Texte complet - Université de Liège
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Introduction au système <strong>de</strong> nomination <strong>de</strong>s serpents en grec ancien<br />
(vers 5 : dipsas echidna) qu’il n’avait pas aperçue<br />
tandis qu’avec sa fron<strong>de</strong>, il écartait étourneaux,<br />
grues et autres oiseaux pillards <strong>de</strong>s champs<br />
ensemencés. L’autre a été relevée sur une stèle<br />
funéraire du i er /ii e siècle EC, découverte à Argos<br />
et aujourd’hui perdue 52 . Les quelques lacunes<br />
du texte n’empêchent pas d’apprendre que<br />
« Smyrna, fille <strong>de</strong> Titus » est morte prématurément,<br />
victime d’une « assoiffante vipère »<br />
(vers 4 : dipsas echidna), peu après (vers 2) les<br />
« sacrifices carnéens » 53 , alors qu’elle espérait <strong>de</strong><br />
nouvelles charges dans les cultes <strong>de</strong> la cité. Par<br />
ailleurs, Grégoire <strong>de</strong> Nysse (iv e siècle EC), né à<br />
Néocésarée, ville du royaume du Pont polémoniaque<br />
(aujourd’hui Niksar, province <strong>de</strong> Tokat,<br />
Turquie d’Asie), recourt à la même expression<br />
dans son commentaire à Ecclésiaste, 3, 8 (Le<br />
temps d’aimer, le temps <strong>de</strong> haïr). Il y oppose,<br />
d’une part, la soif, nécessité naturelle, et la soif<br />
pathologique due à la morsure <strong>de</strong> « l’assoiffante<br />
vipère » (dipsas echidna) 54 et, <strong>de</strong> l’autre, la « pure<br />
amitié » (l. 4) et le désir <strong>de</strong> séduction <strong>de</strong> la jeunesse,<br />
lequel est « maladie née <strong>de</strong> la morsure<br />
brûlante et venimeuse <strong>de</strong> l’âge » (l. 11-13).<br />
2.1.3. Dipsas ophionyme<br />
2.1.3.1. Nicandre, Ther., 125, 334<br />
En l’état <strong>de</strong> la documentation grecque et<br />
latine 55 , l’ophionyme toxicologique dipsas 56<br />
52. IG, IV, 620 ; cf. Peek 1955 : 270, n° 973. Comparer ci-<strong>de</strong>ssous,<br />
2.1.3.2.1, n. 95 : stèle funéraire d’une victime <strong>de</strong> la dipsas <strong>de</strong> Libua.<br />
53. Les Karneia, l’une <strong>de</strong>s fêtes d’Apollon en pays dorien, se<br />
célébraient au mois Karneios, c’est-à-dire août-septembre.<br />
Cf. Adler 1957 : 1991 ; Prehn 1957 : 1986.<br />
54. Grégoire <strong>de</strong> Nysse, In Ecclesiasten homilia, 8 (Alexan<strong>de</strong>r 1962 :<br />
421, l. 8-10). Comparer la secon<strong>de</strong> occurrence <strong>de</strong> dipsas dans<br />
l’œuvre <strong>de</strong> Grégoire <strong>de</strong> Nysse, In inscriptiones Psalmorum,<br />
8 (Mc Donough 1962 : 61, l. 14) : épithète métaphorique, à sens<br />
passif (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.1), <strong>de</strong> l’âme.<br />
55. Cf. TLL, V, 1910 : 1226, l. 59-75 ; ci-après, voir n. 74-76,<br />
79, 81, 84 ; 2.1.3.2.2 [p. 89], tableau 3 (Pline l’Ancien).<br />
56. Comparer Galien, De simpl. medic., I, 1 (Kühn, XII, 1826 :<br />
316, l. 2) : « dipsadas » ophionyme attribut <strong>de</strong> echidnas ; (316,<br />
l. 8-9 et 18) : ophionyme en apposition <strong>de</strong> echidnōn dans<br />
l’expression « le genos <strong>de</strong>s vipères dipsa<strong>de</strong>s » (voir ci-<strong>de</strong>ssous,<br />
2.1.3.2.1, n. 93 : Galien ; sur le nom en apposition, cf. Kühner &<br />
Gerth, I, 1898 : 282, § 406, 2) ; comparer De sympt. causis, I,<br />
apparaît dans les Theriaka <strong>de</strong> Nicandre. Des<br />
