Texte complet - Université de Liège
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Bodson L.<br />
n. 205) disparues <strong>de</strong> son manuel, mais subsistant,<br />
dans d’autres. Les remè<strong>de</strong>s simples que<br />
rapporte Philouménos, sans émettre <strong>de</strong> restriction<br />
sur leur efficacité, alors que le pouvoir <strong>de</strong>s<br />
antidotes est parfois mis en doute ou même<br />
nié 311 , semblent, eux, correspondre au traitement<br />
d’une envenimation bénigne à modérée.<br />
Cependant, si les soins sont impuissants à la<br />
faire régresser 312 , le pseudo-Aélius Promotus,<br />
qui ne mentionne que <strong>de</strong>s symptômes à risque<br />
faible, est averti qu’il leur arrive d’empirer<br />
rapi<strong>de</strong>ment puisque la survie, écrit-il (voir ci<strong>de</strong>ssus,<br />
4.3.1.2, n. 291), est alors <strong>de</strong> cinq jours<br />
au maximum.<br />
Pour leur part, le pseudo-Dioscori<strong>de</strong> et Paul<br />
d’Égine produisent ensemble les <strong>de</strong>ux vocables<br />
toxicologiques additionnels <strong>de</strong> la dipsas : respectivement<br />
prēstēr et kausos, prēstēr et kausōn 313 ,<br />
l’explication du premier étant à dégager <strong>de</strong>s<br />
conséquences conjointes <strong>de</strong> la soif et <strong>de</strong> la « brûlure<br />
enfiévrante (kausos) » ou <strong>de</strong> la « brûlure intense<br />
(kausōn) ». L’hypothèse suivant laquelle les<br />
divergences entre les auteurs proviendraient <strong>de</strong>s<br />
ouvrages qu’ils ont consultés ou <strong>de</strong> l’usage qu’ils<br />
en ont fait est concevable, mais invérifiable. En<br />
revanche, - sur base du postulat que tous, donc<br />
aussi Philouménos et le pseudo-Aélius Promotus,<br />
parlent <strong>de</strong> vipères afro-égyptiennes 314 et<br />
sous réserve <strong>de</strong> compléments touchant l’envenimation<br />
par les Cerastes -, la confrontation <strong>de</strong>s<br />
témoignages incite à penser que Cerastes vipera,<br />
aujourd’hui réputée peu dangereuse, et Cerastes<br />
cerastes (sans cornes), lorsque ses morsures n’entraînent<br />
pas d’effets alarmants, seraient en cause<br />
dans le chapitre du prēstēr chez Philouménos.<br />
La secon<strong>de</strong>, quand le score <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong>vient<br />
maximal par l’envenimation ou, secondaire-<br />
311. Voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.2.2, n. 107. Cf. Philouménos, De ven.<br />
anim., 31, 3 (Wellmann 1908a : 35, l. 9-11) : « nous jugeons<br />
vain et superflu [à une exception près, ll. 11-13] <strong>de</strong> transcrire <strong>de</strong>s<br />
remè<strong>de</strong>s (à l’envenimation par le basiliskos) ».<br />
312. Voir ci-<strong>de</strong>ssus, 1.2.3 ; 2.3.2.2.2 (Schneemann et al.) : risques<br />
toujours possibles d’évolution sévère.<br />
313. Voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.2.2, tableau 2 ; 4.1.1.2 (kausōn) ;<br />
4.2.1.2 (kausos).<br />
314. Comparer ci-<strong>de</strong>ssous, 4.3.3.2.3 et 4.<br />
ment, par la surinfection (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.3.2,<br />
n. 231) ou l’allergie, serait à l’origine du pronostic<br />
négatif du pseudo-Aélius Promotus et<br />
responsable <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Nasidius (Lucain,<br />
Pharsale, IX, 790-804).<br />
4.3.3.2.3. [Aristote], Mirabiles auscultationes,<br />
130 (Giannini 1966 : 290, l. 882-883)<br />
Ayant à caractériser les mouvements <strong>de</strong> la<br />
mer à hauteur du promontoire <strong>de</strong> Rhégion,<br />
le rédacteur <strong>de</strong> Mirabiles auscultationes, 130,<br />
recourt à la comparaison avec <strong>de</strong>s « prēstēres »<br />
et « certains autres grands serpents » 315 pour ai<strong>de</strong>r<br />
ses auditeurs-lecteurs à visualiser le phénomène.<br />
Le libellé qui, dans son laconisme, leur<br />
était immédiatement intelligible confère aux<br />
prēstēres une taille <strong>de</strong> quelque importance. Les<br />
sources ne livrent pas d’indice sur <strong>de</strong> semblables<br />
« enfleurs-enflammeurs » 316 . Le témoignage<br />
pseudo-aristotélicien ne peut donc, au moins<br />
provisoirement, être interprété non pour une<br />
contradiction interne comme celle qui affecte<br />
la secon<strong>de</strong> occurrence d’Élien (voir ci-<strong>de</strong>ssous,<br />
4.3.3.2.5), mais faute <strong>de</strong> parallèles. De gran<strong>de</strong>s<br />
vipères, au venin agressif, ne manquent pas<br />
dans l’herpétofaune <strong>de</strong> l’Est méditerranéen :<br />
Macrovipera lebetina (Linné, 1758), la Vipère<br />
du Levant 317 , Macrovipera schweizeri (Werner,<br />
315. Voir ci-<strong>de</strong>ssus, 4.3.1.2. Cf. Apollonios <strong>de</strong> Rho<strong>de</strong>s, Arg.,<br />
IV, 151-153 : comparaison entre les anneaux du drakōn « (le)<br />
regard-fixant », gardien <strong>de</strong> la toison d’or (voir ci-<strong>de</strong>ssous, 5.2.3,<br />
n. 353), et l’enroulement d’une vague ; Denys le Périégète,<br />
Orbis <strong>de</strong>scriptio, 123-126 (Müller, II, 1887 : 110) : comparaison<br />
entre les replis d’un drakōn « (le) regard-fixant » et le tracé du<br />
golfe d’Issos (mo<strong>de</strong>rne : Isken<strong>de</strong>run Körfezi, province d’Adana,<br />
Turquie d’Asie).<br />
316. Voir ci-<strong>de</strong>ssus [p. 99-102], 2.3.2.2.1, tableau 4 (C. cerastes,<br />
C. vipera) ; 3.3.3.1 (C. gasperettii).<br />
317. Longueur moyenne : 80cm-1m selon les populations<br />
(maximum : jusqu’à 1m50, voire 2m14) ; distribution :<br />
Turquie (Anatolie orientale et méridionale), Syrie (NO), Liban,<br />
Jordanie occi<strong>de</strong>ntale, Chypre. Voir Bruno & Maugeri 1990 : 204-<br />
207 (ill.) ; Gruber 1992 : 205-207 (ill.) ; Leviton et al. 1992 :<br />
117 et pl. 24B-F , 202-203 ; David & Ineich 1999 : 322-323 ;<br />
Disi et al. 2001 : 333-335 et fig. 237-238 ; Mallow et al. 2003 :<br />
196, 199-200 (« Bite and Venom … a large snake with long<br />
fangs, and the severity of the bite may be due as much to physical<br />
trauma as to the chemical nature of the venom. ») et pl. 10.1-2 ;<br />
Ščerbak & Böhme 2005 : 25, 39 (« Gift ») ; Herpetomania 2006,<br />
128 ANTHROPOZOOLOGICA • 2012 • 47. 1.