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Texte complet - Université de Liège

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Introduction au système <strong>de</strong> nomination <strong>de</strong>s serpents en grec ancien<br />

3.3.3. Évaluation herpétologique et toxicologique<br />

3.3.3.1. Critères zoologiques<br />

En tant que nom d’une sorte (mo<strong>de</strong>rne : espèce)<br />

<strong>de</strong> serpent venimeux, ammodutēs désigne <strong>de</strong>s<br />

ophidiens <strong>de</strong>s déserts <strong>de</strong> sable et <strong>de</strong>s déserts <strong>de</strong><br />

pierres avec étendues ou dunes <strong>de</strong> sable. Ils sont<br />

signalés (voir 3.3.1.2 [p. 109], tableau 5) en Libua<br />

par Lucain et par le scholiaste <strong>de</strong> Nicandre,<br />

Ther., 490 b, qui insiste sur leur nombre 212 ; en<br />

Égypte, au nord du golfe <strong>de</strong> la Cité-<strong>de</strong>s-Héros<br />

(golfe <strong>de</strong> Suez) et dans le Sinaï par Strabon ;<br />

dans le désert allant <strong>de</strong> l’est <strong>de</strong> la Perse (Iran)<br />

à l’ouest <strong>de</strong> la Bactriane (Afghanistan) par la<br />

Lettre d’Alexandre à Aristote.<br />

Dans la zone égypto-libyenne, la systématique<br />

distingue trois espèces : les <strong>de</strong>ux afro-égyptiennes<br />

Cerastes cerastes, Cerastes vipera 213 et,<br />

très marginalement, l’asiatique Cerastes gasperettii<br />

Leviton & An<strong>de</strong>rson, 1967, le Céraste<br />

<strong>de</strong> Gasperetti. Celle-ci a avec C. cerastes une<br />

ressemblance si étroite qu’elle a été initialement<br />

classée en sous-espèce : C. cerastes gasperettii.<br />

Élevée dorénavant au rang d’espèce, elle<br />

est répartie en <strong>de</strong>ux sous-espèces. C. gasperettii<br />

212. Voir, 2.3.2.2.1 [p. 102], tableau 4 : « 6. Densité ». Pour<br />

ce qui est <strong>de</strong>s libues inoffensifs <strong>de</strong> Ther., 490 (comme pour les<br />

cinq autres sortes citées avec eux, 490-492), Nicandre s’en remet<br />

entièrement aux connaissances <strong>de</strong> ses auditeurs-lecteurs, mis<br />

à part la répétition intentionnelle <strong>de</strong>s biotopes (488-489), déjà<br />

énumérés (27-28 ; voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.1, n. 60) dans l’exposé<br />

introductif général (21-144), qui correspon<strong>de</strong>nt au paysage<br />

méditerranéen <strong>de</strong> la zone orientale eurasiatique. Quoi qu’en<br />

aient jugé certains Mo<strong>de</strong>rnes, dont Kádár (1978 : 46) : « may be<br />

Coluber florentulus, which is wi<strong>de</strong>ly distributed in North Africa » ;<br />

Touwai<strong>de</strong> (1997 : 183 ; 214, n. 122) : trad. « libica » avec rappel<br />

<strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong> Kádár ; Jacques (2002 : 40 ; 145, n. 51, 2) :<br />

trad. « libyens » ; « N. les aurait inclus par erreur dans sa liste,<br />

l’Ammodyte étant un Serpent très dangereux. », les libues <strong>de</strong>s<br />

forêts, bosquets, fourrés et combes, ne sont pas <strong>de</strong>s « immergeursdu-sable<br />

» (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.1.2, n. 175) à la façon spécifique <strong>de</strong>s<br />

Cerastes, seuls représentants <strong>de</strong> l’herpétofaune méditerranéenne<br />

à pénétrer verticalement dans le sable (en Asie centrale, voir ci<strong>de</strong>ssous,<br />

3.3.3.1.2, après appel <strong>de</strong> n. 224). Si l’unique ophionyme<br />

à connotation zoogéographique <strong>de</strong>s Theriaka est inspiré, <strong>de</strong><br />

manière brachylogique (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.1.2, n. 178 : Hésychios,<br />

L 945), par l’aptitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> serpents grecs et eurasiatiques à<br />

disparaître dans le sol, ils sont à chercher parmi les reptiles apo<strong>de</strong>s<br />

fouisseurs. Comparer les mo<strong>de</strong>s d’enfouissement <strong>de</strong>s psammodutai<br />