<strong>de</strong>ux occurrences qui y sont insérées, celle du<br />
vers 125 coïnci<strong>de</strong> avec la première mention<br />
d’une sorte (mo<strong>de</strong>rne : espèce) <strong>de</strong> serpent venimeux<br />
dans le poème. Ayant enseigné les remè<strong>de</strong>s<br />
préventifs et curatifs généraux (vers 21-117),<br />
Nicandre passe aux reptiles eux-mêmes (118-<br />
156). En guise <strong>de</strong> transition et <strong>de</strong> préambule<br />
au grand catalogue (157-482) où il en caractérise<br />
13 sortes ou groupes (mo<strong>de</strong>rne : espèces,<br />
genres), il alerte contre « la nocive morsure »<br />
<strong>de</strong>s serpents en été (121-123), saison où ils sont<br />
les plus actifs. Il débute en indiquant que, chez<br />
eux, la femelle est davantage redoutable (118-<br />
120 ; cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 1.2.2.2) et il poursuit avec<br />
l’exemple <strong>de</strong> la dipsas (125). Se fiant, à cet<br />
endroit, aux connaissances préalables du dédicataire<br />
Hermésianax (3) et, plus largement, <strong>de</strong>s<br />
auditeurs-lecteurs 57 , il omet tout détail <strong>de</strong>scriptif<br />
sur la sorte (mo<strong>de</strong>rne : espèce) qui est visée<br />
et avertit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux circonstances (l’une en <strong>de</strong>ux<br />
étapes) où, paraphrase Eutecnios, « elle <strong>de</strong>vient<br />
plus terrible à rencontrer pour l’être humain » 58 .<br />
Il s’agit <strong>de</strong> l’aboutissement <strong>de</strong> la reproduction :<br />
(124-125) « quand, avec ses petits tenus au<br />
chaud, elle repose à jeun, embusquée au fin<br />
7 (K., VII, 1824 : 135, l. 7) : echidna nom <strong>de</strong> catégorie « une<br />
vipère » (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 1.2.2.1, Encadré : A.a), restreint par le<br />
nom <strong>de</strong> la sorte (mo<strong>de</strong>rne : espèce) dipsas « c’était une assoiffante<br />
» ; cf. Oribase, Synopsis ad Eust., VI, 37, 3 (Rae<strong>de</strong>r 1926 :<br />
206, l. 9) ; Paul d’Égine, Epit. med., II, 52 (Heiberg, I, 1921 :<br />
121, l. 8-10 ; comparer ci-<strong>de</strong>ssous, 2.1.3.2.2, n. 104, 107,<br />
108 : dipsas non apposé et sans épithète) ; ci-<strong>de</strong>ssous, 2.1.3.2.2,<br />
n. 104 : [Manéthon] ; autres exemples du nom <strong>de</strong> la catégorie<br />
zoologique associé à celui <strong>de</strong> la sorte (mo<strong>de</strong>rne : espèce) : voir<br />
4.1.1.2 (Philouménos) avec n. 256. Dipsas seul : Galien, De antid.,<br />
I, 15 (K., XIV, 1827 : 90, l. 16) ; Ther. ad Pisonem, 8 (K., XIV,<br />
1827 : 234, l. 16 ; voir ci-<strong>de</strong>ssous, 4.2.1.2, n. 267) ; Artémidore,<br />
Onirocriticon, II, 13 (Pack 1965 : 128, l. 8) ; Eunape, Vitae sophistarum,<br />
VII. Maximus, 1, 11 (Giangran<strong>de</strong> 1956 : 42, l. 15) ;<br />
Fragmenta historica, 87 (Dindorf 1870 : 270, l. 29) ; avec épithète :<br />
Andromachos, (Thériaque <strong>de</strong> vipères), vers 12 (Heitsch 1964 : 62 ;<br />
source : Galien, De antid., I, 6 [K., XIV, 1827 : 33]) : « la sèche<br />
dipsas ».<br />
57. Jacques 2002 : LXIX-LXX ; Magnelli 2010 : 221-<br />
222 (Nicandre aurait été indifférent à la question <strong>de</strong> définir les<br />
<strong>de</strong>stinataires <strong>de</strong> son ouvrage).<br />
58. Eutecnios, Paraphrasis 118-127 (Papathomopoulos 1976 : 10,<br />
l. 19-11, l. 5 ; cf. Gualandri 1968 : 28, l. 11-22).<br />
ANTHROPOZOOLOGICA • 2012 • 47. 1. 81