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Texte complet - Université de Liège

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Introduction au système <strong>de</strong> nomination <strong>de</strong>s serpents en grec ancien<br />

Le premier témoignage qui place l’« immergeurdu-sable<br />

» à l’ouest du Nil, en Libua, provient<br />

<strong>de</strong> Lucain (Phars., IX, 715-716) 194 . L’hammodytes<br />

à « la couleur mimétique <strong>de</strong> sables brûlés<br />

» 195 ne reparaît pas sous ce nom dans la série<br />

<strong>de</strong>s sept sortes (mo<strong>de</strong>rne : espèces) <strong>de</strong> serpents<br />

qui enveniment mortellement <strong>de</strong>s soldats <strong>de</strong><br />

Caton, mais le contexte ne laisse pas <strong>de</strong> doute<br />

quant au risque que fait courir la morsure <strong>de</strong><br />

cette « bête libyque » 196 .<br />

Sur l’ammodutēs qu’il présente sans le localiser,<br />

Philouménos procure <strong>de</strong>s données (a : 22,<br />

1-2) naturalistes, (b : 22, 2-3) cliniques et (c :<br />

22, 4-7) thérapeutiques 197 . (a) Ce serpent ne<br />

dépasse pas la coudée, il a la couleur du sable, le<br />

corps marqué <strong>de</strong> points noirs, la queue dure et<br />

(littéralement) « déchirée (dieschismenēn) à partir<br />

du haut », les mâchoires assez larges. Certains<br />

l’appellent aussi kenchrias 198 , « le (serpent)-au-mil-<br />

194. Cf. Solin, 27, 33 (Mommsen 1895 : 123, l. 4) : « ammodytae »<br />

dans l’énumération par laquelle il achève l’évocation <strong>de</strong>s<br />

serpents <strong>de</strong> l’Africa avant <strong>de</strong> constater que « Le nombre <strong>de</strong>s<br />

types <strong>de</strong> mort est aussi élevé que celui <strong>de</strong>s (je souligne) noms <strong>de</strong><br />

serpents. », l’ophionyme étant non pas toxicologique, mais bioécologique<br />

(voir ci-après, n. 195 ; cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 3.1.2.1 : Gessner ;<br />

ci-<strong>de</strong>ssous, 4.3.3.2.2 ; 5.2.2) ; Isidore <strong>de</strong> Séville, Étym., XII, 4, 39 :<br />

reprise partielle <strong>de</strong> l’énumération <strong>de</strong> Solin et <strong>de</strong> sa conclusion ; en<br />

XII, 4, 30 : citation <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> Lucain par erreur dans l’article<br />

ophites ; cf. André 1986 : 156-157, n. 261.<br />

195. Cf. Diodore <strong>de</strong> Sicile, XX, 42, 2 : dans le récit <strong>de</strong> la<br />

traversée, en 308, <strong>de</strong>s espaces désertiques voisins <strong>de</strong>s Syrtes par<br />

l’armée d’Ophellas, la mort <strong>de</strong> plusieurs soldats qui avaient foulé,<br />

faute d’avoir pu les discerner, « certains <strong>de</strong>s serpents (opheis) (<strong>de</strong><br />

la région) que la couleur <strong>de</strong> leur peau, i<strong>de</strong>ntique à celle du sol,<br />

rendait invisibles. » ; comparer Apollonios <strong>de</strong> Rho<strong>de</strong>s, Arg., IV,<br />

1506 : mort <strong>de</strong> Mopsos mordu par un serpent (ophis) immergé,<br />

pour assurer sa thermorégulation en plein midi (1505-1506),<br />

dans les sables voisins du lac Triton (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.2.1,<br />

n. 84 : Isidore <strong>de</strong> Séville) ; sur l’envenimation par ce serpent, voir<br />

ci-<strong>de</strong>ssous, 4.3.3.2.5, n. 327. Exemples d’homochromie dans les<br />

déserts <strong>de</strong> sable ou <strong>de</strong> pierres et sable : cf. fig. 2, 3a-b, 5, 6.<br />

196. Voir ci-avant, n. 178 : Hésychios, L 947. Cf. Lucain,<br />

Pharsale, IX, 619-620.<br />

197. Philouménos, De ven. anim., 22 (Wellmann 1908a : 28,<br />

l. 15-29, l. 18 ; cf. 1908b : 381).<br />

198. Kenchrias est encore, « pour certains » (Philouménos, De<br />

ven. anim., 26, 1 [Wellmann 1908a : 32, l. 7-8]), doublet <strong>de</strong><br />

kenchrinēs, lequel a pour synonyme akontias (ibi<strong>de</strong>m, l. 10-11).<br />