(voir ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.1.1, n. 172) que sont les taupes et les rascasses.<br />

213. Voir 2.3.2.2.1 [p. 101], tableau 4 : « 5. Zoogéographie ».<br />

men<strong>de</strong>lssohni est propre à Israël et à la Jordanie,<br />

tandis que C. g. gasperettii vit dans les déserts<br />

d’Asie occi<strong>de</strong>ntale, <strong>de</strong> l’Arabie à l’Irak, ainsi que<br />

dans une enclave au bord oriental du Sinaï, le<br />

long du golfe d’Akaba 214 . Taille, conformation<br />

et comportement n’en <strong>de</strong>meurent pas moins<br />

fort pareils à ceux <strong>de</strong> Cerastes cerastes (Mallow et<br />

al. 2003 : 131), couleurs et marquage étant<br />

adaptés au substrat (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.3.2.1,<br />

Fig. 3a-b et, ci-après, Fig. 5). Comme chez cette<br />

espèce, mais en nombre proportionnellement<br />

moindre (13 % ; Mallow et al. 2003 : 131), <strong>de</strong>s<br />

spécimens <strong>de</strong> Cerastes gasperettii n’ont pas <strong>de</strong><br />

cornes (Fig. 5).<br />

Avec ou sans cornes, ils ont la même capacité<br />

que les autres représentants du genre à s’immerger<br />

dans le sable (Young & Morain 2003). Si les<br />

peuples <strong>de</strong> l’Antiquité ont, ainsi que l’on peut le<br />

penser, repéré cette vipère (au bord oriental du<br />

Sinaï ou dans la péninsule arabe), ils l’ont assimilée,<br />

quand elle a ses cornes 215 , à kerastēs (le « cornu<br />

») 216 et, en est-elle dépourvue, à l’ammodutēs<br />

qu’ils voyaient, l’un et l’autre, en Libua et dans<br />

les déserts (occi<strong>de</strong>ntal et oriental) d’Égypte.<br />

L’hypothèse d’Aumont à propos du vers <strong>de</strong><br />

Lucain (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.2.2) n’est pas rece-<br />

214. Phelps 2010 : 65, fig. 54 ; 350-353 et fig. 364-368, dont<br />

367-368 sans cornes, carte n° 41 ; cf. Gruber 1992 : 175 ;<br />

Leviton et al. 1992 : 112-113, 206-207, fig. 5A et pl. 20D-H,<br />

sans cornes : 21B-C ; David & Ineich 1999 : 310-311 ; Disi<br />

et al. 2001 : 327-329 et fig. 233-234 ; Mallow et al. 2003 :<br />

131 ; Herpetomania 2006, s. v. « Cerastes gasperettii » : un cliché<br />

par D. Hegner ; Baha el Din 2006 : 286-287 ; (21/09/10).<br />

215. Cf. Spawls & Branch 1995 : 122, 124 (sur les similitu<strong>de</strong>s<br />

entre C. cerastes et C. gasperettii, lorsque les spécimens <strong>de</strong> l’une<br />

et <strong>de</strong> l’autre n’ont pas <strong>de</strong> cornes, et le risque <strong>de</strong> confusion qui en<br />

résulte là où, dans le Sinaï - comme dans la péninsule arabe -,<br />

leur distribution se chevauche).<br />

216. Première occurrence, en l’état <strong>de</strong>s sources, <strong>de</strong> kerastēs<br />

nom <strong>de</strong> vipère afro-égyptienne (cf. Hérodote, II, 74 : première<br />

caractérisation morphologique ; voir Bodson 2005 : 458 ;<br />

Asheri et al. 2007 : 289, 715) : Nicandre, Ther., 258, avec<br />

<strong>de</strong>scription morphologique comparative d’après echis (259 ; sur<br />

le masculin, voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.1, n. 63) ; toxicologie <strong>de</strong> kerastēs,<br />

voir ci-<strong>de</strong>ssous, 3.3.3.2, n. 232. Mo<strong>de</strong>rne : Cerastes cerastes (Linné,<br />

1758), la Vipère à cornes ou Céraste (voir ci-<strong>de</strong>ssus [p. 99-102],<br />

2.3.2.2.1, tableau 4). Sur kerastēs d’Asie centrale, voir ci-<strong>de</strong>ssous<br />

3.3.3.1.2, après appel <strong>de</strong> n. 224.<br />

ANTHROPOZOOLOGICA • 2012 • 47. 1. 111

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