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Texte complet - Université de Liège

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Introduction au système <strong>de</strong> nomination <strong>de</strong>s serpents en grec ancien<br />

4.3.3.2.2. Prēstēr indépendant <strong>de</strong> dipsas<br />

Lucain, Pline l’Ancien, Philouménos et le<br />

pseudo-Aélius Promotus, par l’entremise<br />

d’Aétios d’Amida 306 , traitent <strong>de</strong> la dipsas et du<br />

prēstēr sans établir entre eux <strong>de</strong> lien <strong>de</strong> synonymie<br />

(cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 4.3.1.2). Philouménos et<br />

le pseudo-Aélius Promotus sont muets sur la<br />

distribution géographique <strong>de</strong> ces vipères. Le<br />

contexte dans lequel Pline l’Ancien les évoque<br />

renvoie implicitement à la Libua. Lucain les<br />

situe explicitement dans le désert <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong><br />

Syrte, avec d’autres qui ont, certaines, <strong>de</strong>s<br />

noms zoologiques tels cerastae (716), hammodytes<br />

(716), certaines <strong>de</strong>s noms toxicologiques<br />

tels haemorrhois (709, 805), seps (723,<br />

764). S’ils représentaient autant <strong>de</strong> sortes <strong>de</strong><br />

vipères, comme Scarborough (1977 : 6) 307<br />

notamment l’a déduit, celles-ci excé<strong>de</strong>raient le<br />

nombre <strong>de</strong>s espèces vipérines <strong>de</strong> la Libye, soit<br />

Cerastes cerastes, Cerastes vipera 308 et Echis pyramidum<br />

Geoffroy Saint-Hilaire, 1827, l’Échi<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s pyrami<strong>de</strong>s ou Échi<strong>de</strong> caréné d’Égypte (qui<br />

n’est pas un serpent <strong>de</strong>s déserts <strong>de</strong> sable) 309 . La<br />

discordance entre « toxico-herpétologie » antique<br />

et inventaire mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’herpétofaune<br />

n’a pas <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment naturaliste. Elle tient à<br />

l’approche grecque et romaine du mon<strong>de</strong> animal<br />

selon laquelle plusieurs dénominations<br />

peuvent être décernées à une même sorte (mo<strong>de</strong>rne<br />

: espèce), leur utilisation obéissant au<br />

306. Pour mémoire, le chapitre du pseudo-Aélius Promotus sur<br />

la dipsas est perdu (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.1.2, ad n. 205). Voir ciaprès<br />

(col. <strong>de</strong> droite).<br />

307. Scarborough (1977 : 6) : « Somewhat muddled at best, these<br />

<strong>de</strong>scriptions of appearance, habits, habitat, or results of their bites,<br />

disguised in the names, can only suggest several species. ». Comparer<br />

Aumont (ci-après).<br />

308. Voir ci-<strong>de</strong>ssus [p. 99-102], 2.3.2.2.1, tableau 4.<br />

309. Gruber 1992 : 178-180 (ill.) ; Spawls & Branch 1995 : 127-<br />

128 (ill.) ; Schleich et al. 1996 : 542-544 ; David & Ineich 1999 :<br />

319-321 ; Mallow et al. 2003 : 175-187 (non ill.) ; Baha el<br />

Din 2006 : 293-295 et fig. 118 ; Herpetomania 2006, s. v. « Echis<br />

pyramidum » : 27 clichés par D. Hegner, O. Knobloch, S. Hakl,<br />

T. Mazuch, J. Lehký & D. Vašíček ; Phelps 2010 : 63, fig. 50 ;<br />

398-400 et fig. 414-416, carte n° 58 ; <br />

(15/09/2010).<br />

choix <strong>de</strong>s auteurs, peut-être par tradition ou<br />

par habitu<strong>de</strong> ou sous l’inspiration du moment,<br />

mais surtout en fonction <strong>de</strong> l’angle sous lequel<br />

ils traitent <strong>de</strong> leur matière 310 . Dans le cas <strong>de</strong> la<br />

dipsas, la terminologie est et zoologique, d’après<br />

<strong>de</strong>s caractères morphologiques, bio-écologiques<br />

et comportementaux (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 3.1-6), et<br />

toxicologique, d’après <strong>de</strong>s symptômes <strong>de</strong> l’envenimation,<br />

tous pourvus, aux yeux <strong>de</strong>s Anciens,<br />

<strong>de</strong> valeur diagnostique. En dépit <strong>de</strong> ce qu’a présumé<br />

Aumont (1968a : 103), les occurrences <strong>de</strong><br />

la Pharsale n’exprime pas la volonté du poète<br />

<strong>de</strong> multiplier les sortes (mo<strong>de</strong>rne : espèces) en<br />

répartissant entre elles les particularités d’une<br />

seule. Pour ce qui est <strong>de</strong>s ophionymes toxicologiques,<br />

ils reflètent la gamme <strong>de</strong>s réactions<br />

majeures (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 1.2.3) dont l’observation<br />

<strong>de</strong>s patients a instruit. Leur abondance est,<br />

au sujet <strong>de</strong> l’« assoiffante », dictée par « les types<br />

<strong>de</strong> mort » (cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.1.2, n. 194 : Solin)<br />

dus à son venin.<br />

Philouménos, qui cite kausōn comme synonyme<br />

<strong>de</strong> dipsas, et le pseudo-Aélius Promotus,<br />

qui <strong>de</strong>vait, dans son chapitre perdu sur l’« assoiffante<br />

» (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.1.2, ad n. 205),<br />

adopter la forme kausos à en juger par causus<br />

dans la traduction latine, seule publiée, d’Aétios<br />

d’Amida (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 4.2.1.2, n. 268),<br />

n’associent pas le prēstēr à « l’assoiffante ».<br />

Le premier a été dans l’impossibilité d’abor<strong>de</strong>r<br />

les aspects zoologiques et toxicologiques<br />

regardant l’« enfleur-enflammeur » en raison<br />

du silence <strong>de</strong> sa documentation (cf. ci-<strong>de</strong>ssus,<br />

4.3.1.2, après appel <strong>de</strong> n. 290). Celui-ci<br />

pourrait venir <strong>de</strong> ce qu’ils ont été insérés au<br />

chapitre <strong>de</strong> la vipère dipsas (voir ci-<strong>de</strong>ssus,<br />

2.1.3.2.1, n. 85, 88, 91). Quoi qu’il en soit,<br />

la <strong>de</strong>scription du prēstēr chez le pseudo-Aélius<br />

Promotus, concor<strong>de</strong> globalement avec<br />

celles <strong>de</strong> la dipsas (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 2.1.3.2.1)<br />

et <strong>de</strong> l’ammodutēs (voir ci-<strong>de</strong>ssus, 3.3.1.2, ad<br />

310. Cf. ci-<strong>de</strong>ssus, 1.1, ad n. 15. Comparer les conventions<br />

actuelles régies par le Co<strong>de</strong> international <strong>de</strong> nomenclature zoologique<br />

(,<br />

15/09/10) et les précautions néanmoins nécessaires pour prévenir<br />

les ambivalences (voir Dubois 2010).<br />

ANTHROPOZOOLOGICA • 2012 • 47. 1. 127

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