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Forêts à caractère naturel

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Autres perspectives pour les gestionnaires<br />

peut parfois se régénérer <strong>naturel</strong>lement et empêcher le retour<br />

spontané des essences indigènes.<br />

La gestion active peut accélérer la conversion, notamment en levant<br />

ces blocages. Elle est par contre beaucoup plus coûteuse, porte<br />

atteinte <strong>à</strong> la naturalité anthropique* et est fortement tributaire de nos<br />

connaissances : l’optimum théorique <strong>à</strong> atteindre (une naturalité<br />

maximale ; § 3.1) n’étant pas défini de la même façon selon les<br />

gestionnaires. Pour éviter que la gestion active ne soit détournée <strong>à</strong><br />

des fins commerciales, il est impératif que les arbres abattus dans le<br />

cadre d’opérations de conversion soient laissés sur place (voir § 6.1.3).<br />

Dans les réserves <strong>naturel</strong>les, c’est la gestion passive qui est<br />

privilégiée. Seules les parcelles où les conditions sont défavorables <strong>à</strong><br />

un retour spontané et rapide d’une forêt <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> font<br />

parfois l’objet d’une gestion active.<br />

Lorsque la conversion concerne des forêts issues de plantations 100 ,<br />

une gestion active peut être justifiée. C’est l’ouverture de trouées de<br />

tailles variables qui est habituellement l’opération la plus efficace. Le<br />

nombre et la taille des trouées sont choisis en fonctions des valeurs<br />

observées dans des forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> de même type. En<br />

Europe tempérée, la majorité des trouées ont un diamètre de 0.5 <strong>à</strong> 2<br />

fois la hauteur des arbres adultes et ces trouées couvrent 10-15% de<br />

la surface de la forêt (de nouvelles trouées doivent être ouvertes tous<br />

les 10 <strong>à</strong> 15 ans pour conserver cette proportion). Il est conseillé de<br />

poursuivre les opérations de création de trouées jusqu’<strong>à</strong> ce que 50%<br />

de la surface initiale de la forêt soit convertie, les 50% restant étant<br />

entre temps arrivés <strong>à</strong> un âge et <strong>à</strong> un stade de fragmentation assez<br />

avancés pour que leur conversion se fasse <strong>naturel</strong>lement. Il est<br />

également important de répartir ces trouées de façon aléatoire sur<br />

l’ensemble du site.<br />

Aux Pays-Bas où la majorité des forêts est issue de plantations, de<br />

nombreuses études ont été consacrées aux méthodes de<br />

conversion «actives», méthodes dont l’évaluation est parfois<br />

réalisée grâce <strong>à</strong> des modèles de simulation de la dynamique<br />

forestière 98 (§ 3.4.4). Les principales conclusions de ces<br />

évaluations sont 100 :<br />

• l’éclaircie trop forte de la forêt entraîne une régénération trop<br />

importante sur l’ensemble du site et au lieu d’aboutir <strong>à</strong> une<br />

mosaïque d’unités d’âges différents (proche d’une mosaïque<br />

<strong>naturel</strong>le), la forêt restera relativement équienne*. Au début de la<br />

conversion, la canopée doit donc rester aussi fermée que possible<br />

et l’ouverture de trouées limitée <strong>à</strong> des unités de petite taille ;<br />

• la création de trouées de tailles variables est le meilleur moyen<br />

d’accélérer le développement d’une mosaïque sylvatique proche<br />

de la mosaïque <strong>naturel</strong>le ;<br />

• les trouées trop petites (moins de la moitié de la hauteur des<br />

arbres) sont rapidement refermées par l’extension des couronnes<br />

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Coupe de bois dans la forêt de Tronçais<br />

(Photo : Bernard Boisson).<br />

Autres perspectives pour les gestionnaires<br />

des arbres avoisinants et ont donc peu d’intérêt pour la<br />

régénération ;<br />

• compte tenu de la banque de graines présente sur un site,<br />

l’élimination d’essences exotiques qui régénèrent <strong>naturel</strong>lement<br />

est impossible si les travaux de conversion se limitent <strong>à</strong><br />

l’ouverture de trouées. Les arbres de ces essences devront être<br />

coupés (ou cernés-écorcés <strong>à</strong> la base pour produire des arbres<br />

morts sur pieds) avant l’ouverture des trouées. L’intervalle entre<br />

ces deux opérations dépendra de la durée de vie des semences<br />

dans le sol ;<br />

• l’établissement rapide d’espèces herbacées dominantes<br />

(fougère aigle, ortie, ronce) retarde la régénération et le<br />

développement d’une mosaïque d’unités d’âges différents ;<br />

• l’abroutissement peut également retarder la régénération des<br />

trouées. Cet abroutissement est d’autant plus fort que les trouées<br />

sont peu nombreuses.<br />

6.3.2 «Renaturer» les forêts exploitées<br />

Dans les forêts où l’exploitation se poursuit, la naturalité pourra<br />

également être augmentée (dans des proportions moindres).<br />

La restauration de peuplements irréguliers <strong>à</strong> partir de peuplements<br />

réguliers peut se faire sur la base des opérations de conversion active<br />

décrites au § 6.3.1. Ces mesures permettent d’obtenir une mosaïque<br />

sylvatique plus proche des conditions <strong>naturel</strong>les de nos régions<br />

(dynamique douce ; § 2.2.5) tout en continuant la commercialisation<br />

des arbres abattus lors de l’ouverture des trouées. Dans le jargon<br />

forestier, le gestionnaire aura simplement converti sa futaie régulière<br />

en une futaie irrégulière. En pratique, les futaies irrégulières sont<br />

souvent plus intéressantes que les futaies régulières car elles<br />

nécessitent moins de travaux sylvicoles (éclaircie), sont moins<br />

sensibles aux perturbations (tempêtes, attaques parasitaires) et sont<br />

plus fonctionnelles et donc parfois plus productives. Elles nécessitent<br />

par contre une technicité plus grande et des coupes plus fréquentes<br />

(car sur de plus faibles surfaces).<br />

Restaurer la mosaïque sylvatique consiste <strong>à</strong> restaurer une<br />

sylvigénèse proche du fonctionnement <strong>naturel</strong> de la forêt (§ 2.2). Les<br />

espèces dont la présence est tributaire de cette dynamique en<br />

profiteront mais d’autres, liées uniquement aux phases très âgées<br />

(absentes), y seront indifférentes. Pour ces dernières, la restauration<br />

devra être accompagnée par la mise en place de placettes<br />

inexploitées jusqu’<strong>à</strong> leur déclin et/ou par le maintien de quantités<br />

significatives de bois morts notamment de gros diamètres (§ 6.3.3).<br />

Par le passé, seules les forêts <strong>à</strong> <strong>caractère</strong> <strong>naturel</strong> permettaient <strong>à</strong><br />

ces espèces de se maintenir localement. A l’avenir, la création d’un<br />

réseau plus dense d’«îlots de vieillissement» et «d’îlots de<br />

sénescence» (§ 4.3.6) devrait permettre <strong>à</strong> certaines de ces espèces<br />

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