Texte complet - Université de Liège
Texte complet - Université de Liège
Texte complet - Université de Liège
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Introduction au système <strong>de</strong> nomination <strong>de</strong>s serpents en grec ancien<br />
l’étaient pas moins 122 . L’anthroponyme Alciménès<br />
est attesté, à partir <strong>de</strong> l’âge classique, par<br />
<strong>de</strong>s textes littéraires 123 et documentaires 124 relatifs<br />
à la Grèce continentale et insulaire. Il l’est<br />
aussi dans la vallée du Nil 125 , où <strong>de</strong>s étourneaux<br />
hivernent, surtout dans le Delta 126 , et par où<br />
les grues transitent 127 en direction <strong>de</strong> leurs<br />
sites d’hivernage au Soudan et en Éthiopie 128 ,<br />
jusqu’en décembre pour les retardataires, soit<br />
encore dans la pério<strong>de</strong> où, la crue du fleuve se<br />
terminant vers la mi-novembre, elles survolent<br />
<strong>de</strong>s champs ensemencés <strong>de</strong>puis peu. L’époque<br />
<strong>de</strong> composition <strong>de</strong> l’épitaphe oblige à ne pas<br />
exclure a priori que les faits se soient passés (ou<br />
aient été imaginés par Antipater <strong>de</strong> Sidon) dans<br />
la vallée du Nil. En revanche, - indépendamment<br />
<strong>de</strong> la différence <strong>de</strong> formulation : locution<br />
« dipsas echidna » dans l’épitaphe, ophionyme<br />
« dipsas » pour désigner « l’assoiffante »<br />
égyptienne et africaine (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.1 :<br />
Ther., 334-342 ; <strong>de</strong>rnier paragraphe) -, le biotope<br />
ari<strong>de</strong> propre à celle-ci 129 s’oppose, sauf<br />
concours absolument exceptionnel <strong>de</strong> circonstances,<br />
à ce qu’elle ait mordu un fron<strong>de</strong>ur posté<br />
au bord d’un champ <strong>de</strong> l’une <strong>de</strong>s rives du Nil 130 .<br />
122. Babrios, 33, 5 ; Anonyme, AP, IX, 373, 5-6. Voir<br />
Thompson 1936 : 335 ; Pollard 1977 : 38-39 ; Arnott 2007 : 200.<br />
123. Par exemple : Xénophon, Hell., IV, 4, 7 (Alciménès <strong>de</strong><br />
Corinthe). Dans la tradition mythologique suivie par Diodore <strong>de</strong><br />
Sicile, IV, 54, 1 : Alciménès, l’un <strong>de</strong>s jumeaux <strong>de</strong> Jason et Médée.<br />
124. Exemples : IG, I 3 , 1032, IX, l. 423 : Alciménès du Pirée<br />
(Liste <strong>de</strong> marins, Athènes, v e siècle) ; II 2 , 1500, B 27, l. 31 :<br />
Alciménès (Liste <strong>de</strong> statues <strong>de</strong> bronze, Athènes, 340-330) ; etc.<br />
125. Rupprecht & Hengstl 2001 : 264, n° 15590, l. 13 (Liste <strong>de</strong><br />
clérouques, ii e siècle).<br />
126. Goodman & Meininger 1989 : 456 ; Cramp &<br />
Simmons 1994 : 241 ; cf. Miles 1998 : 199.<br />
127. Houlihan 1986 : 83-86 ; Vernus 2005 : 378-379, 771.<br />
128. Goodman & Meininger 1989 : 224-226 (je remercie<br />
C. S. Roselaar, University of Amsterdam, Zoological Museum<br />
Amsterdam, <strong>de</strong>s informations et commentaires additionnels qu’il<br />
m’a aimablement transmis [13/10/10], en me communiquant la<br />
référence à l’ouvrage cité) ; cf. Miles 1998 : 138.<br />
129. Voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.2.1 : « Biotope » ; ci-<strong>de</strong>ssous, 2.3.2.2.1<br />
[p. 100, 101], tableau 4 : « 2. Bio-écologie », « 5. Zoogéographie »<br />
(sur Cerastes cerastes, en particulier Baha el Din 2006 : 289).<br />
130. Voudrait-on situer la scène en Israël (axe NE-S <strong>de</strong><br />
