br />
<strong>naturel</strong>le du Grand Ventron est confirmée par l’application de cet<br />
indice de naturalité aux hêtraies de la Réserve <strong>naturel</strong>le de la<br />
Massane (fig. ci-dessus ; conditions stationnelles très différentes).<br />
Losanges : 10 placettes de hêtraies <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> en réserve<br />
intégrale ; cercles : 11 placettes exploitées en forêt domaniale<br />
mitoyenne (Gilg, O., Garrigue, J. & Magdalou, J.A., inédit).<br />
2,0<br />
3,0<br />
4,0<br />
5,0<br />
Reserve <strong>naturel</strong>le du Grand Ventron<br />
(Photo : Bernard Boisson).<br />
Lobaria pulmonaria, lichen (Photo : Bernard Boisson).<br />
Étudier les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
Surfaces terrières cumulées et biomasses<br />
2,0<br />
1,0<br />
1,0<br />
0,5<br />
0,0<br />
5<br />
Surface terrière moyenne (en m 2 ) par placette de 314 m 2<br />
Surfaces terrières cumulées totales (lignes pleines) et des arbres<br />
morts (lignes pointillées) des forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> (vert) et<br />
forêts exploitées (gris) de la Réserve <strong>naturel</strong>le du Grand Ventron 65 .<br />
La différence entre ces deux types de forêts est flagrante pour les<br />
gros arbres vivants et pour la nécromasse (8 fois plus élevée dans<br />
les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong>) qui n’est constituée dans les forêts<br />
exploitées que par de jeunes arbres.<br />
5.3.2 Le bois mort<br />
25 45 65 85 105<br />
Classes de diamètre (DBH)<br />
Plus de 20% des espèces forestières dépendent du bois mort 164 .<br />
L’absence des phases de sénescence et de déclin, riches en bois<br />
mort, est donc l’une des principales lacunes écologiques des forêts<br />
exploitées (§ 2.2).<br />
Dès les années 1960, l’intérêt du bois mort est mis en avant par les<br />
scientifiques 53,143 . Il faudra pourtant attendre les années 1980 pour voir<br />
apparaître les premières monographies consacrées <strong>à</strong> cet habitat<br />
particulier 78 et <strong>à</strong> ses hôtes 172 , ainsi qu’une réelle prise en compte de<br />
cette composante forestière dans les réflexions des conservateurs et<br />
gestionnaires.<br />
Sous réserve d’inventaires exhaustifs (incluant invertébrés,<br />
champignons, mousses, lichens et pas uniquement les vertébrés), la<br />
richesse spécifique des espèces forestières (dont les saproxyliques*)<br />
et la présence d’espèces rares sont plus importantes en forêt <strong>à</strong><br />
<strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> qu’en forêt exploitée. Ces différences s’expliquent<br />
par la dynamique particulière, les conditions plus stables et la plus<br />
grande abondance et diversité (espèces, diamètres, stades de<br />
décomposition) de bois mort dans les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong><br />
(jusqu’<strong>à</strong> 200 espèces dans une seule «chandelle»). Ce constat amène<br />
<strong>naturel</strong>lement les gestionnaires <strong>à</strong> vouloir augmenter les capacités<br />
d’accueil de leurs forêts exploitées pour les espèces saproxyliques.<br />
61<br />
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