Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles (CRMSF)

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rue très longue de la droite inflexible, el il est très rare que
quelque disposition locale n'en offre le prétexte. Nous
aimons mieux deviner qu'une rue continue au delà d'une
inflexion que de la voir trop brusquement arrêtée par un
monument que l'on aperçoit longtemps à l'avance. Ce monu-
ment lui-même aurait produit un plus grand effet si, brusque-
ment, nous nous étions trouvé devant lui à bonne distance,
soit trois fois sa hauteur.
Les rues sinueuses des vieilles villes ont un charme qui a
été signalé plus d'une fois. Dans notre Esthétique des villes,
nous avons indiqué comment le hasard a merveilleusement
disposé les habitations le long de la vieille chaussée serpen-
tante qui est devenue le Marché-aux-Herbes el la rue de la
Madeleine, à Bruxelles. Grâce à ses sinuosilés, les maisons
ne se cachent pas dans les perspeclives effacées de la ligne
droite, des pans de façades apparaissent successivement.
A mesure que la pente se gravit, l'œil perçoit des blocs
superposés, el les déchiquetures des toits découpent le ciel
en zigzags étranges. Le même effet pittoresque peut s'obser-
ver à Bruges, rue des Pierres ; à Liibbeck, Breitslrasse.
Le dessinateur d'un plan de ville ne peut négliger ces
enseignements. Seulement, s'il courbe une rue, il doit
justifier cette fantaisie par la nécessité d'adoucir une pente,
le désir de respecter un vieil édifice, l'obligation de joindre
deux rues qui ne sont pas dans le même axe, mais dans la
même direction désirée.
Car un effet pittoresque artificiel manquera de naturel et
ne satisfera pas notre sens esthétique. Les irrégularités des
rues anciennes ne sont pas le résultat d'une pure fantaisie,
mais découlent de nécessités pratiques, de l'existence d'an-