Texte complet - Université de Liège

Introduction au système de nomination des serpents en grec ancien
3.5.3. Évaluation herpétologique et toxicologique
Voir 2.3.2.2.1 [p. 99], tableau 4 : « 1. Morphologie,
conformation » ; ci-dessous, 5.1.3.1.
3.6. Melanouros (melavnouroı)
3.6.1. Les données
3.6.1.1. Étymologie et sens premier
Melanouros : zoonyme masculin composé de
l’adjectif melan- « noir » et de la racine de oura
« queue » (Chantraine 1999 : 680-681 ; 838), littéralement
: « noire-queue ». En l’état des sources,
melanouros 243 apparaît, à partir du vi e -v e siècle,
comme ichtyonyme 244 . Il est inspiré par la particularité
diagnostique, à savoir la tache noire sur
le pédoncule caudal, retenue par les Grecs pour
différencier le poisson que les modernes appellent
Oblada melanurus (Linné, 1758), l’Oblade 245 .
3.6.1.2. Melanouros ophionyme
L’ophionyme melanouros est l’un des synonymes
de dipsas dans les listes d’Élien et de (Sextus) Julius
Africanus (« d’après son apparence [idea] »)
ainsi que celles de leurs prolongateurs respectifs
246 . Les Anciens le justifient également
par la couleur noire qui marque la queue de
l’« assoiffante » soit entièrement 247 soit par
deux traits (selon Sostratos cité par Élien 248 ).
243. Phanias, AP, VI, 304, 3 : le féminin melanouris, -idos.
244. Épicharme, (Noces de Hébè) fr. 49 (Kassel & Austin 2001 :
40 ; source : Athénée, VII, 93, 313 D) ; cf. Strömberg 1943 :
22, 48, 55 ; Thompson 1947 : 159-160. En latin, voir De Saint-
Denis 1947 : 63-64.
245. (21/09/10).
246. Élien, Le propre des animaux, VI, 51 ; cf. Souda, D 1306 (Adler,
II, 1931 : 122, l. 22) ; [Zonaras], D, s. v. « Dipsas » (Tittmann,
I, 1808 : 522, l. 19) ; (Sextus) Julius Africanus, Cestes, III,
30 (Vieillefond 1970 : 247, l. 2) ; cf. Hippiatrica Cantabrigiensia,
71, 15 ([Oder &] Hoppe, II, 1927 : 208, l. 19) ; cf. ci-dessus
[p. 86], 2.1.3.2.1, tableau 1.
247. Schol. a Nicandre, Ther., 334 (Crugnola 1971 : 147, l. 4) ;
cf. Eutecnios, Paraphrasis 334-358 (Papathomopoulos 1976 : 20,
l. 9-11).
248. Voir ci-dessus, 2.1.3.2.1, n. 89. Souda, D 1306 (Adler, II,
1931 : 122, l. 20) mentionne les deux traits, non leur couleur. En
3.6.2. Interprétations et traductions modernes
3.6.2.1. Avant Linné
Mattioli (1554 : 705, l. 6, ad VI, 50 « Haemorrhous,
et Dipsas ») : « dipsas … on rapporte
qu’elle est appelée melanurus par certains.
»
Gessner (1587 : 42 r , l. 2, cf. l. 10, « De Dipsade
») : « Dipsas est dite … melanurus du fait de
sa queue noire (a nigra cauda) ».
Aldrovandi (1640 : 168 F, chap. III. « De Ammodite
») : mention de melanurus parmi les
synonymes transmis par Élien ; (214 G-215 A,
chap. VIII. « De Dipsade ») : « dipsas … melanuros
ayant la queue noire », avec rappel de
l’ichtyonyme homonyme.
3.6.2.2. Après Linné
Approche générale
TGL (V, 1842-1846 : 720 D-721 A) : « Dipsades
quoque serpentes melanouroi ».
Gossen & Steier (1921 : 530, l. 55) : « melanouros
(sehr charakteristisch für das Tier [= Avicennaviper
; voir ci-dessus, 2.2.2]) ».
Élien, Le propre des animaux, VI, 51
GEL (1940 9 : 1095) : « a kind of snake, perh. =
dipsas ».
Scholfield (1959 : 73) : trad. « black-tail » ; pas
d’interprétation herpétologique.
Bailly (1963 : 1243) : « sorte de serpent venimeux
».
Scarborough (1977 : 6) : trad. « black-tail » ; pas
d’interprétation herpétologique.
Montanari et al. (1995 : 1248) : « serpente velenoso
».
Leitz (1997 : 94, § 22) : trad. « der Schwarzschwänzige
» ; cf. ci-dessus, 2.2.2.
Zucker (2001 : 166) : trad. « queue-noire » ; pas
d’interprétation herpétologique.
(Sextus) Julius Africanus, Cestes,
III, 30
Vieillefond (1970 : 246) : trad. « la queue
noire » ; pas d’interprétation herpétologique.
dehors d’Élien et de la Souda, les sources passent sous silence et
l’une et les autres.
ANTHROPOZOOLOGICA • 2012 • 47. 1. 117