migration <strong>de</strong>s grues), c’est-à-dire à l’extrémité asiatique <strong>de</strong> l’aire<br />
La référence aux cultes <strong>de</strong> la cité dans l’épitaphe<br />
<strong>de</strong> Smyrna (ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.2, n. 52) prouve que<br />
la stèle n’était pas une pierre errante et donc que<br />
l’envenimation responsable <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> la fille<br />
<strong>de</strong> Titus survint à Argos ou à proximité immédiate.<br />
Les mois d’août-septembre (célébration <strong>de</strong>s<br />
Karneia) sont <strong>de</strong> ceux où les vipères sont actives.<br />
La soif résultant <strong>de</strong> la déshydratation consécutive<br />
à la morsure <strong>de</strong> la vipère grecque commune<br />
est l’un <strong>de</strong>s symptômes mis en évi<strong>de</strong>nce<br />
par les iologues antiques, à commencer par Nicandre<br />
131 qui qualifie cette sorte <strong>de</strong> dipsios « assoiffant<br />
» quand il en parle sous son autre nom<br />
toxicologique : sēps « putréfie » usité au genre<br />
masculin 132 . Avec echidna 133 , l’ophionyme zoologique<br />
usuel (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 1.2.2.1, Encadré :<br />
B.a), l’épithète aurait été dipsas, soit les mots<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux épitaphes. Les facteurs <strong>de</strong> lieu et <strong>de</strong><br />
temps et la caractéristique exprimée par l’épithète<br />
confirment la conclusion (voir ci-<strong>de</strong>ssus,<br />
2.2.2 [Bodson]) que Smyrna à coup sûr et Alciménès<br />
le plus probablement ont été victimes <strong>de</strong><br />
la morsure <strong>de</strong> la vipère grecque commmune,<br />
qui est assoiffante, à savoir Vipera ammodytes<br />
meridionalis Boulenger 1903, la Vipère ammodyte<br />
ou Vipère <strong>de</strong>s sables ([p. 92], Fig. 1) 134 .<br />
<strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>s représentantes du genre <strong>de</strong> vipères en qui se<br />
reconnaît « l’assoiffante » afro-égyptienne (cf. , 25/09/10), l’objection serait la même. Là comme dans leur<br />
terra typica, elles ne sont pas <strong>de</strong>s serpents d’espaces cultivés.<br />
131. Nicandre, Ther., 239, 250, 253-255. Sur les troubles non<br />
spécifiques responsables <strong>de</strong> la soif dans le tableau du syndrome<br />
vipérin, voir Larréché et al. 2010a : 86-87.<br />
132. Nicandre, Ther., 147 (cf. Bodson 2009 : 64-67) ; ci-<strong>de</strong>ssous,<br />
2.3.2.1, n. 151 ; cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.1, n. 66.<br />
133. Nicandre, Ther., 232, cf. 209 (notice <strong>de</strong>s vipères en Grèce<br />
et en Asie dans le catalogue <strong>de</strong>s serpents) ; ci-<strong>de</strong>ssous, 2.3.2.1,<br />
n. 141.<br />
134. Bruno & Maugeri 1990 : 176-181 (ill.) ; Gruber 1992 :<br />
183-189 (ill.) ; Crnobrnja-Isailovic & Haxhiu 1997 ; David &<br />
Ineich 1999 : 328-330 ; Arnold & Oven<strong>de</strong>n 2002 : 235,<br />
285 (carte 190) et pl. 49, 3a-b ; Mebs 2002 : 257, fig. 3.73-74 ;<br />
Mallow et al. 2003 : 221-222 et pl. 14, 1-2 ; Heckes et al. 2005 :<br />
99-102 ; Herpetomania 2006, s. v. « Vipera ammodytes » :<br />
37 clichés dont 14 <strong>de</strong> V. ammodytes meridionalis par D. Hegner,<br />
Z. Špinka, O. Knobloch, P. Balej & D. Jablonski ; Valachos et<br />
al. 2008 : 406-409 et fig. 403-406 ; Phelps 2010 : 90 et fig. 94 ;<br />
444-448 et fig. 461-462, carte n° 76 ;