Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles (CRMSF)

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à fait les coins si charmants et si caractéristiques de nos
campagnes. Ils nous intéressent et nous émeuvent, ces
villages arriérés tant par leur pittoresque propre que parce
que nous savons qu'ils furent les témoins des souffrances et
des luttes de nos ancêtres! La guerre des Paysans, la misère
des Flandres en 1842 avec son cortège de famines et de
maladies et tant d'autres faits économiques, sociaux et
politiques, deviendront incompréhensibles lorsque le cadre
dans lequel ils se sont déroulés sera perdu et, qu'on ne s'y
trompe pas, ce cadre est formé en toute première ligne par
le milieu familial et professionnel, c'est-à-dire quand il
s'agit de paysans, par la maison elle-même.
» Nous déplorons avec raison que tant de traces du
passé soient irrémédiablement effacées. Quel plaisir nous
aurions de retrouver à Gand un quartier ayant gardé son
aspect du temps de Van Artevelde, ou si nous pouvions
visiter à Dinant les maisons des batteurs de cuivre! Nous
qui savons tout l'intérêt des témoins du passé, nous serions
impardonnables si nous ne préservions pas quelques habita-
tions rurales avec leur allure traditionnelle. Il est d'ailleurs
évident que, dans cent ans, un hameau où l'on verrait des
chaumières en torchis, avec les vieux instruments aratoires
et peut-être aussi un atelier de sabotier, de vannier ou de
cordier, aurait un charme archaïque incomparable et serait
aussi fréquenté que l'est à présent Rothenburg sur Tauber
ou l'île de Marken. L'intérêt sera encore fortement accru
si on réussit à y préserver un moulin à vent ou un moulin
à eau, ou un four banal.
» Quel est le genre de sites villageois qu'il importe de
préserver pour l'instruction des générations futures? Non