La synonymie entre kenchrias et ammodutēs (22, 1 [ibi<strong>de</strong>m, 28,<br />

l. 19]) et le doublet qu’est kenchrias par rapport à kenchrinēs (26,<br />

let » 199 . Il se projette en avant, en s’étant enroulé<br />

sur lui-même, <strong>de</strong> façon terrible 200 . (b) Les symptômes<br />

<strong>de</strong> la morsure sont : vomissement, effusion<br />

à la blessure, gonflement (oidēma), peu après et à<br />

nouveau écoulement d’humeur ; lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la<br />

tête (karēbaria), défaillance (leipothumia), ainsi<br />

que, d’après l’expérience du mé<strong>de</strong>cin Érasistrate<br />

<strong>de</strong> Céos 201 , troubles hépatiques, urinaires, intestinaux<br />

qu’explique, à l’autopsie <strong>de</strong>s victimes, l’altération<br />

du foie, <strong>de</strong> la vessie et du colon 202 . L’issue<br />

fatale advient dans les trois à sept jours, elle est accélérée<br />

quand la morsure est due à une femelle 203 .<br />

(c) Les remè<strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong> plusieurs ouvrages<br />

sont, les uns, généraux, les autres plus spécifiques.<br />

Ces <strong>de</strong>rniers valent en outre contre les morsures<br />

1) ne permettent pas <strong>de</strong> conclure d’emblée, comme semble<br />

l’avoir fait Garofalo (1988 : 163), que ammodutēs est synonyme<br />

<strong>de</strong> kenchrinēs (voir aussi ci-après, n. 199, 202). L’aire zoogéographique<br />

du kenchrinēs <strong>de</strong> Nicandre, Ther., 458-482 (cf. ci<strong>de</strong>ssus,<br />

2.1.3.1, n. 66) est celle <strong>de</strong> l’asiatique Montivipera xanthina<br />

(Gray, 1849), la Vipère ottomane (Cattaneo 2001 : 172-<br />

173 [à Samothrace], reste à la découvrir à Lemnos où sa présence<br />

est plausible : Cattaneo, comm. pers. 02/02/2010 ; autres<br />

références : voir ci-<strong>de</strong>ssous, 4.3.3.2.3, n. 319). Les ophionymes<br />

dérivés <strong>de</strong> kenchros (« millet ») relèvent d’une étu<strong>de</strong> indépendante.<br />

Sur la polysémie et l’homonymie dans le lexique animalier,<br />

cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 1.1, n. 16.<br />

199. Aétios d’Amida, Libri med., XXV. De ammodite, aut cenchria<br />

(trad. Cornarius 1549 : 773) : « cenchrias, hoc est miliaris, ob<br />

caudae instar milii duritiem » (« cenchrias, c’est-à-dire ‘du-millet’,<br />

du fait que la queue est dure comme le millet »).<br />

200. Le texte ajoute : « <strong>de</strong> quoi il a aussi reçu un nom. ».<br />

L’autre synonyme que cette phrase fait attendre n’est pas<br />

connu (cf. Wellmann 1908a : 28, apparat ad l. 22). Sur la position<br />

décrite, cf. Saint Girons M.-Ch. (1994 : 163) : « le corps est plus<br />

ou moins ramassé en “S” dans sa partie antérieure pour permettre<br />

à l’animal <strong>de</strong> se détendre rapi<strong>de</strong>ment, la tête un peu soulevée et<br />

dirigée vers l’adversaire. » Sur la position <strong>de</strong> la tête, voir aussi ci<strong>de</strong>ssous,<br />

4.3.1.2 ([Aélius Promotus] ad n. 291).<br />

201. Érasistrate, fr. 280 (Garofalo 1988 : 163). Sur Érasistrate<br />

<strong>de</strong> Céos (première moitié ou vers le milieu du iii e siècle),<br />

cf. Nutton 2004 : 133-135 ; Scarborough 2008.<br />

202. Symptômes i<strong>de</strong>ntiques, avec référence à Érasistrate, à la<br />

suite <strong>de</strong> la morsure <strong>de</strong> la vipère kenchros : [Dioscori<strong>de</strong>], De iis<br />

quae virus, 15 (Sprengel, II, 1830 : 72). Dans ce témoignage (où<br />

n’apparaît pas l’ophionyme ammodutēs), Garofalo (1988 : 163)<br />

tient kenchros pour une variante <strong>de</strong> kenchrias.<br />

203. Sur la venimosité <strong>de</strong>s vipères femelles, voir ci-<strong>de</strong>ssus, 1.2.2.2.<br />

Sur la taille <strong>de</strong>s femelles <strong>de</strong> C. cerastes et <strong>de</strong> C. vipera supérieure à<br />

celle <strong>de</strong>s mâles, cf. 2.3.2.2.1 [p. 99], tableau 4 : « 1. Morphologie,<br />

taille » (Mallow et al. 2003).<br />

ANTHROPOZOOLOGICA • 2012 • 47. 1. 107

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